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L’auto-sabotage, comment s'en libérer !

Souvent considéré comme un mécanisme de défense qui remonte à l’enfance, l’auto-sabotage est étroitement lié à la vie professionnelle. Concrètement, ce phénomène implique qu’un collaborateur fait des choix ou prend des décisions qui le conduisent vers l’échec et qui l’empêchent d’accéder au bonheur qu’il mérite. Comment s’en sortir ? Le point avec Sanae Hanine, formatrice en communication non violente.

L’auto-sabotage, comment s'en libérer !
Plus nous nous auto-sabotons, moins nous sommes motivés dans l’accomplissement de nos tâches quotidiennes.

Conseil : Comment pourrions-nous nous mettre dans une situation d’auto-sabotage ?
Sanae Hanine
: Lorsque nous prenions conscience que nous accumulons les échecs comme des trophées sur tous les fronts, il y a lieu de se poser la question si nous ne sommes pas victimes de notre propre ennemi intérieur c’est-à-dire notre comportement d’auto-sabotage. Lorsque nous embarquons dans ce processus d’autodestruction, nous nous mettons inconsciemment des bâtons dans les roues pour ne pas réussir et avancer dans notre chemin de vie. D’ailleurs, nous sommes nombreux à rater en beauté ce que nous souhaitons ardemment entreprendre, alors que nous étions proches de la consécration juste d’un petit iota. Dans cet élan, nous faisons voler en éclat les brèches de ce que nous avons réussi dans notre carrière ou notre vie personnelle sans en saisir la raison profonde. L’auto-sabotage est le point aveugle qui nous empêche d’avoir une vision claire sur la manière d’avancer correctement. À force d’être dans la répétition, l’auto-sabotage devient notre sport favori. Nous devons comprendre ces raisons profondes et arrêter d’être la bosse sur laquelle vient se heurter notre propre développement ou d’être l’épouvantail qui fait peur à nous-mêmes. Plusieurs psychologues se sont penchés pour expliquer ce phénomène, mais nous restons toujours sur notre faim pour une anamnèse pure et parfaite. Considéré comme un mécanisme de défense qui remonte à l’enfance avec une intention positive de protection et de sécurité, l'auto-sabotage est également imputé à l’environnement familial. De type hyper-protecteur ou au contraire limitant et «castrateur», ce dernier est responsable de ce type de conditionnement. Il est également expliqué par le type de personnalité, par exemple une personnalité «évitante» est susceptible de tomber dans les affres de l’auto-sabotage. Une autre explication se rattache à une faible estime de soi ou à la dépression. La vision de l’analyse transactionnelle explique l’auto-sabotage par l’impact des drivers, qui sont des moteurs puissants de nos actions. Ils sont au nombre de cinq : Sois parfait, Fais un effort, Sois fort, Dépêche-toi et Fais plaisir). L’ensemble de ces drivers conduit bien sûr à un résultat contraire. Ces explications savantes éludent parfois le simple et l’essentiel. Et si c’était juste le résultat d’un self-talk négatif ou d’une maladresse comportementale due à un manque de savoir-faire ? 

Quels sont les biais qui nous mènent vers des situations d’auto-sabotage ?
Plusieurs biais créent et renforcent le cercle vicieux de l’auto-sabotage. Le premier est en relation avec notre big Pattern ou paradigme (une forme constante structurant notre relation au réel et à autrui et orientant notre énergie et notre comportement). Donc si notre big paradigme est programmé sur la négativité, il y a peu de chances que nous puissions développer un modèle de réussite. Maintenant venant en aux biais qui renforcent l’auto-sabotage. On peut en dénombrer plusieurs, nous allons nous en tenir aux plus importants. À mon avis, le biais de «l’escalade de l’engagement» ou la persévérance dans l’erreur est l’un des facteurs qui renforcent le cercle de l’auto-sabotage. Il consiste à faire perdurer un comportement malgré ses résultats négatifs plutôt que de changer de direction. Le biais de «l’inconstance» consiste à abandonner les projets en chemin alors qu’ils sont à moitié réalisés ou sur le point d’aboutir. Un autre biais est corrélé à l’«effet Dunning-Kruger». Ce syndrome décrit la propension à mal évaluer ses compétences soit à la hausse ou à la baisse. D’autres biais de «confirmation» induisent que certaines personnes ont tendance à ne prendre en considération que les informations qui confortent leur vision du monde et à rejeter celles qui y diffèrent. Dans la même lignée, le «biais de statu quo» est en relation avec l’attitude face au changement. L’individu qui en souffre a tendance à faire montre d’un conservatisme rigide et être farouche à tout changement. In fine, le «biais de l’autruche» conduit à ignorer sciemment les informations qui sont en contradiction avec nos désirs ou à prendre des risques inconsidérés sans même prévoir de plan de secours. Nous clôturons la nomenclature de bais par celui du «risque zéro». Il concerne les individus qui abandonnent une situation avantage pour un risque minimum connu. 

