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Les clés pour gérer la peur des collaborateurs

La crise sanitaire a provoqué un sentiment d’inquiétude généralisé, qui peut se répercuter négativement sur le bon fonctionnement des entreprises. Pour faire face à cette situation, les managers peuvent aider et accompagner les collaborateurs en étant à l’écoute et en donnant en permanence des informations rationnelles et factuelles. Les détails avec Jean-Yves Arrivé, psychologue, consultant RH et coach.

Les clés pour gérer la peur des collaborateurs

Face à la crise sanitaire, certains employés sont envahis par un sentiment de peur. Qu’est-ce que vous pouvez nous dire sur ce sujet ? 

Jean-Yves Arrivé
: Qui ne serait pas inquiet face à une épidémie mondiale, face à un virus que l’on ne connaît pas, contre lequel nous n’avons pas les moyens de nous protéger de manière pérenne.  Les errements des pouvoirs publics, qui ont du mal, dans tous les pays à prendre des mesures précises, à les communiquer clairement, à envoyer des messages rassurants ont renforcé cette inquiétude. Hélas, la palme des facteurs anxiogènes revient aux réseaux sociaux qui colportent 80% d’informations erronées, de mensonges publiés volontairement pour déstabiliser les gouvernements, et son quota de déséquilibrés toujours à la recherche d’une pseudo conspiration mondiale. 

Pour contrer la peur, il faut revenir au factuel. Comment peut-on se protéger ? Quels sont les comportements à privilégier, ceux à proscrire ? 

Dans quelques mois, l’arrivée des vaccins, qui sera à nouveau une source de tensions sur les réseaux sociaux, permettra, pour ceux qui choisiront, sous réserve d’informations sérieuses et honnêtes des fabricants, une protection durable éloignera progressivement les peurs.  En attendant, il faut nous informer sur des sites sérieux et responsables, respecter sans faille le port du masque et les distances physiques, se laver fréquemment les mains et vivre sans dramatiser plus que nécessaire la situation. On risque hélas encore, dans de nombreuses parties du monde, de mourir plus facilement de faim que de Covid 19 !

Ce sentiment peut prendre encore du poids quand des salariés sont testés positifs au sein de l’entreprise. Quelles actions RH peut-on entreprendre dans ce cas de figure ? 

La première chose à respecter dans l’entreprise, c’est la transparence ! L’équipe de Direction et la RH doivent être en première ligne pour donner l’information, dire factuellement ce qui se passe. Puis identifier les cas contacts, décider d’isoler un étage, un bureau… Permettre à tous ceux qui ont pu être en relation avec une personne positive au test de le passer également, de manière gratuite bien sûr. On sait maintenant qu’au maximum une semaine d’isolement suffit, si c’est nécessaire. Outre une communication transparente, les managers doivent en permanence rappeler les règles et pointer tout manquement. Il faut sans cesse rappeler que masque et distanciation sont autant destinées à protéger les autres qu’à se protéger soi-même ! Et ce n’est pas parce que je connais bien une personne depuis 20 ans qu’elle ne peut pas être contaminante dans l’absolu. Séparons bien encore une fois l’affectif et le relationnel. La distance physique est juste une protection, pas une prise de distance profonde et réelle. Elle ne doit pas être vécue comme blessante, mais au contraire comme respectueuse de l’autre. 

Certains experts estiment que cette peur est irrationnelle. Êtes-vous du même avis ? 

Une peur est irrationnelle dès lors qu’elle est nourrie par des craintes qui ne sont pas fondées, étayées par des données factuelles, scientifiques.

Elle est amplifiée aussi par notre personnalité propre. Certaines personnes, habituellement anxieuses et craintives, donnent plus souvent écho aux informations pouvant alimenter les peurs irrationnelles. Se tenir à l’écart des informations anxiogènes non fondées, des rumeurs est sans doute la meilleure façon de s’en prémunir. Personne ne nous dit que durant cette période, il n’y a aucun risque, mais que ce risque peut être réduit par un comportement respectueux de règles d’hygiène strictes et de distance sociale. Concentrons-nous sur l’ici et maintenant. Et n’oublions pas le vieil adage : la peur n’évite pas le danger. 

De manière générale, par quels moyens le manager peut-il aider ses collaborateurs à mieux gérer le sentiment de peur ? 

Les managers peuvent aider et accompagner les collaborateurs dans cette période difficile en étant à l’écoute et en donnant en permanence les informations rationnelles et factuelles qui peuvent être aidantes pour eux. Ils peuvent montrer leur souplesse, leur adaptation dans l’organisation du travail pour soulager certaines personnes anxieuses, sans oublier néanmoins que l’entreprise est tenue de faire respecter des règles parfois contraignantes, de manière équitable.  On peut par exemple éloigner les postes de travail les uns des autres, même si on respecte déjà les normes, pour rassurer une personne, fournir des gants à ceux qui manipulent beaucoup d’objets sur les bureaux, procurer un masque à un collaborateur qui souhaite en changer toutes les 2 heures, offrir des espaces de pause qui permettent de s’isoler au moins quelques minutes loin du groupe… 

Plus globalement, faciliter à chaque fois que c’est possible le travail à distance, être attentif à chacun. Idéalement, il conviendrait d’être dans un management qui renforce la responsabilité et l’autonomie de chacun seraient également des signaux positifs renvoyés aux équipes.

Quelles sont les erreurs à éviter durant cette phase critique ? 

Il n’est pas aisé d’éviter les erreurs, car le stress au quotidien nous y conduit parfois. Il convient de communiquer le plus possible avec beaucoup de pédagogie. On doit rechercher l’adhésion, donc permettre le dialogue. Idéalement, les décisions prises en concertation avec une équipe sont plus souvent appliquées de façon rigoureuse. Plus que jamais, l’écoute et l’empathie restent les meilleurs outils du manager et du dirigeant d’entreprise. Ce n’est pas simple pour eux, car il faut aussi qu’ils composent avec leur propre stress, avec les difficultés multiples qu’ils rencontrent. Alors, j’ajouterai l’indulgence et la bienveillance. Des comportements à maintenir une fois la phase critique passée ! 

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