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«Nous emprunterons, progressivement et dans des proportions raisonnables, la voie du renforcement de l’enseignement à distance en fonction des spécificités des filières de formation»

Si l’obligation de passer à l’enseignement à distance a surpris certains, pour l’Université internationale de Rabat c’était plutôt une transition aisée puisque l’établissement s’est engagé depuis des années dans un processus ambitieux de digitalisation. Pour la prochaine rentrée scolaire, l’Université travaille sur trois scénarios : tout en présentiel, enseignement partiellement à distance ou hybride. Une décision que dicteront l’évolution de la situation et les échanges avec le ministère de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Éclairage avec Noureddine Mouaddib, président de l’Université Internationale de Rabat.

«Nous emprunterons, progressivement et dans des proportions raisonnables, la voie du renforcement de l’enseignement à distance en fonction des spécificités des filières de formation»

Le Matin : Une année exceptionnelle qui est en train de changer le monde. Quelles leçons faut-il retenir notamment pour le secteur de l’enseignement ?

Noureddine Mouaddib
: Nous pensons que le secteur de l’enseignement a connu une mutation exceptionnelle, en un temps record, dans les approches pédagogiques, fondées sur les méthodes d’enseignement à distance. Les résultats obtenus globalement ont été satisfaisants en matière de continuité pédagogique, particulièrement au niveau de notre université. L’enseignement supérieur est appelé à accorder davantage de place aux enseignements numériques et à distance. Des méthodes pédagogiques autour de l’enseignement numérique doivent être développées, les étudiants doivent intégrer ces nouvelles méthodes dans leurs cursus de formation. Le futur de l’enseignement, aussi bien au niveau national qu’international, s’inscrit dans cette direction : plus de modules d’enseignement numérique, à distance et hybride.

En ce qui concerne l’UIR, nous emprunterons, progressivement et dans des proportions raisonnables, la voie du renforcement de l’enseignement à distance, au sein de notre université, durant les prochaines années, en fonction des spécificités des filières de formation. Notre intérêt pour l’enseignement à distance ne date pas d’aujourd’hui, en effet, nous avons initié depuis trois ans un projet structurant au sein de notre université pour introduire l’enseignement, que nous allons poursuivre avec plus d’ambition et en accélérant sa réalisation.

Le passage au tout digital était l’un des défis à relever dans un temps record. Comment avez-vous géré cette transition et comment évaluez-vous cette expérience ?

Dès l’annonce de la suspension des cours, en présentiel, et jusqu’à nouvel ordre par le ministère de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, l’UIR, à l’instar des universités à travers le monde, a fait le choix de l’enseignement à distance.  Ainsi, l’UIR a pris, immédiatement, une série de mesures visant la protection de ses étudiants et de son personnel au sein du campus, dont la fermeture des résidences universitaires et la suspension des cours, en présentiel, à partir du 16 mars 2020. L’Université a alors élaboré une stratégie de continuité pédagogique, basée sur l’usage de plateformes digitales pour assurer les enseignements, à distance, pour tous ses étudiants. Capitalisant sur son expérience réussie dans l’usage des plateformes digitales en matière d’enseignement des langues, d’une part, et de l’autre, sur le savoir-faire et la maîtrise, acquis par ses équipes spécialisées, dans la mise en œuvre des solutions digitales dans l’enseignement, l’UIR a fait le choix des plateformes de Microsoft Teams pour déployer tous ses enseignements à distance. Ce choix a été dicté par 3 éléments déterminants : fiabilité de l’outil ; facilité et rapidité de sa mise en œuvre ; offre de fonctionnalités multiples et variées permettant d’organiser des réunions en groupes, d’assurer une certaine interactivité, partager des documents et supports, enregistrer des séances de cours.

Globalement, nous sommes fiers des résultats probants réalisés, durant cette période. Les indicateurs de suivi du dispositif d’enseignement, à distance, sont plus que satisfaisants : 

• La quasi-totalité des 5.500 séances programmées, au niveau de toute l’Université, ont été réalisées ; ainsi tous les cours prévus ont été effectivement 

réalisés. 

• Le taux global de participation des étudiants aux séances de cours, à distance, est autour de 80%.• Le suivi de l’assiduité des étudiants, au niveau des différents établissements, a montré que les étudiants avaient adhéré de façon responsable au dispositif en suivant, de façon régulière, leurs séances programmées des cours à distance.

• 95% des séances réalisées ont été enregistrées sur la plateforme Teams, permettant ainsi aux étudiants de revoir les cours à tout moment ; ces enregistrements ont été rapatriés, par la suite, sur des serveurs internes de l’UIR.

• des enquêtes de satisfaction, menées auprès des étudiants, ont montré une appréciation positive de ces derniers avec un taux dépassant 75% de satisfaction globale.

• Tout le corps professoral, aussi bien permanent que vacataire, s’est mobilisé et a œuvré activement à la réussite de cette opération.

