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Huit astuces pour vaincre l’anxiété au travail

De nombreuses personnes font face aujourd’hui à l’anxiété en milieu professionnel. Elles ressentent une émotion forte et très souvent exagérée face à une situation précise, notamment lorsqu’il s’agit de prendre la parole en public, de mener la tâche jusqu’au bout ou encore de faire une demande à la hiérarchie. Le degré d’anxiété varie d’une personne à une autre et s’accentue avec le temps, d’où la nécessité d’une prise en charge. Le point avec Kawtar Kadiri, psychologue et psychothérapeute.

Huit astuces pour vaincre l’anxiété au travail
La réaction du cerveau et par conséquent du corps face à une anxiété exagérée et non traitée n’est évidemment pas congruente, puisque le danger n’est pas réel, mais perçu comme tel par une personne qui vit des états d’anxiété. Ph. Shutterstock

Conseil : Comment définir l’anxiété et quel est le processus mental qui déclenche cet état ?

Kawtar Kadiri :
L’anxiété est le fléau du siècle par excellence, de par la propagation d’une pression sociale qui s’étale sur tous les plans et qui semble attiser les convoitises, dans un monde régi par un seul mot d’ordre : la performance. Pour définir l’anxiété, il me semble important d’abord de la différencier de la peur qui est une émotion normale face à un danger réel. L’anxiété en revanche constitue une émotion exagérée face à un danger réel ou supposé, en vue d’endiguer les inquiétudes. L’anxiété se différencie aussi de la peur par le fait qu’elle constitue une menace plus diffuse, plus lointaine ou plus vague. De même, quand on parle de l’anxiété, on parle d’un «état-trait-trouble». En effet, le mot «état» fait référence à un état émotionnel transitoire caractérisé par un sentiment subjectif d’inquiétude concernant la vie quotidienne. Elle est dite «trait» du fait qu’il s’agit d’une prédisposition à percevoir certaines situations comme dangereuses ou menaçantes. C’est aussi un «trouble», vu la présence d’un certain nombre de symptômes qui définissent un trouble. Je souligne toutefois que c’est l’intensité et le fonctionnement de la personne qui va nous renseigner sur la nature pathologique ou pas de l’anxiété. Quand l’anxiété devient excessive, elle peut déboucher sur un trouble anxieux. La réaction du cerveau, et par conséquent du corps, face à une anxiété exagérée et non traitée n’est évidemment pas congruente puisque le danger n’est pas réel, mais perçu comme tel par une personne qui vit des états d’anxiété et donc de stress chronique favorisant la sécrétion d’hormones délétères pour la santé physique et mentale de la personne.

Quelles sont les conséquences de l’anxiété ?

Les conséquences de cette réaction sont nombreuses et s’expriment différemment d’une personne à une autre, en fonction du degré. Néanmoins, les réactions les plus courantes sont : la dépression majeure, la dysthymie, la dépendance, notamment à l’alcool et aux médicaments, la diminution du rendement au travail, la psychosomatisation, l’échec scolaire ou encore la démoralisation et l’épuisement. Je dirais que pour faire face à l’anxiété, il faut d’abord apprendre à la contenir et à canaliser son angoisse. L’idée est de mener ladite anxiété à se cristalliser à un degré favorisant l’adaptation et la résolution du problème plutôt que la panique et le chaos. Cela ne peut se faire sans revisiter le sens et l’intensité des inquiétudes qui sont à l’origine de l’anxiété, et ceci pour pouvoir gérer les réactions de fuite et d’évitement comportemental et cognitif exacerbant l’apparition et le maintien de l’anxiété pathologique.

Comment la gérer pour plus de performance au travail ?

• Prendre conscience de l’origine des manifestations pour pouvoir anticiper la réaction négative.

• Prendre du recul : on peut se sentir submergé, quand le stress prend de plus en plus de place, d’où l’importance de prendre du recul. L’idée est de se centrer sur le moment présent et se fixer sur ce qui est réel au lieu de se focaliser sur des pensées négatives qui relèvent plus de la projection que de la certitude. Par exemple : «si j’expose devant mes collègues, je vais avoir un blocage».

• Accepter la contrariété : il est impossible la plupart du temps d’avoir une prise sur toutes les situations que l’on subit, notamment un conflit avec quelqu’un, un rendez-vous annulé, etc.

• Éviter le perfectionnisme : ceux qui cherchent la perfection, se fixent des objectifs irréalistes et refusent les erreurs. Ils n’acceptent pas les faiblesses, ce qui se répercute négativement sur leur bien-être et sur leur rendement professionnel.

• Éviter la procrastination : repousser la prise de décisions, le traitement de certains dossiers… c’est une tendance à bannir absolument puisqu’elle favorise l’accentuation de l’anxiété.

• Retrouver le plaisir de la vie : un axe que beaucoup de collaborateurs oublient, mais il est extrêmement important.

• Éviter les sources d’anxiété, notamment le café, le thé, etc.

• Retrouver le sommeil.

Peut-on prévoir cet état ?

Nous ne pouvons pas prévoir en amont l’anxiété parce qu’elle est liée aux situations stressantes dont regorge notre quotidien et que nous ne pouvons pas toujours éviter. Nous pouvons plutôt apprendre à gérer ces situations et à les traiter pour réguler le taux d’anxiété. L’objectif thérapeutique est de repérer les réactions d’évitement déjà citées pour pouvoir mettre des mots et des images mentales sur les ressentis et donner du sens aux inquiétudes aux pensées négatives sous-jacentes. Le travail cognitif, comportemental transforme le cercle vicieux en cercle vertueux et diminue l’intolérance à l’incertitude et les réactions d’évitement qui caractérisent la personne anxieuse. Il est à noter que l’évitement est à bannir du fonctionnement puisque la personne, en fin de compte, crée elle-même la situation stressante, en renforçant les inquiétudes qui mènent à l’évitement en question. 

Propos recueillis par Nabila bakkass

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