Conseil : Le coronavirus commence à inquiéter la population active, quel est l’impact d’un tel phénomène sur le climat de travail ?
D’après vous, quelles sont les mesures que les entreprises doivent prendre pour éviter la panique au sein de l’entreprise ?
À mon avis, il faudra tout simplement communiquer avec les collaborateurs à travers les différents canaux possibles par l’email, l’affichage, les réunions de sensibilisation, etc. Les gens en général sont craintifs quand ils ne disposent pas d’informations suffisantes sur le sujet. Informer ses collaborateurs correctement en impliquant le médecin de travail et/ou le Comité d’hygiène et de sécurité (CHS) est un pas important pour les rassurer et les mieux éclairer afin de se protéger de tout risque. Informer et montrer son soutien est déjà un premier pas pour rassurer. En effet, certains collaborateurs se livrent aux informations, et parfois, aux rumeurs qui circulent au niveau des réseaux sociaux sans remettre en cause la véracité des informations consommées. Dans d’autres cas, des informations intox ou non fondées circulent au sujet de ce virus et sa propagation et sèment la peur plus qu’autre chose. Il y a une énorme différence entre inquiéter et aviser.Quel rôle pour la fonction RH et par quels moyens peut-on informer les collaborateurs des bonnes pratiques à adopter ?
La fonction RH et dans certaines entreprises la fonction communication a pour mission dans cette conjoncture d’informer les collaborateurs correctement à propos du Coronavirus, et ce, en collaboration avec le médecin de travail, le CHS, et les délégués du personnel. En faisant ainsi, la fonction RH augmente l’immunité de ses collaborateurs contre les informations qui sèment l’inquiétude plus qu’autre chose. La fonction RH doit aussi se pencher avec les parties prenantes pré-listées sur les mesures de préventions possibles et les mettre en œuvre. À titre d’exemple, les risques liés au pointage digital quant à la contamination du coronavirus, l’utilisation des ascenseurs à forte densité, les dispositions hygiéniques aux toilettes et à l’entrée. Ainsi, on pourrait recommander de bannir les poignées de main ou tout contact corporel ou même l’arrêt de la climatisation dans les lieux de travail. Bien évidemment, tout ce que j’ai listé comme exemples de mesures doit être validé préalablement avec le médecin de travail. Les mesures sont intimement liées à l’ergonomie et au lieu du travail ainsi que d’autres facteurs que le médecin est le mieux placé pour en parler avec exactitude.Ne risque-t-on pas d’alimenter les peurs chez les collaborateurs en informant trop ?
Pas du tout. De toute façon, ils vont consommer les informations disponibles soit par curiosité ou par intérêt. Il s’agit de placer le discours interne en dessus de celui qui prédomine à l’extérieur. La proximité via l’information, surtout quand cette dernière est bien structurée, est cruciale dans de tels cas. Il s’agit d’aider les collaborateurs à se concentrer sur l’essentiel et ne pas paniquer à cause des informations qui circulent autour d’eux.Un employeur pourrait-il refuser l’accès à l’entreprise à un salarié qui présente quelques symptômes de grippe sévère ?
Personnellement, je ne suis pas au courant d’une disposition légale claire à ce sujet. Ceci dit, l’employeur est tenu d’assurer la santé et la sécurité de ses collaborateurs. De ce fait, et dans ce contexte, je présume qu’il a le devoir de l’empêcher de rentrer avant de faire des tests complémentaires. En effet, si l’entreprise est dotée d’un thermomètre frontal lui permettant de détecter des cas douteux et au cas où le médecin de travail ou l’infirmier(e) constate un tel risque, le salarié devra s’exécuter, car il en va de la sécurité et santé des collègues. Le cas échéant, si l’entreprise avise l’autorité compétente, cette dernière fera le nécessaire avec une éventuelle mise en quarantaine de 14 jours !Propos recueillis par Nabila Bakkass