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Le syndrome de Calimero, ces profils qui se plaignent de tout !

Persuadées d’être victimes d’injustice réelle ou imaginaire, les personnes atteintes du syndrome de Calimero adoptent une posture de victime. Elles n’arrêtent pas de se plaindre de leur situation, du système, du chef hiérarchique, des collègues, etc. La posture de ce profil risque d’impacter négativement la bonne ambiance du travail et d’empoisonner la vie aux autres. Le point avec Sanae Hanine, formatrice en développement personnel et en communication non violente.

Le syndrome de Calimero, ces profils qui se plaignent de tout !

Conseil : Comment définir le syndrome de Calimero ? 
Sanae Hanine :
«C’est trop injuste !» c’est le mot de la victime avec un 
grand V. À longueur de journée, la litanie du persécuté éternel, à qui la vie n’a pas fait de cadeaux, n’est pas exempte de phrases de style «Ce n’est qu’à moi que cela arrive !», «Pourquoi, il faut que cela tombe toujours sur moi ?» Entre thèses du complot, l’illusion de persécution ou un déterminisme écrasant, les personnes atteintes du syndrome de Calimero n’arrêtent pas de pérorer plaintes et récriminations. Persuadées d’être victimes d’injustice réelle ou imaginaire, elles empoisonnant leur propre existence et celle de leur entourage. Convaincues de ne pas obtenir ce qu’elles méritent, elles en veulent aux autres de les mal traiter et de ne pas les apprécier à leur juste valeur. Ce qu’elles ne savent pas, c’est que leur comportement irrite, exaspère et énerve, et que les autres finissent par s’en lasser. Leur attitude est néfaste parce que tout simplement la négativité n’est plus tolérée à aucun niveau et dans n’importe quel environnement social ou professionnel. En agissant de la sorte, elles ont tendance, de façon tout à fait aberrante, à anticiper des agressions de la part des autres, alors que ces derniers n’ont rien fait pour justifier cette impression. Ce qu’il faut souligner c’est que cette attitude n’est pas exempte de bénéfices secondaires pour ces éternelles victimes. 
En effet, ce statut leur confère beaucoup d’avantages, parce que tout simplement «on ne tire pas sur une ambulance !» En adoptant cette attitude, les pseudo-victimes ne sont responsables de rien. Et surtout pas de la partie (engagement, tâches, etc.) qui leur incombe. En imputant la faute aux autres, ils évitent la remise en question et souhaitent susciter la compassion d’autrui. Ce qu’il faut comprendre c’est que ce rôle de victime est corollaire à une sorte de manipulation pour arriver à ses fins d’une manière pas très honnête. La culpabilisation de l’autre est l’un des outils les plus utilisés.

Comment expliquer cette attitude de se plaindre tout le temps ?
Selon les psychologues, le cercle victimaire se construit et se consolide par des manquements venant du passé. Les victimes légendaires construisent leur identité sur des failles : une carence affective et une frustration refoulée, traumatismes, etc. Ils ont ancré dans leur inconscient que le sens à ces évènements vécus comme douloureux est attribué à l’autre, à la malchance. D’ailleurs, les victimes avec un grand V se retrouvent aisément dans des situations qui contribuent à raffermir cette croyance. 
Les personnes atteintes de ce syndrome ont une grosse rage en eux qu’ils nient et projettent sur les autres. Marqués par un manque de confiance en eux, une perte d’estime à un moment ou à un autre de leur parcours, ils ont peur du rejet ou d’être vus comme un mauvais élément surtout en milieu professionnel. Rongés par la culpabilité, ils expliquent leurs échecs par des attributions causales extérieures à eux-mêmes. Dans des situations extrêmes, la victimisation peut être associée à des troubles psychologiques, comme la paranoïa ou de perversion, lorsqu’ils sont feints pour en retirer un bénéfice. Ce qu’il faut retenir c’est que selon le triangle dramatique, la victime qui se rebelle se transformera un jour en persécuteur.

