Conseil : La psychosomatisation, de quoi parle-t-on ?
Quelles sont les situations professionnelles qui peuvent conduire à la psychosomatisation ?
Dès lors, nous pouvons parler de toutes les situations professionnelles et des manifestations en lien avec le stress pathologique. Dans ce sens, l’éventail est très large : des maladies cutanées aux attaques de paniques en passant par la dépression, l’exacerbation des phobies et le burn-out, sans parler des maladies chroniques, des troubles digestifs, de la diminution de l’immunité et des douleurs musculaires diffuses. Cela se traduit par des troubles des fonctions supérieures, notamment une saturation de la mémoire, des oublis, un manque de concentration, des troubles attentionnels, une incapacité à achever un travail déjà entamé, une procrastination... La réponse dépendra de la manière dont l’être intègre la souffrance dans les quatre espaces : les émotions, le corporel imaginaire et la pensée. Ceci installe la personne dans une spirale de l’échec qui favorise l’accentuation du stress et par la même occasion l’apparition des maladies somatiques. C’est ainsi qu’en interaction, les facteurs cognitifs, comportementaux et hormonaux favorisent l’installation d’un cercle vicieux conduisant à la maladie. En effet, le dysfonctionnement cognitif, immunitaire et neurovégétatif lié au stress imprime une vision négative et différente du monde, ce dysfonctionnement est une étape de la chaine des événements du stress à la maladie.Le manque de reconnaissance peut-il être un facteur déclenchant une douleur physique ?
Le manque de reconnaissance pourrait en effet, constituer une raison de psychosomatisation dans la mesure où la situation est encodée par le psychisme, comme étant menaçante, ce qui amène le cerveau par l’intermédiaire du système sympathique à agir sur les surrénales : libération dans le sang d’adrénaline voir même du cortisol. Ces hormones provoquent, notamment l’accélération du rythme cardiaque, la libération du sucre sous forme de glucose (facilement assimilable par le foie), la vasoconstriction des viscères (arrêt de la digestion) ainsi qu’une circulation sanguine importante des muscles squelettiques (ceux du mouvement) et du cerveau. Plus concrètement, il est à noter que la première phase d’alarme permet au cerveau de recevoir l’énergie nécessaire pour choisir la meilleure solution : combattre, fuir ou se figer. Cette phase permet aussi aux muscles d’avoir l’énergie indispensable à l’action. Si le stress et le manque de reconnaissance durent, l’organisme produira alors le cortisol en continu et le syndrome passera à la deuxième phase dite d’adaptation qui est une accommodation à un déséquilibre persistant. Cela nous introduit à la troisième phase d’épuisement : En apparence, tout va bien, néanmoins un inconfort psychologique et une usure prématurée de certains organes se créent, occasionnant des troubles psychologiques, fonctionnels ou lésionnels : risque d’infarctus…Comment gérer ce phénomène ? Peut-on prévenir en amont cette situation ?
Il faut apprendre à contenir son stress et à canaliser son angoisse. Le but est de permettre à l’organisme d’établir un système de défense capable d’éviter la somatisation. L’objectif thérapeutique est de mettre des mots, des images et de donner sens aux douleurs afin d’accéder à la souffrance sous-jacente. Le travail cognitif, comportemental et corporel transforme le cercle vicieux en cercle vertueux :• Le travail cognitif consiste à porter un regard sur les événements avec plus de distance (restructuration cognitive), à identifier en quoi le stress actuel rappelle les situations anciennes et surtout à comprendre comment la personne crée elle-même cette situation stressante.• Le travail comportemental permet, à travers l’affirmation de soi, une communication plus sincère qui exprime les besoins non reconnus par autrui, une expression plus appropriée des émotions et une attitude plus constructive face aux contraintes.Quelles sont vos recommandations pour mieux gérer cet état de stress ?
Pour apprendre à gérer cet état, je recommande de :• Prendre conscience de l’origine des manifestations pour pouvoir anticiper la réaction négative.• Prendre du recul pour éviter le maintien : quand le stress prend de plus en plus de place, on peut se sentir submergé. Le recul permet de se centrer sur le moment présent, se fixer sur ce qui est réel, non sur des pensées négatives qui sont plus une projection et non pas une certitude. Exemple : «Si j’expose devant mes collègues, je vais avoir un blocage».• Accepter la contrainte et ajuster les attentes : un conflit avec quelqu’un, un rendez-vous annulé… puisqu’il est impossible dans la plupart du temps d’avoir un contrôle sur toutes les situations que l’ont subi.• Accepter l’imperfection et se fixer des limites : le perfectionnisme peut conduire à se fixer des objectifs irréalistes, à refuser les erreurs et à ne pas accepter ses faiblesses, ce qui retentit négativement sur l’estime de soi de la personne et sur son rendement professionnel.• Éviter la procrastination : laisser pour demain ce qui peut être fait le jour même, comme le fait de repousser les décisions, le traitement de certains dossiers… c’est une tendance favorisée par l’accentuation de l’anxiété.• Prendre des pauses.• Se faire plaisir.• Réaliser des efforts phtisiques.• Ajuster la consommation d’excitants.