Le Matin : Qui seront les bénéficiaires de la maison de soins ?
Myriam Nciri : Dar Zhor, maison d’accompagnement et de mieux-être des personnes touchées par un cancer, est active déjà depuis deux ans sur Casablanca et a été hébergée jusque-là généreusement par un partenaire qui a mis à notre disposition ses salles de réunion en attendant que nous puissions avoir nos propres locaux.
Dar Zhor accueille des personnes traversant l’épreuve d’un cancer pendant et après la fin des traitements, des femmes, des hommes et prochainement des enfants, quel que soit le type de cancer. Toutes les activités sont gratuites.
C’est un premier pas et nous aimerions pouvoir permettre à plus de personnes de bénéficier de soins de support. L’objectif étant de créer d’autres maisons à travers les grandes villes du Maroc. Pour cela, il faut des moyens et nous avons besoin de l’aide des institutions.
Parlez-nous des actions de l’association Dar Zhor depuis sa création...
Dar Zhor est une maison de soins de support ayant pour objectif d’améliorer la qualité de vie des personnes touchées par le cancer, pendant les traitements de la maladie et dans la période de l’après-cancer, quel que soit le type de cancer.
Dar Zhor s’inscrit dans un parcours de santé prenant en considération l’ensemble des besoins du malade et de ses proches tant sur les plans physique, psychologique que social, et propose un large éventail de soins qui vont de l’activité physique adaptée (Qi Gong, Tai Chi, Yoga, Pilate), du soutien psychologique via des groupes de parole, des séances d’art thérapie, d’hypnose pour gérer les effets indésirables de la maladie et des traitements (fatigue, nausées, anxiété...) ou de soutien psychologique individuel, à du conseil nutritionnel, des soins d’onco-esthétiques, des rencontres entre spécialistes et patients où toutes les questions peuvent être posées. Par contre, Dar Zhor ne délivre aucun traitement médical. Notre comité de pilotage scientifique sélectionne les activités proposées et les intervenants qui les animent. Ces derniers sont tous des professionnels bénévoles ayant une grande expérience, médecins, psychologues, psychothérapeutes, enseignants sportifs.
Actuellement, Dar Zhor organise à Casablanca plus de 25 ateliers mensuels, soit près de 45 heures d’accompagnement chaque mois. Nous organisons une fois par mois des rencontres d’information entre spécialistes et patients et un événement annuel qui, cette année, aura lieu le samedi 6 juin 2020 à l’Université Mohammed VI des sciences de la santé qui réunit patients et cancérologues pour échanger, s’informer et porter, ensemble, un autre regard sur le cancer. À Rabat, Dar Zhor a démarré doucement en proposant des groupes de parole.
Que pensez-vous de la situation des malades atteints de cancer au Maroc ?
Au Maroc, le cancer est un problème majeur de santé publique et représente la deuxième cause de mortalité, après les maladies cardio-vasculaires, avec chaque année 52.800 nouveaux cas diagnostiqués, d’après Globocan 2018.
Le cancer, quel que soit le pays, est une épreuve difficile. Véritable traumatisme, il génère angoisse, douleur, bouleversements familiaux, sociaux et professionnels et c’est encore un sujet tabou chez nous. Les personnes touchées se retrouvent confrontées à leur sort et, quel que soit leur contexte familial et social, à une forme de solitude face aux ressentis physiques et émotionnels. Il est important de pouvoir leur proposer des soins de support en plus des traitements conventionnels pour améliorer leur qualité de vie et leurs chances de guérison.
Propos recueillis par Hajjar El Haiti