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Jeudi 28 Mars 2024
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Les citoyens répondent présent à la limitation des déplacements

Finis l’inconscience et le laxisme des premiers jours. Suite à l’appel des autorités à restreindre leurs déplacements et à «l’isolement sanitaire» dans leur domicile, afin de faire face à la propagation du coronavirus au niveau national, les Marocains répondent présent.

Les citoyens répondent présent à la limitation  des déplacements

Il est 19 h au parc des Villes jumelées à Mohammedia. Situation étrangement exceptionnelle : les lieux sont déserts et l’ambiance, habituellement très animée, frôle l’inertie.
Visiblement, la dernière mesure préventive, lancée par les autorités publiques pour faire face à la propagation du Coronavirus au niveau national, qui appelle et exhorte les citoyens à restreindre leurs déplacements et à «l’isolement sanitaire» dans leur domicile, commence à faire effet.
Cafés et restaurants sont fermés, allées et bancs du jardin sont vides et les ruelles voisines sont presque dépeuplées. Seules deux grandes surfaces de ce quartier huppé et très animé de la ville des fleurs (Marjane Market et Carrefour), dont les lumières égayent encore un peu l’entourage, attirent quelques clients.
Même les parkings du parc, habituellement bondés de véhicules, sont en mode pause. «C’est du jamais vu !» s’accordent à dire un gardien et un loueur de voiturettes pour enfants, qui opèrent dans le coin depuis une quinzaine d’années, et qui affirment que leurs recettes quotidiennes ont chuté d’une manière vertigineuse. «Depuis samedi dernier, les visiteurs sont de plus en plus rares. Nos rentrées aussi. Mais bon, c’est la santé des citoyens qui prime». 

Autre lieu, autre ambiance
Nous sommes à Sidi Bernoussi, l’un des quartiers les plus animés de Casablanca, surtout le soir.
L’ambiance n’est pas celle des grands jours. Beaucoup moins de personnes que d’habitude circulent dans les rues. Fait marquant, certaines épiceries ont installé des barrières pour bloquer l’accès à l’intérieur de leurs locaux. Les clients sont servis à l’extérieur.
Au marché Tarik, c’est l’heure de l’appel à la prière d’Al-Maghrib. Suite à la fermeture de la mosquée du coin à cause du Coronavirus, seules deux personnes font leur prière à proximité, à l’air libre. Peu de véhicules sont stationnés dans le parking et les clients sont moins nombreux. Pressés, ils vont à l’essentiel, sans bavardage habituel inutile. Plusieurs portent des masques sanitaires. Poissons, légumes, fruits et autres marchandises sont disponibles à souhait, mais les clients se plaignent de la hausse des prix. Un kilo d’orange navel coûte 9 DH, contre 7, voire 6, en temps normal et le prix des oignons a flambé pour atteindre 12 DH/kg.
«La présence des citoyens dans les rues diminue de jour en jour», affirme un membre de l’association Citoyenneté et Développement, rencontré sur les lieux en pleine campagne de sensibilisation. Sillonnant deux fois quotidiennement les rues du quartier depuis trois jours dans sa voiture personnelle, cet acteur associatif, ainsi que d’autres membres de son association ne cessent d’exhorter les gens à rester chez eux. «Ce soir, j’ai remarqué l’absence presque totale des enfants dans les rues. Chose qui nous préoccupait particulièrement et sérieusement au début de la campagne», souligne-t-il, en rappelant le rôle déterminant des autorités locales qui se sont jointes à la campagne et qui lui ont donné plus d’impact.

Aïn Diab en ce temps-là…
Il est 21 h et il semble être minuit au quartier Aïn Diab. Megarama à l’air triste et la corniche déprimée. La vie dans cette partie de la ville célèbre par son animation nocturne festive se limite ce soir aux longues queues devant les deux Mac Drive de la corniche. En dehors des quelques voitures qui circulent lentement, seuls quelques marcheurs arpentent la côte. Une jeune femme fait son footing, bavette sur le visage. Des vagabonds. Quelques agents de la sécurité. Et puis rien.
Le «Grand» Morocco Mall, dont les portes ont été fermées aux visiteurs quelques heures plus tôt, rumine sa solitude dans son coin. En guise de compagnie, il se contentera ce soir de quatre taxis, deux petits et deux autres grands, qui attendent avec beaucoup d’espoir, de potentiels clients qui tardent à se pointer.
Oisifs, mais gardant le sourire, les chauffeurs des taxis sont sans équivoque. «Mieux vaut rester chez soi maintenant pour ceux qui peuvent le faire, que de s’exposer à la maladie. Que Dieu protège le Maroc et nous préserve tous du Coronavirus», lancent-ils, pleins d’espoir.
Décidément, séparons-nous maintenant pour mieux nous rencontrer demain. 

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