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Êtes-vous le profil bon élève ?

Le perfectionnisme, le respect des règles et des consignes à la lettre, l’efficacité au travail… telles sont les qualités du profil bon élève. Un profil n’arrive pas à se détacher de son envie d’être le premier de la classe. La gestion de ce profil peut être difficile du fait qu’il attend toujours la reconnaissance et l’encouragement. «Après tout, le responsable hiérarchique n’est pas censé remplacer un professeur ou un parent», souligne Imane Hadouche, coach, consultante RH et formatrice.

Êtes-vous le profil bon élève ?
Le bon élève devrait apprendre à aborder le monde en tant qu’adulte et découvrir les avantages de se libérer du besoin de reconnaissance et d’approbation.

Conseil : Qu'est-ce que le syndrome du bon élève ? 

Imane Hadouche
: Le syndrome du bon ou de la bonne élève est à ne pas confondre avec le syndrome de l’élève, qui lui, est relatif à la procrastination. Le profil «bon élève» désigne une personnalité coincée dans une attitude infantile et docile. Bien évidemment, le profil a des qualités indéniables : loyauté, sens du détail, dévouement, perfectionnisme, efficacité, respect des règles et consignes à la lettre… Malheureusement, au-delà des qualités humaines, la posture du «bon élève» s’avère être problématique et nuisible à la longue, pour les collègues, mais aussi pour la hiérarchie et pour lui-même. En effet, il a une soif intarissable de reconnaissance et d’encouragement, et il attend toujours sa récompense (qui remplacerait la première note pour le premier de la classe) sans la réclamer pour autant, tout en vivant la frustration de ne pas avoir de retours à la hauteur de ses attentes. Il fournit tellement d’efforts, souvent superflus et optionnels, voire surdimensionnés par rapport à la tâche, et bien évidemment, se fatigue pour des tâches ordinaires, et se sent déçu, quand les autres se contentent d’apprécier le résultat, sans faire l’éloge de ses efforts, qui au final, n’intéressent personne, et que personne ne lui a demandé de fournir. Étant perfectionniste, il fait et refait, s’attarde sur des détails insignifiants, ce qui peut le rendre lent en exécution, analytique et soigné, mais très lent. Son besoin d’être apprécié et approuvé par la hiérarchie, tout le temps, inlassablement, peut le rendre fatigant et difficile à gérer, après tout, le responsable hiérarchique n’est pas censé remplacer un professeur ou un parent, tout le monde est adulte dans cette relation. En manque d’appréciation, il peut vite se sentir frustré, et se transformer en personne aigrie et sans aucun enthousiasme. Habitué au respect aveugle de toute forme d’autorité, il attend toujours des consignes et ne prend pas d’initiatives. Il revient toujours pour demander des consignes et pour vérifier si son travail est approuvé. Cette docilité peut aussi faire de lui une victime toute désignée, pour subir pression et injustices, quand on sait qu’il n’a aucune capacité à se défendre ou à se révolter face à l’autorité. Enfin, «le bon élève» pose une vraie problématique quant au travail en équipe, puisqu’il est habitué, en tant que premier de la classe, à travailler tout seul, pour récolter les récompenses et les éloges tout seul et de manière personnelle. Il a du mal à s’intégrer dans une équipe, et a tendance à s’isoler, et à présenter son travail de manière nominative : la notion d’équipe est quasi absente dans son mode de fonctionnement. 

Quelles sont les conséquences de cette posture sur la performance et le bien-être du collaborateur en entreprise ? 

Un collaborateur qui se retrouve face à un profil «bon élève» peut se trouver rapidement épuisé, puisque le bon élève est extrêmement exigent vis-à-vis de lui-même et n’en attend pas moins des autres, omettant que nous n’avons pas tous le même rythme ni les mêmes capacités. Étant une personne perfectionniste, il peut faire r efaire la même tâche plusieurs fois, souvent pour des détails qui semblent sans importance, ce qui peut donner le sentiment aux collaborateurs, qu’il les harcèle et cherche à les épuiser. Le bon élève suit aveuglément les consignes, ce qui peut le rendre hermétique face aux prises d’initiatives et à la créativité, et cela peut freiner et frustrer tout collaborateur avec un tant soit peu d’ambition. Lui-même, étant religieusement respectueux et docile face aux règles et à l’autorité, il peut se montrer très ferme avec ses collaborateurs, à la limite de l’impitoyable des fois. Il est dans le contrôle, et a besoin de tout maîtriser, ce qui rend les relations tendues et ne facilite pas le quotidien. Le travail en équipe n’étant pas son fort, et étant rodé pour faire cavalier seul, ses collaborateurs peuvent avoir le sentiment d’être mis à l’ombre, et que le seul à avoir droit de briller et recevoir les honneurs pour leurs efforts conjoints, c’est lui et uniquement lui. 

Comment se libérer du complexe du bon élève ? 

Le meilleur moyen de dépasser ce mode de fonctionnement, reste un accompagnement personnalisé et adapté, qui commencerait par une vraie introspection et un travail sur soi axé sur les croyances et les attitudes. Le bon élève devrait apprendre à aborder le monde en tant qu’adulte. Ce qui veut dire qu’il devrait découvrir les avantages de se libérer de ce besoin de reconnaissance et d’approbation, qui bouffe son énergie et le freine dans sa carrière. Se réconcilier par la même occasion avec ses faiblesses, ses ratés, ses limites humaines et professionnelles. 

Quelles compétences faut-il développer pour se libérer de ce syndrome ? 

Dans ce cas précis, il ne s’agit pas du toit de compétences à développer, mais d’attitudes à adopter. Généralement, le bon élève est brillant à la base, c’est celui qui a toujours été premier de sa classe, et donc son problème n’est pas la compétence ou le savoir-faire, mais plutôt l’attitude et le savoir-être.

Apprendre à dire non serait aussi une astuce pour se libérer de ce complexe. Qu'en pensez-vous ? 

Apprendre à dire «Non» ce serait extrêmement utile, concernant l’aspect «docile» et «rangé dans le rang» de sa personnalité, mais ce n’est pas suffisant pour dépasser ses freins. Une fois qu’il a appris à dire non, il serait nécessaire qu’il sache exactement à quoi il veut dire «oui». 

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