Pourquoi faut-il s’en libérer ? 
Il faut s’en libérer tout simplement parce que les jérémiades à répétition finissent par lasser. Comme un serpent qui mord sa queue, le rejet dont les victimes ont si peur va finir par arriver à cause justement de leurs plaintes incessantes. Pour sortir du cercle victimaire, c’est toute une position de vie qu’il faut corriger.
En comprenant d’abord que personne ne nous doit rien et que nous sommes maîtres de notre destinée et les capitaines de notre propre bateau. Avant d’en vouloir aux autres ou d’accuser le matrix, il faut questionner d’abord ce qui émane de nous et à quel point nous pourrions agir différemment pour changer notre sort. Comme on dit, on ne peut pas attendre un changement dans notre vie sans changement dans notre personnalité. La remise en question ne doit pas aboutir sur de la culpabilité, mais sur le fait d’assumer ses actes afin d’agir sur ceux des autres. Il faut également s’en libérer parce qu’on doit comprendre que les autres n’en ont que faire de nos jérémiades. Au lieu de perdre de l’énergie à accuser les autres, il vaudrait mieux commencer à apprendre à développer de nouvelles capacités qui nous seront plus bénéfiques pour l’atteinte de nos objectifs. 

Certains collaborateurs avancent que lorsqu’ils se plaignent, cela leur fait du bien puisqu’ils expriment leurs sentiments négatifs. Qu’en pensez-vous ? 
Spéculer que l’on est victime du système, du chef hiérarchique, du fournisseur, du collègue… bref de la pluie et du beau temps est tout simplement l’expression d’un mindset de looser. Un collaborateur qui explique ses échecs et ses propres failles par des variables extérieures est tout simplement handicapant et névrotique. Assez souvent, ce genre de personnalités manque d’efficacité. Cette position de vie bancale, en outre, de la malhonnêteté intellectuelle qu’elle implique puisqu’elle a pour objectif d’instrumentaliser autrui pour servir leurs fins personnelles induit plusieurs conséquences négatives sur la productivité et le climat social. En effet, l’entourage du Calimero du service n’est pas obligé de payer la facture de sa blessure narcissique parce que tout simplement elle serait trop lourde à porter et c’est injuste !
Ce dernier est tenu de retirer ses lunettes noires et devrait commencer à prendre conscience de sa responsabilité dans ce qui lui arrive. Il doit comprendre, ou que son chef hiérarchique lui fasse comprendre, que ce qui l’empêche d’avancer c’est sa propre vision des choses. 
Désigner à chaque fois un bouc émissaire pour cacher ses incompétences ou failles confère le sentiment chimérique d’avoir trouvé l’origine du problème. En réalité, c’est un chemin qui ne mène nulle part. Tout ce que l’on obtient, c’est un cercle vicieux de frustrations, de rancœurs et de représailles. L’intelligence d’un chef hiérarchique consiste à repérer le prototype de la victime pour agir en conséquence. À défaut, plusieurs dégâts seront à assumer plus tard.

Quelles sont vos recommandations ? 
Ma recommandation consiste à changer de position du looser à une position de gagnant. Il est requis de prendre conscience que la victimisation est une impasse. Entamer un processus de transformation positive pour remettre les pendules à l’heure nécessite une profonde remise en question. Ceci consiste tout d’abord à changer sa vision du monde et le filtre à travers lequel les choses sont perçues. Ceci ne peut nullement se réaliser sans que les personnes concernées assument tout ce qu’elles entreprennent : émotions, aptitudes, actions et notamment leurs propres limites. 
D’ailleurs, Wayne Dyer a une très belle affirmation à ce sujet : «Si vous changez la façon dont vous regardez les choses, les choses que vous regardez changent». Il est indispensable de reprendre les rênes de sa destinée et jeter aux orties les vieux habits de victime. Plutôt que de se lamenter, il faut apprendre à compter sur soi-même en puisant dans sa force intérieure, en repérant ses croyances limitantes, faire confiance à l’autre et faire la paix avec son passé et même oser le conflit et l’affronter. 

Propos recueillis par Nabila Bakkass

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