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Les entreprises entre florescence, crise et résilience

Les entreprises entre florescence, crise et résilience

L’économie nationale se redresse progressivement, à en croire les statistiques du Haut Commissariat au plan. Mais des pans entiers ont fait les frais de la crise économique et sociale engendrée par la pandémie du coronavirus, tant et si bien que des entreprises ont mis la clé sous le paillasson, quand d’autres ont réduit leurs effectifs et d’autres encore ont cessé toute activité en attendant des jours meilleurs. Il est vrai que les sociétés victimes de cette crise sont plus nombreuses que celles qui en sont sorties indemnes. Toujours est-il que des activités ont trouvé là une opportunité pour doper leur business, comme c’est le cas pour la grande distribution, le e-commerce, le matériel informatique et technologique, les articles et équipements sportifs, les produits sanitaires... et la liste est longue. En fait, c’est tout le mode de vie et de consommation du Marocain qui a été mis à l’épreuve de cette pandémie aux conséquences inédites. Avec le télétravail, l’éducation à distance, la télémédecine, le commerce en ligne, la presse en ligne, le consulting en ligne, c’est tout l’écosystème du digital qui s’est retrouvé fortement sollicité, impliquant parfois de sérieux investissements pour riposter au mouvement. À la lecture des résultats semestriels des entreprises cotées à la Bourse de Casablanca ou d’autres, privées comme publiques, il est évident que la crise a laissé des traces sur les performances commerciales ou financières ou les deux. Il n’empêche, nombre de structures ont montré une résilience qui en dit long sur leur solidité. Tour d’horizon.


Banques : La rentabilité en prend un coup

Le système bancaire fait preuve de résilience. Toutefois, sa rentabilité est lourdement impactée par la dégradation du risque de crédit et les dons au Fonds de riposte à la crise Covid-19, comme le confirment les résultats semestriels du Top 3.
Pour Attijariwafa bank, malgré une hausse de 5,1% du produit net bancaire (PNB) à 12,4 milliards de DH, le résultat net part du groupe (RNPG) affiche à fin juin un repli de 57,5% à 1,2 milliard. Cette chute des bénéfices s’explique par la hausse significative du coût du risque (+231%) pour atteindre 3 milliards de DH au 1er semestre. Cette évolution est en lien avec le provisionnement «anticipatif et prudent» associé à la détérioration du risque de crédit. Rapporté aux encours de prêts, le coût du risque consolidé du groupe se dégrade à 1,70%, contre 0,54% au premier semestre 2019. S’ajoute la contribution exceptionnelle au Fonds spécial Covid-19.
Pratiquement, la même tendance est observée chez le groupe Banque Centrale Populaire. Si son PNB s’est apprécié au 1er semestre de 13,9% à 10 milliards de DH, son RNPG a chuté de 38% à 1,01 milliard de DH. Et pour cause, le coût du risque consolidé a bondi de 115% à 3 milliards de DH, intégrant notamment des provisions IFRS «Forward Looking» en anticipation des impacts de la pandémie sur les opérateurs économiques. Par ailleurs, explique le groupe, le coût du risque du deuxième trimestre 2020 a été partiellement aggravé par la faiblesse du recouvrement, attribuable au confinement de la population dans les différents pays d’implantation de la banque. La rentabilité a été, en outre, impactée par la hausse des frais généraux de 23% à 5,4 milliards de DH, intégrant notamment une charge exceptionnelle de 500 millions, liée à l’intégration au prorata de l’année du don Covid-19. À périmètre constant et hors impact du don, les charges augmentent de manière maitrisée de 3%. Pour ce qui est de Bank Of Africa, le groupe affiche une résilience de l’activité, avec une légère hausse du PNB consolidé de 1% à fin juin pour atteindre 7 milliards de DH. Cependant, le groupe a subi une baisse de 68% du RNPG à 373 millions de DH. Cette chute fait «suite à l’imputation intégrale du don au Fonds spécial Covid-19 d’un montant global de 1 milliard de DH et la hausse du coût du risque consolidé de +68% à 1,5 milliard de DH, intégrant les impacts prévisionnels de la crise sanitaire, sur la base d’un modèle de provisionnement dynamique et prospectif : Forward Looking». À l’instar du Top 3 du secteur, d’autres banques dynamiques de la place ont subi le même sort. C’est le cas par exemple du groupe CIH Bank qui affiche, au premier semestre, une hausse à deux chiffres pour les dépôts (+19,2%), les crédits (+17,2%) et le PNB (+17,4%) consolidés.  Toutefois, la banque a accusé un recul de 69,8% de son RNPG. Motif : l’imputation intégrale des 150 millions de DH du don au Fonds Covid-19 et de l’impact du coût du risque prospectif. Ce dernier a bondi de 150% pour atteindre 414,66 millions de DH, «traduisant la volonté de la banque de couvrir certains dossiers de manière prospective», a expliqué Lotfi Sekkat. En pro forma, c’est-à-dire hors don au Fonds Covid-19 et du coût du risque prospectif, le résultat net s’afficherait à 251,2 millions de DH, soit 25,4% de plus sur un an. De même, le groupe BMCI a enregistré, à fin juin 2020, un PNB consolidé de 1,55 milliard de DH, soit une progression de 1,1%. Cependant, le résultat net consolidé s’est établi à 56 millions de DH, en diminution de 84,2%. Ceci suite à une hausse significative du coût du risque de 182,6% à 494 millions de DH, conjuguée à la contribution exceptionnelle au Fonds Covid-19 à hauteur de 85 millions de DH qui a fait l’objet d’un étalement sur 4 trimestres.

