Conseil : On parle de plus en plus de l’importance de poser ses propres limites afin d’entretenir des relations saines et durables. Pourriez-vous nous en dire plus ?
Comment définir ses propres limites ?
Tout d’abord, il faut identifier ce qui est tolérable et ce qui ne l’est pas, notamment sur les plans physique, mental et spirituel. Ensuite, il faut être à l’écoute de ses propres émotions. Toutefois, décider d’imposer ses limites n’est pas suffisant, le passage à l’action est indispensable. Il ne faut pas donc hésiter à parler de ses propres limites aux autres quand il le faut et exprimer qu’on est gêné et qu’on refuse un tel ou tel comportement. Ceci dit, il faut être franc et direct au lieu de chercher à fuir la situation, mais avant, il faut tenter de faire passer le message de façon indirecte et surtout intelligente. Sur ce volet, il est important de souligner que la peur, la culpabilité ou le doute de soi sont des pièges qui peuvent nous empêcher de prendre une position ferme face à des actions intolérables. Cela peut arriver d’ailleurs de craindre la réaction des autres ou de se sentir coupable en imposant ses propres limites. Pour bien gérer cette situation, je dirai que tout est question de communication. En effet, communiquer de manière affirmée est une compétence qui se développe par la pratique. À titre d’exemple, on peut chercher à imposer une «petite» limite qui n’est pas très agaçante, puis augmenter la cadence en passant progressivement à des limites plus difficiles.Comment un collaborateur peut-il recadrer son collègue qui ne respecte pas ses limites ?
Tout simplement, il faut avoir le courage de dire «non» et «stop» quand il le faut, mais tout en restant dans un discours basé sur le respect de l’autre. Ceci dit, il faut être dans l’assertivité plutôt que dans l’agressivité, car l’agression dilue le message. Ainsi, si vous estimez que votre zone privée a été franchie ou que vous avez été traité d’une manière irrespectueuse, vous devez le faire savoir en adoptant un discours basé sur le respect. Il ne faut pas avoir peur de la réaction de l’autre. Ce n’est pas méchant d’ailleurs d’expliquer à un collaborateur qu’on n’a pas apprécié son comportement. Cela est plutôt très recommandé et permet de maintenir une bonne relation de travail. Rappelons dans ce sen que sans des limites saines, il est très difficile d’être fidèle à soi-même et de vivre conformément à ses propres objectifs, valeurs et désirs.Quel rôle peut jouer le manager dans cette situation ?
Le manager a un grand rôle à jouer du fait qu’il est le mentor et le modèle à suivre. D’ailleurs, il est censé donner l’exemple en adoptant le bon comportement. Il est censé aussi garantir un bon climat de travail basé sur le respect et sur la confiance mutuelle. Pour ce faire, il doit respecter les limites de ses collaborateurs et se faire respecter par eux. Il est tenu aussi de recadrer les personnes qui adoptent de mauvais comportements empoisonnant le climat social en général.Propos recueillis par Nabila Bakkass