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La mixité en entreprise, gage d’une performance accrue

La mixité est désormais l’un des enjeux primordiaux pour toute entreprise se voulant concurrentielle. Plusieurs études, notamment celle de Sodexo, ont démontré qu’une entreprise qui adopte une culture de mixité est plus performante qu’une entreprise moins tournée vers la diversité. Certes, plusieurs efforts ont été menés en faveur de cette question de mixité, mais il est clair que beaucoup reste à faire.

La mixité en entreprise, gage d’une performance accrue

La mixité apparait aujourd’hui comme un outil stratégique permettant d’améliorer la performance des équipes en entreprise. En effet, les entités mixtes affichent un taux élevé de fidélisation de leurs collaborateurs et de leurs clients, ce qui se répercute sur les résultats, et par conséquent, sur la compétitivité de l’entreprise. Ce sont là les principaux constats que l’on peut tirer d’une étude qui a été menée par Sodexo auprès de 50.000 managers et dont les résultats ont été dévoilés dans le cadre du Sommet annuel mondial de Women In Africa (WIA), organisé récemment à Marrakech. Réalisée sur une période de cinq ans, de 2011 à 2016, l’étude s’assigne pour objectif, entre autres, de «tester les implications liées à la performance dans le cadre d’une culture de travail inclusive soucieuse de la mixité, par opposition à une culture dans laquelle l’un des sexes prédomine», souligne Sodexo. 

Dans le détail, l’étude de Sodexo a adopté une approche plus large en étudiant les femmes à tous les niveaux de responsabilité et pas uniquement les postes de cadres dirigeants. Il en ressort que la performance est meilleure dans les équipes où la répartition hommes/femmes est entre 40 et 60%. Pour parvenir à ce résultat, certains indicateurs ont été utilisés, notamment les marges opérationnels, la fidélisation des clients, l’engagement des collaborateurs et la sécurité. En pourcentages, les entités ayant des équipes managériales mixtes ont réalisé des taux plus élevés sur l’ensemble des indicateurs : Plus de 14 points de pourcentage pour l’engagement des collaborateurs, plus de 8 points de pourcentage pour la fidélisation des collaborateurs, plus de 9 points de pourcentage en termes de fidélisation des clients et plus de 12 points de pourcentage concernant la sécurité avec moins d’accidents de travail entre les exercices 2014-2016. 
C’est dire que «la diversité hommes-femmes est fondamentale. Au-delà d’une obligation morale, c’est un impératif économique et un différenciateur», comme le souligne clairement Denis Machuel, Directeur général de Sodexo. La femme dispose de plusieurs qualités, notamment l’écoute active, la communication, le sens de l’organisation et l’empathie qui lui permettent d’exceller dans le travail d’équipe. La mixité apparait donc comme un facteur de différenciation pour une entreprise, encore faut-il bien l’adopter. Contrairement à certaines idées reçues, la mixité n’est pas uniquement un sujet de débat pour les femmes mais plutôt une question de stratégie pour toute l’organisation. «La mixité, c’est d’abord une question de volonté», souligne Mouna Fassi Daoudi, DG de Sodexo Maroc. Et d’ajouter : «Au-delà des bonnes intentions comme certains plaidoyers qui se limitent à des mots, la mixité c’est aussi une question de détermination et de courage dans la transformation». 
Soulignons, en guise de conclusion, que plusieurs efforts ont été menés en vue d’assurer la mixité en entreprise, mais une chose est sûre, c’est que beaucoup reste à faire. Malheureusement, on assiste encore à des pratiques de discriminations basées sur le genre. Ceci dit, c’est avant tout un état d’esprit qu’il faut changer. 


Questions à Mouna Fassi Daoudi, DG de Sodexo Maroc

«La mixité, c’est une question de détermination et de courage dans la transformation»

 Parlez-nous de votre participation à WIA ? 
 Sodexo Maroc a toujours pris part à cette grande rencontre, qui est importante pour souligner et renforcer le rôle des femmes dans toutes les sphères de la vie économique et sociale. Nous avons eu le plaisir d’animer cette année une master class sur la mixité en entreprise. C’est un sujet qui me tient particulièrement à cœur et qui ne relève pas d’une posture idéologique mais d’un impératif 
économique. 
Il est prouvé par des données chiffrées que la mixité est un élément moteur de la performance économique. Nous voulions aussi partager notre expérience au Maroc, dans la mesure où ce forum est l’occasion de mettre l’accent sur les bonnes pratiques.

Quels sont les principaux résultats de votre étude ?
Notre étude, qui a été menée auprès de 50.000 managers, au sein du groupe Sodexo, montre de façon très claire une corrélation entre le taux de mixité hommes/femmes et la performance économique : celle-ci est meilleure dans les équipes où la répartition hommes/femmes est entre 40% et 60% (dans les deux sens). Cette performance, nous l’avons mesurée avec des indicateurs financiers et non financiers : ainsi, la marge opérationnelle est supérieure de 8 points de pourcentage chez les équipes avec une mixité optimale, et l’engagement des collaborateurs connait un score supérieur de 14 points de pourcentage. Les données sont là et sont éloquentes : la mixité améliore non seulement la performance, mais la qualité de vie dans l’entreprise, à laquelle nous sommes très attachés.

D’après votre étude, le continent africain est-il sur la voie de l’égalité du genre ? 
Des progrès indéniables ont été réalisés, étant donné la prise de conscience et les débats qui ont lieu depuis plusieurs années. Maintenant, il faut renforcer, inspirer et accompagner les actions qui vont dans le sens de la mixité. Au-delà des parcours édifiants de certaines femmes chefs d’entreprise, il faut s’atteler à la promotion des femmes à tous les échelons de l’entreprise. À Sodexo Maroc, nous avons un comité de direction paritaire. 
Sa composition s’est d’ailleurs faite naturellement, mais la représentation des femmes dans les postes d’encadrement intermédiaire était insuffisante il y a 4 ans à mon arrivée, seulement 10% de femmes. 
Aujourd’hui, nous nous rapprochons de l’équilibre, avec 30% de femmes dans le middle management. Pour cela, nous avons démultiplié nos efforts dans le recrutement, dans l’accompagnement de certaines de nos collaboratrices dans le cadre de programmes spécifiques (développement de soft skills, mentoring, …). La mixité c’est d’abord une question de volonté, mais au-delà des bonnes intentions comme certains plaidoyers se limitent à des mots, la mixité c’est aussi une question de détermination et de courage dans la transformation.

Comment expliquez-vous l’écart assez important entre les sexes ?
Nous devons composer avec un héritage où la question de la mixité ne se posait pas dans les mêmes termes : cet héritage n’est ni bon ni mauvais, nous devons simplement en tenir compte et le faire évoluer. Envisager le sujet de la mixité comme une équation dont il faut résoudre une forme d’opposition des femmes aux hommes est totalement stérile. Je suis une fervente «avocate» des démarches inclusives, aussi bien dans le discours que dans la pratique. 
Chez Sodexo Maroc, nous avons ainsi choisi de confier le programme pour le développement de nos talents féminins à un collaborateur, avec lequel s’est créé très rapidement un climat de confiance. Ce n’est qu’ainsi qu’on peut réellement transformer les choses. Une femme dont les capacités sont renforcées, qui construit son développement dans la sérénité et non dans la défiance renforce sa confiance en elle et en les autres. Cela a forcément un impact positif d’abord sur elle-même, sur sa famille et sur la société de façon plus globale. Elle transmet une nouvelle éducation qui, progressivement, normalisera l’enjeu de la mixité. 
Entretien réalisé par Najat Mouhssine

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