Moncef Ben Hayoun


Report et  suspension des remboursements  pèsent sur les sociétés  de financement

Report des échéances, suspension des loyers, baisse de la production… Les effets de la crise liée à la pandémie sur les sociétés de financement ne se sont pas fait attendre. Chez Salafin, filiale de BMCE Bank Of Africa, par exemple, la crise a déteint sur ses processus de recouvrement et de gestion du contentieux. La solvabilité des clients, jusque-là irréprochables, a également été touchée. Résultat : un produit net bancaire de 168 millions de DH, en baisse de 18% sur un an. Son résultat net, lui, ressort à 18,2 millions de DH, en repli de 74,8% sur un an. Chez Eqdom, qui a enregistré une forte baisse de la demande, le résultat net plonge de 58% à 33,4 millions de DH pour un produit net bancaire en recul de 8% à 255,57 millions de DH. «Cette crise a eu un impact important sur le marché du crédit à la consommation qui a enregistré une baisse drastique de la demande client de mars à juin 2020», explique Eqdom.
Les comptes de Maroc Leasing, filiale du groupe BCP, ont également été impactés par «l’effet de la suspension des loyers et la baisse de la production liée à la crise de la pandémie du coronavirus». Le PNB chute, passant de 150,98 millions à fin juin 2019 à seulement 122,74 millions au premier semestre 2020. Le résultat net, lui, ressort à 14,57 millions de DH, contre 35,41 millions un an plus tôt.

 Abdelhafid Marzak


 Le BTP plombé par l’arrêt des chantiers

Le secteur des BTP est l’un des plus touchés par la crise. Les entreprises y opérant ont toutes souffert d’une manière ou d’une autre de ses effets. «La contraction marquée du secteur de la construction de mars à mai 2020 s’est traduite par une baisse des volumes de vente de 27% par rapport au premier semestre 2019 avec une pression accrue sur les prix», indique le management de Sonasid. Ainsi, le chiffre d’affaires consolidé du sidérurgiste atteint 1,2 milliard de DH, contre 1,81 milliard un an plus tôt. Pour leur part, l’EBITDA consolidé se situe à 26 millions de DH contre 81 millions un an auparavant et le RNPG chute à -42,56 millions de DH contre +5 millions un an plus tôt. Le résultat net consolidé ressort également négatif à 42,5 millions de DH après +5,2 millions un an auparavant. Sonasid n’est pas la seule à afficher des résultats en berne dans un marché fortement impacté par les répercussions de la crise sanitaire mondiale. Jet Contractors, elle aussi, en a fait les frais. À tel point qu’elle alerte déjà sur ses résultats à la fin de l’année. «Suite aux incertitudes qui pèsent sur le marché, les performances financières de Jet Contractors en 2020 seront en très net retrait par rapport à celles de l’exercice précèdent», avertit la société cotée. Son chiffre d’affaires consolidé baisse de 20,3% à 655,8 millions de DH. Le résultat d’exploitation consolidé a, pour sa part, chuté de 62,3% en un an, à 57,8 millions de DH. Le RNPG, lui, se contracte de 73,6% à 20,6 millions de DH. Même son de cloche chez LafargeHolcim qui a évolué dans un marché du ciment en baisse de 18,5% au premier semestre. Le cimentier a été impacté par la chute des ventes ainsi que sa contribution au Fonds spécial mis en place pour lutter contre le Covid-19. Son chiffre d’affaires consolidé, lui, se déprécie de 18% à 3,18 milliards de DH. Le résultat d’exploitation courant a baissé de 15% à 1,41 milliard de DH. Le RNPG ressort, pour sa part, à 431,01 millions de DH, soit un repli de 54,4% sur un an. Ciments du Maroc ne déroge pas à la règle et affiche une dégringolade de 62% de son résultat net à 192 millions de DH. Également contributeur au Fonds spécial Covid-19, le cimentier affiche un chiffre d’affaires consolidé qui s’affaisse de 15,2% sur un an à 1,75 milliard de DH. Également en retrait, le résultat d’exploitation se situe à 526,11 millions de DH, contre 726,62 millions un an plus tôt. Le RNPG, lui, passe de 499,6 millions à fin juin 2019 à 190,18 millions au premier semestre 2020. 

