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La phobie, une réalité ou une simple interprétation personnelle ?

Une respiration bloquée et difficile, une augmentation du rythme cardiaque, des pensées catastrophiques… Les symptômes de la phobie sont désagréables. En effet, lors de la confrontation à la situation phobique, notamment lors de la prise de parole en public, le collaborateur ressent une peur exagérée et risque de subir une attaque de panique. Ce qu’il faut savoir c’est que la phobie n’est qu’une interprétation personnelle des faits. Le point avec Zohor El Amrani, maître-hypnothérapeute et maître-praticienne en PNL.

La phobie, une réalité ou une simple interprétation personnelle ?
En milieu professionnel, on peut citer à titre d’exemple, la peur de parler en public. ph: shutterstock

Conseil : À partir de quel moment peut-on parler de phobie, notamment dans la vie professionnelle ?
Zohor El Amrani
: La phobie est une peur persistante et exagérée d’objets ou de situations considérés par la personne comme plus dangereux qu’ils ne le sont en réalité. L’évitement est donc systématique. Lorsqu’une personne n’arrive pas à éviter l’objet phobique, il peut y avoir le déclenchement d’une attaque de panique. Ceci renforce encore plus l’ampleur de la situation phobique. Les phobies les plus courantes sont : la phobie de l'avion (aviophobie), la claustrophobie, la phobie sociale, la phobie des animaux (zoophobie) et des insectes (entomophobie), des reptiles (herpétophobie) et la peur du sang (hématophobie). En milieu professionnel, on peut citer à titre d’exemple, la peur de parler en public. En réalité, n’importe quel objet ou situation peut devenir phobogène, car ce ne sont pas les choses elles-mêmes qui nous font peur, mais plutôt notre perception de ces choses là. Par exemple, on peut avoir deux réactions différentes de deux personnes différentes face à la même situation. Pourquoi une personne aura-t-elle la phobie de parler en public alors qu’une autre personne sera très indifférente à ça ? Ceci est dû au fait que la phobie n’est qu’une interprétation ou une perception personnelle et non une réalité.

Concrètement, comment une phobie se manifeste-t-elle ?
Les phobies simples apparaissent presque toujours au cours de l’enfance, soit graduellement par l’influence des parents, soit brusquement à la suite d’un traumatisme. Lorsqu’on est face à une situation phobique qu’on ne peut éviter, il nous arrive ce qu’on appelle une réaction neuro-végétative. C'est-à-dire une personne commence à pâlir, à suer, les battements cardiaques accélèrent, la respiration devient bloquée et difficile, puis les pensées les plus catastrophiques surviennent aussitôt en tête. La personne évitera toujours les situations redoutées et organisera sa vie, notamment professionnelle, de façon à ne jamais rencontrer les stimuli qui déclenchent l’anxiété. Par exemple, elle évitera de parler en public. 

Pourriez-vous nous expliquer  le processus mental qui déclenche une phobie ?
Il y a ce qu’on appelle le phénomène de «l’espace-temps» où on a l’impression que l’espace est restreint et qu’on n’a pas suffisamment de temps pour réagir autrement que de paniquer. Si, par exemple, une personne à la phobie des cafards (entomophobie) et qu’elle en voit un dans sa chambre, elle aura l’impression que le cafard est à 2 centimètres d’elle (donc la notion de l’espace est erronée), qu’il parait énorme en termes de taille aussi et qu’elle n’a pas assez de temps pour raisonner, se dire qu’elle a le choix de quitter la chambre tout doucement au lieu de paniquer ou crier. 
Un deuxième phénomène est le pouvoir de l’imagination négative : lorsqu’on imagine quelque chose de manière interne et concentrée, le système nerveux et l’inconscient ne font pas la différence entre une situation réelle et une situation imaginée. Tout ce qu’on imagine, qu'il soit positif ou négatif, va agir sur notre corps instantanément. Le système nerveux se met à réagir ainsi que le système endocrinien (celui responsable de la sécrétion des neurotransmetteurs). Cela veut dire qu’on peut déjà créer une pseudo-attaque de panique simplement à travers l’imagination négative de la situation ou de l’objet phobique. L’exposition au stimulus phobogène provoque de façon quasi systématique une réaction anxieuse immédiate. Ceci est dû au fait que la personne, dans cet état d’angoisse, n’a pas accès à son raisonnement comme elle le ferait en temps normal. Ses pensées deviennent irraisonnées, irrationnelles et si l’attaque de panique arrive, la personne pense au pire, elle pense même qu’elle va mourir. Alors que ce n’est que la réaction neuro-vegetative qui cause ces pensées-là. Voilà pourquoi il est primordial d’apprendre des outils qui vont nous mettre instantanément dans un état de calme afin d’être réellement ancré. 

Quel moyen se donner pour faire face à ce phénomène ?
Dans la phobie simple, il y a deux facteurs qui peuvent maintenir ou aggraver la phobie : tout d'abord, le facteur cognitif (les pensées). Ensuite, le facteur comportemental, le soulagement consécutif à l’évitement (ce qui donne lieu à un renforcement positif d’un comportement négatif). La phobie simple est le résultat d’un apprentissage conscient et/ou inconscient donc son traitement sera surtout comportemental. On peut apprendre un outil extraordinaire qu’est l’ancrage. L’ancrage est tout simplement l’association d’un geste avec une émotion interne désirée. En l’occurrence ici nous voudrions créer un état de calme instantané. En créant un ancrage «calme», nous aidons notre système nerveux à se calmer et à se détendre devant n’importe qu’elle situation anxiogène. Lorsqu’on est calme, automatiquement, nos idées sont plus calmes elles aussi et donc raisonnées et rationnelles.

Affronter ses peurs est-il le meilleur moyen de les surmonter ? 
La thérapie par l’épreuve n’est pas quelque chose que je conseille personnellement. Pourquoi se forcer quand on a la possibilité de résoudre un problème autrement, avec plus d’aisance et de facilité. L’hypnothérapie est un excellent moyen pour éliminer les phobies de façon rapide et durable.

Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui souffrent de ce trouble ?
Premièrement, je leur dirai qu’elles ne sont pas obligées de souffrir, qu’il y a des solutions qui visent à éliminer les attaques de panique qui surviennent lors de la confrontation à la situation phobique. Deuxièmement, certaines thérapies comme l’hypnothérapie ou la thérapie cognitivo-comportementale sont d’excellents moyens pour venir à bout des phobies, et ce, simplement en quelques séances. 

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