Conseil : L’ergophobie ou la peur au travail, quelles en sont les principales causes ?
Comment se manifeste cette peur ?
Cette phobie peut s’exprimer de manière très différente : la peur de ne pas être à la hauteur des tâches confiées, de parler en public ou encore de devoir se socialiser avec les collègues de bureau est fréquemment retrouvée dans le discours des ergophobes. Pour certains, la crainte de rencontrer des clients agressifs va les conduire à fuir tout travail de front office. Pour d’autres, la crainte de devoir prendre des décisions et faire des choix les contraindra à refuser les évolutions professionnelles, même si leur environnement hiérarchique est convaincu de leurs capacités à occuper la fonction. Et rien ne sert de les raisonner, de leur dire que ça va passer après les premiers jours : on a bien dit que c’était des peurs irrationnelles !Quels moyens se donner pour y faire face ?
Lorsque ces peurs restent encore modérées, on peut «aménager» la situation redoutée pour s’exposer à ce qui fait peur en se sentant encouragé, soutenu. Par exemple, pour aborder un client difficile, on va demander à un collègue d’être présent à l’entretien, simplement en tant que soutien (on peut dire qu’il est un expert du problème). Mais on ne lui repasse pas le bébé. On fait le job et on échange ensuite à deux sur la situation. Progressivement, les réussites peuvent permettre de revenir à un mode de travail individuel.De la même façon, lorsqu’il est difficile de prendre la parole au cours d’une réunion, on peut se partager le travail avec un collègue. Si jamais il vous sent bloqué, il peut reprendre la main provisoirement pour vous laisser le temps de récupérer. On peut aussi créer des rituels : aller se détendre chaque matin à 10 h 30 avec un collègue que l’on apprécie autour d’un café, ou, au contraire, s’isoler pour «casser» la relation permanente avec des collègues ou des clients, sortir un magazine, ou regarder une vidéo apaisante, écouter une musique relaxante. Une autre technique est celle de la «récompense». Vous vous engagez à faire face à une situation difficile et lorsque vous l’avez fait, en fin de journée, vous vous offrez une séance de cinéma, un thé dans un endroit sympathique, ou un vêtement que vous convoitez depuis quelque temps.À partir de quel moment faut-il penser à consulter un spécialiste ?
C’est clairement lorsque la situation vous parait intolérable au quotidien, que chaque jour vous partez au travail la boule au ventre, que vous avez l’impression de vivre un enfer, que vous multipliez les tentations de congé maladie. Attention de ne pas tomber dans le piège. Plus vous fuirez les situations redoutées, plus dur sera le retour ! Consultez plutôt la personne qui pourra vous accompagner. Cela peut commencer par la méditation, les techniques de respiration, le yoga, la sophrologie, la médecine chinoise qui pourront aider efficacement des souffrances qui sont encore d’un niveau assez faible. En revanche, au-delà, consultez un psychologue, un thérapeute diplômé par une institution reconnue (et pas par la première école venue, qui «vend» des diplômes sans valeur). Informez-vous bien avant. Il y a beaucoup de pseudo-spécialistes qui chaque jour provoquent de vraies catastrophes humaines. Il y va de votre santé et de votre avenir !Propos recueillis par Nabila Bakkass
