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Pervers narcissique : Comment le reconnaître et s’en libérer ?

En entreprise, on ne choisit pas ses collègues mais on apprend à les gérer et à gérer les relations avec eux. L’un des profils à gérer et celui du pervers narcissique. Il s’agit d’un manipulateur qui cherche coûte que coûte à dévaloriser voire à détruire l’autre. «Une fois identifié, l’attitude recommandée par les spécialistes est la fuite, car il peut s’avérer être un vrai danger psychologique et même physique pour sa victime», souligne Samira Aajlane, directrice Transformation RH dans une multinationale, Executive coach et psychothérapeute. Le point.

Pervers narcissique : Comment le reconnaître  et s’en libérer ?

Conseil : Comment reconnaître un pervers narcissique et comment expliquer son comportement en entreprise ?

Samira Aajlane
: Le pervers narcissique (PN) est une personne qui a une image dévalorisante d’elle-même et qui ne s’aime pas. Elle se valorise en rabaissant les autres et en les rendant coupables de ses propres fragilités. Il peut être un voisin, un conjoint, un collègue, un ami ou même quelqu’un de la famille, mais l’entreprise reste l’un des environnements où il s’intègre le mieux, car la majorité des troubles de sa personnalité correspondent parfaitement aux compétences et qualités recherchées dans le domaine professionnel : Il est, notamment charismatique, bon orateur et saveur. Généralement, il est difficile de le repérer dès le premier contact, mais il y a des comportements qui permettent tout de même de l’identifier. Le PN est une personne qui manque généralement d’empathie et d’émotions, d’où son incapacité à reconnaître les sentiments des autres. Il se nourrit souvent des mensonges ce qui l’oblige à entretenir des communications floues. Son besoin excessif d’être admiré le pousse à être en continu en quête du succès et du pouvoir. Il n’avoue jamais ses erreurs et il ne supporte ni la critique, ni la frustration. Les origines de la perversion narcissique sont à la fois complexes et difficiles à cerner. Cela peut-être parfois dû à une enfance dysfonctionnelle comme le cas d’un enfant surprotégé, un autre pour lequel on a fixé des attentes démesurées ou celui qui a été abusé ou négligé. À cela s’ajoute le manque d’affection et de reconnaissance. Il se peut aussi qu’un désordre génétique ou neurobiologique soit à l’origine de ce trouble de la personnalité, mais ceci reste théorique et rien n’a été prouvé à ce jour. Mais enfin, soyons indulgents ! Ne nous focalisions pas que sur leur côté diabolique, car en plus de cela, le PN a évidemment des côtés positifs : il peut être très drôles et très original… Mais c’est dans l’unique but de manipuler l’autre.

Quelle stratégie déploie-t-il pour piéger ses victimes et comment ses comportements peuvent-ils nuire à l’entreprise ?

Le PN est un manipulateur qui cherche à détruire chez les autres ce qu’il ne peut atteindre lui-même : le bien-être, le bonheur, le plaisir, etc. Il va d’abord choisir sa victime de façon bien précise en s’assurant que c’est une personne généreuse, à fort potentiel, sincère, aimable, naïve, et qui manque de confiance en elle. Après l’avoir choisie, il mettra toute une stratégie préméditée pour la séduire et la charmer avant de jouir de sa destruction. Il va d’abord capturer les ambitions profondes de sa victime et ensuite lui faire croire qu’il est le seul et unique intermédiaire pour les réaliser. Charismatique, beau-parleur et très convaincant, le PN sait comment hypnotiser sa victime avant de la déposséder de tous ses repères en cherchant continuellement à la disqualifier, à déstabiliser son estime et à fragiliser sa confiance en elle. Il va user de tous les moyens possibles : le verbal, le non-verbal, l’émotionnel et la dépendance affective ou financière en exploitant les failles et les fragilités de l’autre. C’est à ce stade qu’il fait tomber son masque pour passer à l’humiliation, au dénigrement ou à toute autre forme d’agressivité psychologique et même physique. En entreprise, il va par exemple donner deux consignes opposées faisant que si la victime réalise l’une, elle échouera systématiquement à l’autre. Cela lui permettra de la critiquer et de l’humilier après, ou encore faire de la communication floue qui est son moyen précieux pour infantiliser et culpabiliser l’autre. Sa victime va croire ainsi que naturellement que tout est de sa faute à elle ; et voilà l’objectif du PN atteint. La victime va sentir la dévalorisation, la culpabilité, la déconcentration, ce qui impactera sa performance et son mode de vie. La dépression reste l’impact majeur observable sur la victime d’un PN. Pour l’entreprise, cela impactera naturellement la santé mentale des employés. 

Quelle stratégie adopter pour bien communiquer avec ce profil, surtout lorsqu’il s’agit d’un supérieur hiérarchique ? 

Il faut d’abord s’assurer qu’il s’agit bel et bien d’un PN en s’inspirant des symptômes cités précédemment et d’autres références théoriques officielles. On peut facilement confondre la perversion narcissique avec un comportement pervers défensif, issue d’une organisation du travail pathogène. Une fois identifié, l’attitude recommandée par les spécialistes est la fuite, car il peut s’avérer être un vrai danger psychologique et même physique pour sa victime. Si dans la vie privée cette solution est faisable, malheureusement elle ne l’est pas toujours possible en entreprise. Pour cela, je cite quelques astuces pour s’éjecter du cercle vicieux du PN et éviter l’épuisement en attendant la fuite qui, vous l’avez certainement compris, reste la seule solution pour sauver sa peau face à un PN. Partant du principe que le PN se nourrit des émotions et des fragilités de la victime, j’invoque ma métaphore préférée inspirée du monde biologique et qui stipule que pour mettre fin à la vie d’une cellule, il faudrait arrêter de la nourrir. Par analogie, et d’une façon générale, il faut limiter la communication avec le PN et privilégier les phrases courtes en limitant le partage de ses émotions et de sa vie privée. Se limiter aux sujets professionnels peut aider la victime à disparaitre du radar du PN le plus longtemps possible, ceci l’aveuglera et lui donnera peu de moyens pour l’attaquer. Comme il fait du mensonge son canal favori de communication, les écrits restent les moyens les plus sûrs pour éviter de tomber dans le piège des justifications et argumentations qui restent ses moments précieux pour sortir ses griffes et dévaloriser sa victime. 

S’il s’agit d’un supérieur hiérarchique, et en plus de ce qui a été cité précédemment, il ne faut pas mettre son amour-propre en jeu dans la relation avec lui tout en prenant du recul. Enfin, la victime doit prendre soin d’elle-même, travailler sur son estime et sa confiance en soi et s’entourer des personnes bienveillantes. Aussi ne jamais chercher à comprendre le pervers narcissique, ni à lui trouver des excuses, car Freud l’a bien précisé auparavant «On ne devient pas pervers, on le demeure». 

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