Abdelhafid Marzak


Face à la montée des impayés, les assureurs dopent le provisionnement prudentiel

Face à la montée des impayés et la contreperformance des marchés financiers, plusieurs assureurs ont choisi des méthodes de provisionnement prudentes. Ce qui a impacté leur rentabilité au premier semestre, comme c’est le cas pour Wafa Assurance et Saham Assurance. Le secteur dispose, néanmoins, de fondamentaux solides et maintient ses objectifs de rentabilité à moyen terme. Entre février et mai dernier, le marché a enregistré 4 baisses mensuelles d’affilée pour le chiffre d’affaires et n’a renoué avec la hausse qu’à partir de juin avec un tassement en juillet. 
Selon le supplément Covid-19 accompagnant le Rapport sur la stabilité financière N°7, le montant des primes émises s’est établi à 21 milliards de dirhams à fin mai, en baisse de 2,8% par rapport à la même période un an auparavant. Ce mouvement de baisse a touché aussi bien l’assurance vie et capitalisation (-5,2%) que l’assurance non-vie (-1,1%). 
La collecte des produits d’épargne a également reculé de 5,3% à 7,1 milliards de DH et la collecte nette de 4,8% à 3,6 milliards. De plus, à fin mai 2020, le taux d’encaissement des entreprises d’assurances s’est replié à 53,9% contre 66,4% un an auparavant, avec une aggravation du risque d’impayés en non-vie. Ces évolutions, conjuguées à la forte baisse observée sur le marché boursier, se sont illustrées dans les résultats semestriels des assureurs. Rappelons que le Masi a clôturé le mois de juin 2020 sur une contreperformance year to date de -16,45%, et ce après un plus bas atteint à -26,04% le 22 avril.  En outre, les entreprises d’assurance ont contribué directement ou via leur groupe au Fonds spécial Covid-19. Ainsi, Wafa Assurance, par exemple, affiche un résultat net déficitaire, au 30 juin 2020, de -191 millions de DH contre un bénéfice de 431 millions au premier semestre 2020. Ceci du fait notamment «des méthodes de provisionnement prudentes retenues par la compagnie, de la montée des impayés, de la contreperformance des marchés financiers couplée à l’annulation, la suspension ou le report des versements de dividendes de certains émetteurs». Malgré les différents impacts défavorables de la crise sanitaire et économique, Wafa Assurance, qui affiche un chiffre d’affaires stable au premier semestre, affirme continuer de disposer de fondamentaux solides pour faire face à ses engagements.
De son côté, Saham Assurance a enregistré une baisse de 7,04% de son chiffre d’affaires à 2,907 milliards de DH. Cette performance provient essentiellement d’une diminution conséquente sur la branche vie de - 32,69%. Le résultat net part du groupe dégringole de 150%, soit un déficit de 103,9 millions au 30 juin 2020.  Une situation principalement due à «la chute des cours boursiers des actifs valorisés à la juste valeur en IFRS 9, suite aux effets négatifs induits par la pandémie Covid-19». Malgré la crise, Saham Assurance «reste confiante en sa capacité à maintenir ses objectifs de rentabilité à moyen terme». À souligner que selon BMCE Capital Research, le chiffre d’affaires semestriel du secteur de l’assurance (sociétés cotées à la Bourse de Casablanca) a reculé de 1% à fin juin. Sa masse bénéficiaire s’est repliée, elle, de 646 millions de DH. 

