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Les ingrédients de la qualité de vie au travail

Partant du principe qu’un salarié devient plus productif et plus performant lorsqu’il est épanoui, l’entreprise gagnerait à miser sur l’amélioration de la qualité de vie des collaborateurs. Or, contrairement à ce qu’on pourrait croire, cette démarche ne se réduit pas à l’organisation des tâches en entreprise, mais implique d’instaurer une dimension relationnelle basée sur la confiance mutuelle et la cohésion des équipes. Le point avec Houriya Cherif Haouat, coach certifiée HAMAC et directrice de développement à BMH Coach.

Les ingrédients de la qualité de vie au travail

Conseil : Quels sont les enjeux de la qualité de vie au travail aussi bien pour l’entreprise que pour les collaborateurs ?
Houriya Cherif Haouat :
Les entreprises font face aujourd’hui plus que jamais à un environnement économique complexe, à l’exacerbation de la concurrence et à l’instabilité des marchés. Ces réalités nouvelles exigent des entreprises des résultats performants pour se maintenir et pour progresser. Elles nécessitent des changements impératifs dans l’organisation et le management des ressources humaines, exigeant une rapidité d’adaptation afin de faire face aux nouvelles donnes de la conjoncture. Pour les collaborateurs et les salariés, le nouveau contexte se caractérise par une remise en cause de la stabilité et de la sécurité de l’emploi, par la complexité du travail, des nouvelles exigences, en termes de timing et de reporting, la primauté des ratios financiers et de rentabilité. Cette situation crée de nouveaux défis à l’entreprise et aux managers qui doivent réfléchir à de nouveaux modes de développement et d’accompagnement des ressources humaines pour établir de nouveaux rapports avec les équipes et prévenir les risques psychosociaux liés au stress généré par l’atteinte des résultats et de la performance. La recherche du «bien-être», du «mieux-être» ou du «bonheur» se trouve légitimée par le stress dont souffrent plusieurs cadres et managers sous pression et aussi par l’arrivée de nouvelles générations sur le marché du travail qui ont d’autres valeurs comme «le plaisir de faire» au lieu du «devoir-faire». Un salarié épanoui est un salarié performant, les paramètres qui contribuent à son bonheur au travail sont multiples. La courbe du bien-être et la courbe de la productivité vont dans le même sens. Plusieurs études ont démontré qu’on est plus productif quand on est à l’aise et qu’on aime son travail. 

De façon générale, quels sont les moyens qui permettent d’avoir une bonne qualité de vie au travail ?
La qualité de vie au travail est souvent utilisée pour aborder les aspects de la vie au travail à savoir le contenu du travail, les conditions matérielles et d’organisation du travail, les relations sociales, mais aussi le pouvoir d’agir et de donner du sens à ce qu’on fait. En fait de multiples facteurs agissent dans la perception que chacun de nous a sur la qualité de vie au travail à travers, notamment nos filtres physiques, psychologiques, sociologiques et culturels, notre condition (âge, sexe, statut matrimonial…), notre mode de vie et nos valeurs personnelles. D’autres facteurs entrent également en jeu, notamment le type d’entreprise, le secteur d’activité, le mode de management et de leadership, l’organisation, l’ambiance physique (bruit, ergonomie, open space, luminosité, travail de nuit…) et l’ambiance relationnelle (cohésion, harmonie, conflit...). 

Les entreprises vivent actuellement une transformation digitale qui modifie en profondeur leurs pratiques. Que devient la qualité de vie dans cette conjoncture ?
En principe, le digital devrait être un des moyens de l’amélioration de la qualité de vie au travail. Mais le processus de digitalisation dans certaines entreprises faisant partie d’une démarche de changement rencontre certaines résistances et les mêmes inquiétudes (augmentation de la charge de travail, déséquilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, risque de disparition de certains métiers…) en l’absence d’une bonne communication interne et une formation adéquate. La digitalisation contribue à améliorer la qualité de vie au travail, mais ne saurait se substituer à un management humain, participatif et bienveillant.

Par quels moyens peut-on assurer le bien-être des collaborateurs à l’heure du «tout connecté» ? 
Je reviens à la question que vous avez posée il y a quelque temps à Si Hassan Charaf dans l’un de vos articles sur «le Matin Emploi» : le management humain survivra-t-il au digital ? Je rejoins la réponse donnée par M. Charraf en soulignant l’importance de la confiance mutuelle à laquelle j’ajouterais la responsabilité et l’autonomie. La confiance mutuelle est le socle du management d’aujourd’hui dans le sens du respect des engagements de part et d’autre. Un des ingrédients du bien-être dans un monde connecté est bien entendu la flexibilité : «je peux travailler et être performant de là où je suis sans être obligé de me déplacer et à ma manière».

Comment éviter la souffrance des collaborateurs au travail ?
Chaque entreprise et chaque individu est unique. De ce fait, il n’y a pas de recette unique et magique. Le plus important c’est que la question du bien-être soit une préoccupation majeure du management et non un effet de mode ou une question d’apparat. D’ailleurs, nous nous intéressons de près à cette question et avons créé un espace de partage et d’échange autour de cette question entre les managers, les DRH, les chercheurs, les consultants RH et les coachs pour prévenir les risques psychosociaux liés au stress du travail. C’est un rendez-vous annuel à Marrakech qui est à sa deuxième édition Jouat Maroc et qui aura lieu cette année les 20-21-22 mars 2019.  

Propos recueillis par Nabila Bakkass

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