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Apprendre à son enfant à dire «non» quand il le faut, c’est important !

Certains parents s’inquiètent énormément du fait que leur enfant ne dit jamais «non». Ils le voient en train d’accepter tout ce que son entourage lui demande, même si au fond de lui-même il n’en a pas envie. Très souvent, l’incapacité de dire «non» chez l’enfant est justifiée par la peur et le désir d’appartenir à un groupe. Or il faut savoir qu’il existe bel et bien d’autres causes expliquant ce phénomène. Il existe aussi différentes manières d’accompagner son enfant pour changer d’attitude.

Apprendre à son enfant à dire «non» quand il le faut, c’est important !
Être conciliant est une belle qualité, mais comme toute chose dans la vie, cela doit avoir des limites.

Faut-il s’inquiéter quand un enfant a du mal à dire «non» ? Jadis, lorsqu’un enfant osait dire «non», cela était considéré comme un signe d’insolence et de mauvaise éducation. Or les choses ont bel et bien changé aujourd’hui ! Il suffit de faire un tour sur les réseaux sociaux et de visiter les groupes de discussion pour constater que les parents appréhendent un tel comportement. Pour Imane Hadouche, master-coach et comportementaliste, la peur des parents est totalement légitime et justifiée. En effet, appuie-t-elle, «un enfant docile à l’extrême, et qui a du mal à s’affirmer ou à se positionner, est une victime toute désignée pour toute sorte de manipulateurs. Il est donc largement plus exposé au harcèlement moral et à tous les abus». Très souvent, l’incapacité de l’enfant à dire «non» est associée au mode d’éducation reçu et qui est basé sur la soumission.
Mais ce n’est pas toujours le cas ! En effet, explique Imane Hadouche, «certains enfants sont naturellement plus conciliants que d’autres puisqu’au sein de la même famille, avec le même mode d’éducation, on trouvera des enfants plus conciliants que le reste de la fratrie. Interrogée sur les profils qui ont le plus du mal à dire «non», l’experte tient tout d’abord à souligner qu’être conciliant est une belle qualité, mais comme toute chose dans la vie, cela doit avoir des limites. Les profils qui ont justement du mal à poser ces limites selon Imane Hadouche sont :
• Les vrais gentils : Étant fondamentalement gentils et ayant grandi dans un environnement bienveillant, ils ont du mal à voir les stratagèmes de manipulation, parce qu’ils n’ont jamais expérimenté ce genre de raisonnement et ne peuvent imaginer qu’on puisse raisonner de la sorte. Ils peuvent continuer à dire «oui» longtemps, et avec plaisir même, avant de se rendre compte qu’ils se font exploiter ou avant de se sentir envahis et épuisés de vivre sous les demandes constantes des autres.
• Ceux qui ont une estime de soi instable : Ces enfants ne rendent pas service pour aider l’autre. De manière consciente, oui, ils aiment aider. Mais au fond, ils se complaisent dans le rôle de la personne «indispensable, irremplaçable, celle sur qui tout le monde peut compter». C’est une manière inconsciente de nourrir leur estime et leur besoin de compliments et de reconnaissance.
• Ceux qui veulent faire plaisir : Ici encore, il s’agit d’éducation. Ces enfants ont grandi avec la croyance que «pour être aimé, il faut faire plaisir aux autres». Ils rendent service parce qu’ils ont peur d’être exclus, peur qu’on cesse de les aimer ou de les apprécier. Dire «oui» est, pour eux, une manière de s’assurer d’être acceptés et intégrés socialement.
• Ceux qui ont de l’empathie : Ils sont très sensibles aux malheurs et aux difficultés des autres. Ils ne cherchent pas de reconnaissance, ni à être aimés ou intégrés, ni à faire plaisir. Ils se font plaisir en répondant aux demandes des autres, surtout quand il s’agit de situations critiques. Souvent ils aident discrètement et se portent volontaires pour le faire.
• Ceux qui culpabilisent : Ils ont grandi dans le reproche, soit envers eux directement, soit avec un parent (ou même les deux) qui rendent les autres et le monde entier coupables de chaque malheur et de chaque contrariété. On leur a mis sur le dos, depuis toujours, tout ce qui allait de travers. Le «non» pour eux est synonyme d’ingratitude et ils savent qu’en disant «non» ils passeront des jours et des nuits à ruminer leur culpabilité et souffrir de leur voix intérieure et leur juge intérieur. Autant dire que ce sont les victimes désignées, très réceptives par rapport au chantage affectif.