Quels sont les effets néfastes de l’auto-sabotage ?
L’auto-sabotage a des effets dévastateurs sur le plan mental et sur la performance. Sur le plan mental, l’auto-sabotage mène à la démotivation, l’inquiétude et la colère. Les sentiments d'inutilité et d’anxiété sont le revers de la médaille. Il peut être responsable de la destruction des relations avec les autres (famille, amis, collègues) pour cause de ressentiment ou de jalousie. Au fur et à mesure que l’individu continue sa descente aux enfers, il devient de plus en plus frustré, découragé et en colère contre lui-même et les autres. Il leur donne également l’occasion pour le rabaisser. Outre les projets qui ne se concrétisent pas, l’auto-sabotage persistant entraîne une boucle de motivation négative. En d’autres termes, plus nous nous auto-sabotons, moins nous sommes motivés lorsque nous devrions accomplir quelque chose. À chaque tentative infructueuse, nous nous «prouvions» que nous sommes incapables d'accomplir la tâche. Donc, la productivité et la performance en prennent un coup. 

Comment peut-on sortir du cercle vicieux de l’auto-sabotage ?
Heureusement que ce comportement néfaste peut être changé. À petits pas, nous pouvons entreprendre de grands résultats
• Le premier pas consiste à faire le bilan de sa situation actuelle en se posant la question suivante : s’agit-il d’une averse ou d’une véritable tempête ? Je m’explique : la véritable tempête se déclenche lorsque notre vie n’a plus de sens que ce soit au niveau professionnel et personnel. Notre inconscient réagit en faisant tout pour nous faire renoncer, pour tout faire capoter, donc le processus d’auto-sabotage se met en marche. Vous ne pouvez pas être dans une énergie positive et créative si vous vous obligez chaque jour à vivre une vie dont vous n’avez plus envie. 
• Le deuxième pas est en rapport avec notre désir de s’émanciper d’un paradigme défaillant. Il n’y a pas de hasard, nous créons ce que nous pensons. Si nous estimons que nos comportements jouent contre nous, nous devons impérativement rectifier notre schéma de pensées. Nous devrions prendre des décisions en harmonie avec nos envies profondes. La vraie motivation est alimentée par la passion et c’est l’énergie qui peut nous pousser en avant malgré les revers et les défis. Alors plutôt que de saboter nos efforts en démarrant avec une motivation boiteuse, cherchons les raisons profondes qui nous ont motivés à nous donner les objectifs que nous poursuivons. 
• Le troisième pas : Peu importe le nombre de fois où nous avons échoué, nous pouvons toujours remettre les compteurs à zéro. En vérité, il n’y a rien de tel que l’échec pour apprendre. La prochaine fois que vous subirez un revers, ne vous laissez pas abattre. Changez de point de vue et tirez les leçons de vos expériences. Les leçons sont positives ; elles vous fournissent des informations et vous adressent des critiques qui vous permettent de vous améliorer. Tenez un journal et observez vos actions. Je raconte à ce sujet une belle histoire de Portia Nelson, sur le trou dans la chaussée, qui résume l’histoire de sa vie. La première fois, elle tombe dedans. Elle est perdue et ne sait pas quoi faire. Cela lui prend une éternité pour s’en sortir. La deuxième fois, elle fait semblant de ne pas le voir. Elle tombe dedans encore une fois. Elle ne peut pas croire qu’elle se retrouve dans le même pétrin. Ça lui prend encore un bon moment avant de s'en sortir. La troisième fois, elle redescend la même rue. Il y a toujours un grand trou dans la chaussée. Elle a conscience qu'il est là. Elle tombe dedans quand même… par habitude. Elle voit clair. Elle sait où elle en est. Elle se sort de là aussitôt. La quatrième fois, elle marche le long de la même rue. Il y a un trou dans la chaussée. Elle le contourne. La cinquième fois, elle prend SIMPLEMENT une autre rue. 

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