Il faut rappeler, à cette occasion, que nous avions un souci d’équité, entre étudiants, en matière de qualité de connexion à l’internet ; ainsi, nous avons mené une opération d’aide aux étudiants, n’ayant pas accès à internet, en leur offrant des abonnements internet.

Comment préparez-vous la prochaine rentrée compte tenu de toutes ces mutations ? 

La situation sanitaire inhérente au Covid-19 reste quand même instable aussi bien au niveau national qu’international ; de ce fait, les prévisions pour la rentrée académique ne semblent pas être rassurantes pour le moment. Au niveau de l’UIR, nous sommes attentifs aux décisions des autorités gouvernementales compétentes en la matière, notamment les orientations du département de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Nous préparons notre entrée de façon régulière, en envisageant quelques scénarios possibles : tout en présentiel, avec le respect des mesures de barrières sanitaires ; enseignement partiellement à distance ou hybride (présentiel – distanciel). Le scénario final qui sera adopté résultera des décisions du ministère de tutelle.

Nous nous devons de rassurer les étudiants que leur formation sera réalisée en totalité conformément aux descriptifs pédagogiques des cursus respectifs de leurs filières de formation. 

La technologie et l’écologie seront les maîtres mots du monde de demain. Quelle place accordez-vous à ces deux priorités en termes d’offre de formation ?

Nous pensons que le digital occupera désormais une place de choix dans l’enseignement supérieur, particulièrement l’enseignement à distance (notamment le e-learning) ; celui-ci constitue, en fait, un dispositif complémentaire de l’enseignement classique en présentiel. Cette mixité des deux types d’enseignements présente plusieurs avantages : (i) réduire les cours en présentiel au profil de plus de travail personnel et de stages ; (ii) permettre aux étudiants d’avoir un accès permanent à leur cours, moduler le rythme d’apprentissage, et d’améliorer ainsi l’acquisition des connaissances et des compétences ; (iii) réduire la pression sur les espaces de formation au niveau des universités qui connaissent une massification importante ; (iv) le corolaire du point précédent est l’optimisation des investissements dans des locaux de formations mais plus dans les infrastructures de développement de l’enseignement à distance. 

C’est la tendance qui se profile au niveau des universités internationales de renom. Nous nous inscrivons dans cette tendance et nous entamons, en douceur, notre mutation vers l’enseignement à distance dans des proportions mesurées et raisonnables. 

Cependant, il ne serait pas réaliste de dire aujourd’hui que nous basculerons tout en e-learning. Ce dernier sera, cependant, un appui à l’enseignement en présentiel qui restera la norme, pour des raisons et des valeurs que nous défendrons, à savoir : (i) la sociabilisation de nos étudiants, par-là, nous entendons que nous privilégions à ce que nos étudiants se rencontrent, se fréquentent, débattent, développent en groupe des projets sociaux, … bref, on aimerait véhiculer les valeurs humanistes auprès de nos étudiants ; (ii) et bien sûr garder l’interaction et la mise en situation réelle de pratique professionnelle de nos étudiants, pour les préparer à la vie active et à leur employabilité. 

Par ailleurs, les questions écologiques, ou globalement les préoccupations de développement durable, sont présentes dans nos différents cursus de formation en plus des actions de sensibilisation de nos étudiants à travers la panoplie de manifestations scientifiques que l’UIR organise sur ces thématiques. L’Université a, par ailleurs, adopté un Plan de responsabilité sociale de l’Université, dans lequel la question de gestion durable de l’environnement est intégrée.

Quelles sont vos priorités pour mieux préparer les lauréats à intégrer le monde du travail, notamment pour s’adapter au télétravail qui deviendra l’un des modes de travail en entreprise ?

Nous avons développé cette université avec une valeur essentielle qui est l’excellence. Notre priorité est résumée ainsi : former des cadres et citoyens de demain de qualité et capables de répondre aux besoins du développement socio-économique du pays, voire du continent africain. L’excellence est matérialisée dans les cursus de formation de niveau international, la mobilité des étudiants dans les universités partenaires pour acquérir une expérience à l’international, l’acquisition d’un savoir-faire et d’une expérience professionnelle à travers les activités de stage tout au long des cursus de formation de nos étudiants.

De plus, des modules de formation aux softs skills sont intégrés dans les programmes de formation de nos étudiants en vue de mieux les préparer à l’insertion dans le monde de l’emploi. Il est utile de rappeler, à cette occasion, que nos étudiants forgent leurs premières expériences d’acteurs sociaux, à travers nombre de clubs auxquels ils participent et qu’ils gèrent, de façon autonome ; lesdits clubs sont actifs dans la société civile. 

Évidemment, les lauréats seront de plus en plus exposés à la formation en digital (e-lerning, télétravail dans le cadre de leurs rendus de stage, travaux personnels...), ce qui les habilitera à développer des compétences dans les méthodes de travail via le digital, notamment le télétravail dans les organismes ou entreprises publics ou privés dans lesquels ils seront appelés à exercer. 

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