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Et si l’on misait sur l’amour inconditionnel au travail ?

Les tensions et les conflits sont inévitables en milieu professionnel. Pour mieux les gérer, Leila Naim, docteur chercheur en sociologie RH et coach de performance individuelle et collective, recommande aux managers de développer l’amour inconditionnel entre les collaborateurs. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, le principe permet d’atteindre une performance individuelle et collective, dans le respect de soi et de l’autre. Le point.

Et si l’on misait sur l’amour inconditionnel au travail ?

Conseil : C’est désormais connu, face à un climat toxique, les managers doivent favoriser un bon climat de travail. Comment ?

Leila Naim : Effectivement, les collaborateurs qui travaillent au sein d’une entreprise doivent faire face quotidiennement à plusieurs contraintes professionnelles, notamment une forte pression des résultats à atteindre, des clients difficiles à gérer ou encore des demandes excessives de la hiérarchie. Cela peut rendre le climat de travail toxique, ce qui se répercute sur la performance individuelle et collective. Pour bien gérer cette situation, le manager a intérêt à mettre en place des actions permettant de garantir un bon climat de travail. 

L’un des outils qu’il pourrait utiliser dans ce sens c’est de miser sur les relations au travail. En effet, le relationnel est aujourd’hui un avantage concurrentiel permettant d’être performant sur tous les plans. D’une part, un collaborateur qui développe de bonnes relations est un collaborateur épanoui, engagé et prêt à donner le meilleur en lui-même. D’autre part, une entreprise, qui arrive à développer le sens relationnel en interne, aura plus de chance à être compétitive dans un environnement concurrentiel. Cela se traduit par une bonne cohésion entre les membres d’une équipe qui peuvent travailler ensemble tout en faisant preuve de créativité et d’innovation. 

Les moyens pour développer le sens relationnel n’y manquent pas. Je cite à titre d’exemple, les teams buildings qui permettent aux différents collaborateurs de se connaitre et les réunions qui permettent d’échanger sur des points précis. Cela passe aussi par l’amélioration de la qualité de vie au travail, en étant à l’écoute des collaborateurs, de leurs besoins et de leurs contraintes. Il y a une autre action que je recommande vivement qui est celle de miser sur l’amour inconditionnel. Un principe qui implique, entre autres, d’aimer les autres et de les respecter sans rien attendre en retour. C’est aussi le fait d’aider les autres sans rien recevoir.

Justement, vous évoquez très souvent dans vos séminaires l’importance de l’amour inconditionnel. Quel lien ce principe pourrait-il avoir avec la vie professionnelle ? 

Quand on entend parler de l’amour inconditionnel en milieu professionnel, on est un peu choqué parce qu’on est convaincu qu’il ne pourrait pas y avoir un lien entre les deux, partant du principe que l’entreprise est un lieu de travail alors que l’amour est une émotion assez personnelle et plaisante. Cette croyance est à bannir, car l’entreprise est un milieu professionnel, certes, mais c’est aussi un milieu où les relations sont basées sur un amour ressourçant pour soi et pour les autres. En d’autres termes, la notion d’amour inconditionnel est basée sur le respect et la bienveillance, aussi bien avec soi qu’avec les autres. Quand on est dans cet état d’esprit, on devient systématiquement plus efficace, plus créatif et surtout respectueux pour soi et pour les autres.

Quels moyens se donner 

pour y parvenir ? 

Il est important de souligner d’abord que le manager qui aimerait favoriser l’amour inconditionnel doit donner l’exemple. Il doit lui-même le développer envers ses collaborateurs. Pour identifier les actions à mettre en place en vue de favoriser cette émotion en entreprise, il va falloir diviser ce sujet en deux : l’amour envers soi-même et l’amour envers les autres. Pour le premier cas, il faut respecter trois notions principales :

• Être bienveillant avec soi-même : Il faut s’accepter, accepter ses limites et se donner droit à l’erreur. Il s’agit aussi d’accepter que l’on ne pourrait jamais être idéale et qu’on n’est pas obligé de travailler sous la pression des autres.

• Rester fidèle à ses valeurs : Il est important de se rappeler de ses propres valeurs, de son identité et de sa mission de vie, à chaque fois que l’on veut faire un nouveau pas ou prendre une nouvelle décision. Cela est beaucoup plus avantageux que de chercher à voir ce que les autres en pensent. 

• Accepter qu’on ne soit pas parfait: Tous ceux qui veulent être parfaits courent derrière un mythe, car le parfait n’existe pas. D’ailleurs, les personnes qui culpabilisent du fait qu’ils ne sont pas parfaits vivent une pression interne, qu’ils peuvent éventuellement transférer aux autres. 

Concernant le deuxième volet qui implique de développer l’amour inconditionnel envers les autres. Là aussi, il va falloir prendre conscience de trois conditions à savoir :

• Éviter de juger les autres : Il est plutôt recommandé d’être dans l’acceptation de l’autre.

• Être bienveillant envers l’autre : Il s’agit là d’accepter l’autre, tel qu’il est, avec ses défauts, son imperfection et ses points de vue qui peuvent être différents. Cela permet de bâtir une relation avec l’autre dans laquelle on ne l’oblige pas d’être une personne différente de ce qu’il est réellement.

• Avoir un regard différent de l’erreur : Il faut tolérer l’erreur au lieu de pénaliser et de passer à la sanction. Il s’agit aussi d’aider les autres pour qu’ils capitalisent sur leurs erreurs et qu’ils en fassent un point fort. 

Propos recueillis par Nabila Bakkass

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