À quelque chose malheur est bon. L’innovation a réellement été propulsée en ces temps de pandémie. C’est ainsi qu’un groupe de quatre chercheurs marocains de la startup Aya Projects a créé un dispositif de dépistage pouvant être fabriqué localement et à coût jugé limité. Dénommée «Aya PCX XR», la machine effectue les deux types de tests jugés les plus précis et permettant de détecter l’infection par le Covid-19. «C’est le premier appareil du genre au monde à détecter le virus “Corona” de deux manières. Nous avons ainsi développé deux versions. La première peut réaliser jusqu’à 16 tests toutes les 3h30, la seconde 48 tests en 3 heures», explique au «Matin» l’équipe de Aya Projects, menée par Anice Charaf, ingénieur informaticien, travaillant dans une entreprise de matières premières.
L’innovation dans les veines
Aya Projects est active dans les nouvelles technologies depuis 2008. L’équipe a déjà à son actif plusieurs réalisations dans le domaine de la robotique/animatronique, l’Internet des Objets (IOT), les interfaces cerveau-ordinateur ou BCI et l’interaction Homme/Machine (IHM). Pour rappel, cette même équipe était finaliste de la manifestation «Creative Business Cup Morocco 2015», grâce à son concept fonctionnel de box domotique baptisée «E-Dari» et contrôlée par la pensée via un casque neuronal (Aya EEG).Aya Projects a présenté aussi en novembre 2018 son premier prototype fonctionnel d’un Robot Humanoïde baptisé «Aya», lors d’un évènement organisé par la plus grande communauté mondiale de startups indépendantes «Startup Grind» dans sa version casablancaise.À noter, en outre, que la startup a soumis sa candidature au programme «Imtiaz Technologies Covid-19» qui appuie les TPME investissant dans la fabrication de produits et équipements permettant de faire face à la pandémie du Covid-19. «Nous sommes dans l’attente d’un retour que nous espérons favorable», confie l’entreprise.---------------------------------------------------------------------------
Questions à Anice Charaf, meneur de l’équipe Aya Projects
«Le marché africain des machines PCR est très porteur»
Que faut-il avant de passer à la commercialisation de votre appareil ?
Avant de passer à la commercialisation, nous devons fiabiliser et certifier la machine. Par la suite, nous devons identifier les opportunités commerciales sur le marché cible local et, par extension, le marché international.Quels sont les lieux où l’utilisation de «Aya PCR XR» serait la plus intéressante pour les collectivités ?
Le design compact de la machine lui permet une portabilité parfaite. Ce qui permettra, par ricochet, un dépistage rapide des cas suspects, qui arrivent dans les laboratoires ou dans les aéroports et les postes frontières. D’autres variantes de «Aya PCR XR» seront plus adaptées pour les universités et l’usage dans le cadre de la formation des étudiants en biologie ou en médecine.Quelles sont les opportunités offertes à l’échelle continentale pour ces nouvelles branches technologiques ?
Aujourd’hui, les machines PCR sont importées généralement d’Asie, des États-Unis ou d’Europe. Une production sur un territoire du continent africain permettra sans aucun doute un positionnement adéquat pour pénétrer un marché hautement porteur. La proximité géographique permet une meilleure maîtrise des coûts et de la logistique. Tout un ensemble de facteurs favorisant un prix de vente accessible pour les acteurs africains.L’Afrique est également l’un des continents les plus touchés par les épidémies. Donc, le besoin d’être équipé en appareils de dépistage et de tests biologiques comme la PCR est vital. Toutefois, la réalité économique de la majorité de ces pays ne permet pas souvent d’acquérir ces équipements qui coûtent très cher à l’importation. Ceci dit, tous les éléments sont réunis pour permettre à un acteur marocain de se positionner sur ce créneau.