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Relations professionnelles : poser ses propres limites dans le respect de l’autre

Pour développer de bonnes relations professionnelles en entreprise, il est important d’apprendre, entre autres, à fixer ses propres limites. La démarche est extrêmement importante puisqu’elle permet au collaborateur de protéger son espace émotionnel, physique ou mental. Or, contrairement à ce qu’on pourrait croire, poser ses limites ne se fait pas en criant ou en s’isolant. Cela passe par une communication assertive et un discours basé sur le respect. Le point avec Sanae Hanine, PhD, experte en communication, coach et formatrice en développement personnel.

Relations professionnelles : poser ses propres limites  dans le respect de l’autre

Conseil : On parle de plus en plus de l’importance de poser ses propres limites afin d’entretenir des relations saines et durables. Pourriez-vous nous en dire plus ? 
Sanae Hanine :
Les limites sont essentielles pour maintenir de bonnes relations professionnelles. En effet, l’établissement de frontières personnelles est un élément important permettant de protéger son identité et de se faire respecter sans tomber dans la solitude et l’exclusion. Je m’explique : les limites constituent un aspect crucial de la santé mentale et du bien-être en général. Ce sont des lignes rouges qu’on se fixe pour nous-mêmes, mais également pour les autres.
L’approche peut avoir de nombreux avantages. Cela nous aide à prendre des décisions en fonction de ce qui convient à nous-mêmes et non pas aux autres. Cela nous permet aussi de ne pas subir les mauvaises surprises dans les relations interpersonnelles et de bâtir des relations basées plutôt sur le respect et qui durent dans le temps. On peut d’ailleurs assimiler les limites à des clignotants qui nous permettent d’identifier ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. Ainsi, si nous constatons que nous avons tendance à tolérer et à accepter ce qui nous rend mal à l’aise ou stressés juste pour faire plaisir aux autres, cela veut dire que l’un des signes rouges a été franchi.
À l’encontre, l’absence totale de limites peut révéler que nous n’avons pas d’identité propre à nous-mêmes et que nous sommes en train de vivre la vie des autres. Autre point important à souligner : Partant du principe qu’on doit avoir l’habileté de définir nos propres limites, nous sommes également tenus de les imposer aux autres, surtout lorsqu’on parle des relations professionnelles. À vrai dire, beaucoup de collaborateurs n’y parviennent pas. Dans une culture collectiviste comme la nôtre, la ligne de démarcation entre l’individuel et le collectif est très floue. À cet effet, il n’est pas facile de tracer ses propres frontières et de les faire accepter par les autres. Or, la démarche est indispensable pour le bon fonctionnement du travail. De même, en milieu professionnel comme dans les relations personnelles, de mauvaises frontières mènent à des sentiments de colère et de frustrations, mais aussi à l’épuisement. 

Comment définir ses propres limites ? 
Tout d’abord, il faut identifier ce qui est tolérable et ce qui ne l’est pas, notamment sur les plans physique, mental et spirituel. Ensuite, il faut être à l’écoute de ses propres émotions. Toutefois, décider d’imposer ses limites n’est pas suffisant, le passage à l’action est indispensable. Il ne faut pas donc hésiter à parler de ses propres limites aux autres quand il le faut et exprimer qu’on est gêné et qu’on refuse un tel ou tel comportement. 
Ceci dit, il faut être franc et direct au lieu de chercher à fuir la situation, mais avant, il faut tenter de faire passer le message de façon indirecte et surtout intelligente. Sur ce volet, il est important de souligner que la peur, la culpabilité ou le doute de soi sont des pièges qui peuvent nous empêcher de prendre une position ferme face à des actions intolérables. Cela peut arriver d’ailleurs de craindre la réaction des autres ou de se sentir coupable en imposant ses propres limites. Pour bien gérer cette situation, je dirai que tout est question de communication. En effet, communiquer de manière affirmée est une compétence qui se développe par la pratique. 
À titre d’exemple, on peut chercher à imposer une «petite» limite qui n’est pas très agaçante, puis augmenter la cadence en passant progressivement à des limites plus difficiles. 

Comment un collaborateur peut-il recadrer son collègue qui ne respecte pas ses limites ?
Tout simplement, il faut avoir le courage de dire «non» et «stop» quand il le faut, mais tout en restant dans un discours basé sur le respect de l’autre. Ceci dit, il faut être dans l’assertivité plutôt que dans l’agressivité, car l’agression dilue le message. Ainsi, si vous estimez que votre zone privée a été franchie ou que vous avez été traité d’une manière irrespectueuse, vous devez le faire savoir en adoptant un discours basé sur le respect. Il ne faut pas avoir peur de la réaction de l’autre. Ce n’est pas méchant d’ailleurs d’expliquer à un collaborateur qu’on n’a pas apprécié son comportement. Cela est plutôt très recommandé et permet de maintenir une bonne relation de travail. Rappelons dans ce sen que sans des limites saines, il est très difficile d’être fidèle à soi-même et de vivre conformément à ses propres objectifs, valeurs et désirs. 

Quel rôle peut jouer le manager dans cette situation ?
Le manager a un grand rôle à jouer du fait qu’il est le mentor et le modèle à suivre. D’ailleurs, il est censé donner l’exemple en adoptant le bon comportement. Il est censé aussi garantir un bon climat de travail basé sur le respect et sur la confiance mutuelle. Pour ce faire, il doit respecter les limites de ses collaborateurs et se faire respecter par eux. Il est tenu aussi de recadrer les personnes qui adoptent de mauvais comportements empoisonnant le climat social en général. 

Propos recueillis par Nabila Bakkass

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