Conseil : La curiosité constitue une qualité professionnelle importante. Quand est-ce qu’elle peut devenir maladive ?
Quels sont les signes de la curiosité maladive qu’on peut observer ?
Habituellement, les premiers signes d’une curiosité mal placée sont les tentatives de discussions avec les questionnements poussés qui ne sont pas directement liés au sujet principal, ou carrément les indiscrétions concernant la vie privée. C’est assez délicat de poser la limite et chaque personne a des besoins de partage différents : ce qui est une question gênante pour quelqu’un peut être juste un signe d’intérêt bienveillant pour quelqu’un d’autre. Donc, il faut vraiment être à l’écoute et observer son interlocuteur pour s’adapter à ses attentes et ne pas passer pour un «foudhoul». Une autre habitude fâcheuse, encore plus grave est de fouiller dans le courrier, dans les dossiers déposés sur les bureaux ou même observer les écrans des ordinateurs ou des téléphones des collègues. Enfin, le plus grand classique : écouter aux portes, tendre l’oreille à proximité des discussions auxquelles on n’est pas invité ou capter attentivement les brins de conversations de passage dans les lieux publics.Comment se protéger de la curiosité maladive des collaborateurs ?
Pour commencer, nous devons être attentifs et veiller à établir les barrières physiques d’accès à nos informations en aménageant l’espace de travail qui favorise le minimum de discrétion. Je suis consciente que dans la réalité par exemple d’un open space c’est très difficile, mais fort heureusement les entreprises ont déjà progressivement commencé à abandonner ce collectivisme forcé, et actuellement la tendance est à favoriser aux collaborateurs la juste dose d’espace privatif. Deuxièmement, nous devons avoir les mots de passe sur nos supports de stockage, les GSM, etc. Cela paraît banal, mais les codes trop faciles à deviner ou accessibles par des tierces personnes ne remplissent pas leur rôle de protection.En ce qui concerne notre propre communication, je conseillerais à tout le monde d’éviter les sujets non professionnels au bureau : les confidences sur les questions personnelles, les appels à la famille et aux amis, la prise des rendez-vous médicaux, etc. Un curieux maladif n’attend que ça pour alimenter son intérêt malsain !Enfin, tout en étant discret et ordonné, nous pouvons toujours être exposés aux «abordages amicaux» et autres tentatives de nouer une conversation dont le seul but serait de nous faire parler. Il faudra donc être attentif et poser les limites pour que les choses n’aillent pas plus loin.Par quels moyens peut-on recadrer un collaborateur qui pose trop de questions sans le blesser ?
C’est la définition même de l’assertivité ! Se faire respecter par les autres tout en étant respectueux envers eux. Pour adopter cette posture et l’appliquer dans la pratique, nous avons de nombreux outils, notamment les techniques de la CNV (la communication non-violente telle que décrite par Marshall Rosenberg déjà dans les années 1970) et aussi les techniques de la communication diplomatique (positive, précise et optant pour le choix des mots courtois, selon mon propre modèle mis en place depuis 2000). À mon avis, en recadrant la personne trop curieuse il faut toujours être direct et clair afin d’éviter toute erreur d’interprétation, et notre empathie envers elle ne peut pas être un obstacle pour remettre les choses en place. Il en va du bien-être de tout le monde et aussi de l’efficacité de travail collectif.Propos recueillis par Nabila Bakkass