• Ceux qui sont timides : Ceux-là sont bien lucides, et bien conscients qu’ils ne réagissent pas comme il le faut face à une demande en acquiesçant, mais comme les timides ont déjà du mal à s’exprimer dans des situations normales, la tâche est doublement pénible quand il faut s’affirmer en disant «non». Ils ont l’impression qu’ils ne parviendront pas à se faire entendre, ni comprendre. Et donc ils acquiescent pour éviter de communiquer ou se justifier. De toute manière, pour un timide, il est plus simple de dire «oui» à contrecœur que de s’opposer et risquer une longue conversation, un échange d’arguments, une critique, ou pire, un conflit.
• Ceux qui sont des enfants dociles : Éduqués à l’ancienne, ils ont beaucoup de respect pour la figure paternel, mais aussi pour toute figure d’autorité. Un respect qui vire des fois à la soumission totale et aveugle.  Ils sont assez conformistes et respectueux des règles, ce qui fait que pour eux, il est impensable de dire «non» car cela revient à se rebeller, à manquer de respect à l’autre ou à agir sans aucune politesse.
Sur un autre registre, Imane Hadouche estime que les parents doivent prendre le temps d’écouter leur enfant et l’aider à travailler sur lui-même. Aussi banale que cela puisse paraître, ce volet est fondamental puisque, rappelons-le, les enfants d’aujourd’hui sont les Hommes du futur. Ainsi, pour aider son enfant à apprendre à dire «non», l’experte préconise qu’il faut d’abord donner l’exemple en tant que parent. Elle partage dans ce sens quelques règles pouvant être utiles dans ce type d’éducation :
• Temporiser : Prendre le temps de réfléchir, c’est leur droit le plus fondamental.
• Analyser : Peser le pour et le contre dans le calme. Questionner les intentions, les motivations et les conséquences.
• Écouter ses émotions : Nos émotions sont un guide formidable et ses émotions lui diront, sans se tromper, quelle est la bonne réponse à donner. Une bonne réponse apporte la paix et la sérénité au fond de soi.
• Ne pas justifier le «non» : En justifiant, il invite l’autre à entrer dans le jeu de l’argumentation et il peut craquer facilement. Un «non» est une réponse complète et légitime.
• Ne jamais déguiser ses réponses : Le «oui, mais…», c’est de la fuite et non de l’affirmation et cela peut mener au jeu précédemment cité, le jeu de l’argumentation.
• Éviter de faire le yoyo : une fois le «non» exprimé, il devrait l’assumer. Il a eu le temps de réfléchir et d’analyser sa réponse, c’est forcément la bonne. Et quand bien même cela s’avère être une mauvaise réponse, s’affirmer c’est aussi assumer ses erreurs.
• Cesser de vouloir réaliser l’impossible : Il est impossible de se faire plaisir et faire plaisir à tout le monde autour de lui. Dans chaque situation, il y aura toujours une personne qui sera un peu insatisfaite, l’essentiel est que personne ne soit réellement lésé. C’est bon de donner quand on peut. Or des fois, il est important de tracer des limites quand ce que nous donnons aux autres on a le sentiment de se l’arracher à soi-même. Le don de soi, oui ! L’altruisme aveugle, non ! Aujourd’hui, le paradigme «sacrificiel» est révolu, et cette notion de sacrifice pourrait s’avérer dangereuse pour l’équilibre mental. 

Les trois différentes formes du «oui»                
Enfant ou adultes, lorsque nous répondons positivement à une demande, le «oui» peut être :
1- Le «oui» conciliant : Nous pensons «non», nous voulons dire «non», mais nous disons «oui». Ce «oui» a pour objectif de nous éviter un conflit ou une rancœur ou encore nous acheter la paix.
2- Le «oui» calculateur : C’est un «oui» qu’on accorde à contrecœur, mais avec des attentes. Avec ce «oui» on attend un retour : de la reconnaissance, une récompense, un remerciement, un autre «oui» à nos demandes… Le souci, c’est que ces attentes quand elles ne sont pas nourries, elles créent de la frustration, de l’indignation, de la colère de la déprime.
3- Le «oui» sans suite : C’est un «oui» immédiat, qui ne donnera aucune suite. C’est simplement de la fuite quand on a du mal à affirmer sa volonté face aux autres. Ce genre de «oui» est destructeur pour les relations et peut détruire la confiance en soi et l’estime de soi.

 

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