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Comment surmonter le syndrome de l’imposteur

Avez-vous déjà eu le sentiment de ne pas mériter les succès que vous réalisez en milieu professionnel ? Bien que compétentes, certaines personnes cherchent souvent à attribuer leurs réussites à d’autres facteurs tels que la chance. Cette attitude, appelée le syndrome de l’imposteur, est un phénomène qui peut détruire une carrière professionnelle, d’où l’importance de le gérer. Le point avec Sanae Hanine, PhD, experte en communication, coach et formatrice en développement personnel.

Comment surmonter le syndrome de l’imposteur
Le syndrome de l’imposteur s’explique, entre autres, par une peur constante de l’échec et de ne pas être à la hauteur. Ph. Shutterstock

Conseil : En milieu professionnel, certaines personnes pensent qu’elles ne méritent pas vraiment leur succès. Comment expliquer cela ?
Sanae Hanine
: Plusieurs personnes sont très performantes, mais partagent toutefois une hantise, celle de se sentir comme une «fraude» en attribuant leur succès à la chance. Ces personnes souffrent d’un sentiment d’illégitimité et vivent dans la crainte et la honte d’être découverts. Pour répondre à votre question, je dirais que le sentiment de ne pas mériter son succès est un phénomène psychologique largement répondu, connu sous le nom du syndrome de l’imposteur. Les personnes victimes de ce phénomène sont incapables de s’approprier leurs réalisations. Elles reflètent une fausse conviction d’être incompétentes et elles remplacent les preuves rationnelles de leur propre génie par des doutes, ce qui peut 
se répercuter négativement sur leur vie professionnelle.

Quelles sont les causes du syndrome de l’imposteur ? 
Les personnes confrontées à ce phénomène tendent souvent à un perfectionnisme malsain. Les attentes qu’elles nourrissent, notamment celles d’être spéciales ou d’être meilleures sont parfois irréalistes et ne peuvent pas être satisfaites. Ce syndrome s’explique également par une peur constante de l’échec et de ne pas être à la hauteur. Autre facteur important : Le phénomène de l’imposteur découle de l’incapacité du collaborateur d’évaluer avec précision ses capacités. Se sentir incompétent et être incompétent sont deux choses totalement différentes. Il est à noter aussi que des chercheurs ont imputé ce syndrome à certains antécédents qui contribuent à son ancrage notamment une éducation au sein d’une famille qui valorise grandement les réalisations ou des parents qui basculent entre les louanges et les critiques. D’autres recherches ont confirmé le chevauchement entre le syndrome de l’imposteur et l’anxiété sociale. Une personne atteinte de trouble d’anxiété sociale peut ressentir comme si elle n’appartenait pas à une situation sociale ou à une performance.

Des études révèlent que ce syndrom est assez présent chez les personnes douées ? Êtes-vous du même avis ? 
Effectivement, des études académiques ont révélé que des personnes très talentueuses ont déjà connu ce syndrome. On peut citer des auteurs à succès comme Steinbeck qui pensaient qu’il était un écrivain sans talent. Ceci dit, ce phénomène peut concerner des CEO qui gèrent des entreprises prestigieuses. Des hommes très puissants se demandent aussi si ce qu’ils font est assez bien ou non. De même, selon certaines estimations, 70% des élèves très performants l’ont expérimenté à un moment donné. 

Quels peuvent être les conséquences de ce syndrome sur l’évolution de carrière du collaborateur ? 
Il est normal de ressentir un certain degré d’imposture dans certaines situations, notamment lors d’une transition, d’une reconversion ou même d’une promotion. Or, les choses deviennent critiques lorsque des attentes extrêmement élevées et des notions irréalistes de ce que signifie être compétent commencent à hanter le collaborateur. La tendance à se sentir écrasé par des critiques même constructives et à les interpréter comme confirmation de sa propre insuffisance doit tirer la sonnette d’alarme. 
Il faut savoir que le cycle infernal de l’imposture induit soit à une procrastination, soit à une préparation excessive à la tâche à réaliser. Le syndrome de l’imposteur peut entrainer une démotivation chez le collaborateur qui peut également inhiber à exposer ses idées créatives, ses opinions, ses solutions innovatrices de peur d’être exposé à des jugements. 
Pour certaines personnes, le syndrome de l’imposteur peut alimenter un sentiment de motivation, mais cela a généralement un coût sous forme d’anxiété constante susceptible de se développer en dépression. Il peut également causer des problèmes liés au stress menant à la maladie Comment y faire face ?
D’abord, il est utile de se poser des questions sur ses croyances fondamentales et sur son besoin d’être parfait pour être approuvé et aimé. Il faut également avoir l’audace de reconnaître son perfectionnisme malsain. L’évaluation réaliste de ses capacités peut également aider dans ce sens. Beaucoup de personnes, très intelligentes, souhaiteraient être des génies, mais malheureusement ce n’est pas possible et il faut s’en consoler. Il faut également arrêter de se comparer, car chaque fois que nous le faisons, nous nous rendons compte que nous sommes en faute, ce qui alimente le sentiment d’imposture. Il vaut mieux renverser la tendance par la célébration des réussites et la valorisation de ses efforts. En fin de compte, si nous nous sentons comme un imposteur, cela signifie que nous avons un certain succès. À cet effet, il vaut mieux transformer le sentiment d’ineptie par de la gratitude et surtout il faut passer à l’action. 

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