Moncef Ben Hayoun


Secteur minier : Les mastodontes bravent la crise

Le secteur minier est sorti globalement indemne des premiers mois de la crise sanitaire liée à la pandémie Covid-19. Il fait, d’ailleurs, partie des secteurs qui ont enregistré des performances positives à la Bourse de Casablanca, son indice ayant progressé de 23,4% à fin juin 2020. Ainsi, le groupe minier Managem a réalisé un chiffre d’affaires en progression de 10% par rapport au premier semestre 2019, s’établissant à 2,38 milliards de DH. 
Cet indicateur est tiré notamment par la hausse de 23% de la production de l’or, avec la bonne performance de la nouvelle usine de traitement du groupe au Soudan. L’activité cuivre a, quant à elle, augmenté de 7%, grâce aux mines d’Oumejrane et de Bleida.
Par contre, les productions d’argent, de cobalt et de zinc se sont repliées respectivement de 12, 8 et 9%, en raison surtout des perturbations causées par la pandémie, explique le groupe. L’excédent brut d’exploitation (EBE) a doublé, atteignant 812 millions de DH et le résultat net part du groupe (RNPG) ressort positif à 98,3 millions de DH, après une perte de138,8 millions un an plus tôt. De même, la Société Métallurgique d’Imiter (SMI), filiale de Managem, a tiré son épingle du jeu, bravant la crise. Elle a réalisé un chiffre d’affaires en accroissement de 4% à 440 millions. L’excédent brut d’exploitation s’accroît de 8% à 210 millions et le résultat net s’améliore de 33%, se chiffrant à 60,56 millions. Une performance due essentiellement à la hausse du cours de l’argent et du taux de change dollar, indique la société.
En revanche, la compagnie minière de Touissit (CMT) n’a pas échappé à la crise. Son chiffre d’affaires consolidé a régressé de 24,43% par rapport au premier semestre 2019, s’élevant à 189,5 millions. Une baisse attribuée par la société à «la baisse des cours du plomb, le report de la vente du lot de zinc au second semestre et l’impact de la régularisation des factures 2019 sur 2020». Idem pour le résultat d’exploitation consolidé qui chute de 51,8% à 54 millions et le RNPG qui dégringole de 54,41% pour atteindre 41,58 millions. 

Lahcen Oudoud


 Les bons points de l’agroalimentaire

Le secteur agroalimentaire n’a pas été épargné par la crise sanitaire, mais il a su faire preuve d’une certaine résilience au premier semestre. Si les résultats des entreprises ont été impactés, essentiellement au deuxième trimestre, le secteur s’en sort plutôt bien, grâce à l’export pour certaines sociétés. Pour Lesieur Cristal, par exemple, le chiffre d’affaires consolidé a progressé de 6%, se situant à 2,067 milliards de DH, grâce à la bonne dynamique des ventes à fin juin 2020. Le résultat d’exploitation signe une croissance à deux chiffres de 18,18% sur un an, passant de 121 millions à 143 millions de DH. Cependant, le résultat net consolidé recule sur la période. Il passe ainsi de 89 millions à 63 millions de DH, après la constatation de la participation au Fonds Covid de 30 millions de DH. L’effet conjugué des différents leviers du plan d’action du groupe a permis de maintenir le niveau de résultat net consolidé part groupe. 
De son côté, Cosumar a vu son chiffre d’affaires croître de 3,8% au cours du premier semestre pour atteindre 4,26 milliards de DH. L’activité du groupe sucrier a notamment été portée par le volume à l’export ayant compensé le CA local. «Les conditions climatiques défavorables et les premiers effets de la pandémie sur l’activité agricole et le CA local ont été résorbés par la progression de l’activité export au premier semestre 2020 de 22% en volume et 36% en valeur par rapport à la même période de 2019», explique l’industriel. Le résultat net part du groupe recule de 9,9% à 366 millions de DH et le résultat net consolidé tombe à 376,3 millions contre 407,2 millions un an plus tôt . 
Quant au spécialiste marocain des pâtes et semoule, Dari Couspate, il a affiché une progression à deux chiffres de son chiffre d’affaires au terme du premier semestre de l’année. Ce dernier s’est établi à 329,09 millions de DH, soit une hausse de 15,1% sur un an. Le résultat d’exploitation évolue, pour sa part, de +6,96% à 47,52 millions de DH. Enfin, le résultat net fléchit de 5,58% à 31,66 millions de DH. Un recul qui s’explique notamment par la baisse de 29% du résultat financier et de 1,2 million de DH du résultat non courant ainsi que par l’effet de réintégrations fiscales. 

Mariem Tabih


Ces EEP qui ont subi la déferlante

Le raz-de-marée lié à la crise sanitaire aura impacté le tissu économique dans son ensemble. Les entreprises et établissements publics (EEP), plus particulièrement les structures opérant dans les activités marchandes, n’ont pas échappé à ce rouleau compresseur. L’Office national des chemins de fer (ONCF), par exemple, a enregistré à fin juin dernier un affaissement de 43% à 409 millions de DH de son chiffre d’affaires généré par l’activité Voyageurs. 
«La crise sanitaire du Covid-19 a eu un impact significatif sur la mobilité en général et sur l’offre ferroviaire en particulier, faisant baisser le chiffre d’affaires généré par l’activité Voyageurs essentiellement et dans une moindre mesure le trafic fret relatif au transport des produits dont les secteurs sont en arrêt d’activité», explique l’Office. L’activité fret hors phosphate a, elle, généré une recette de 251 millions de DH au 1er semestre, soit une baisse de 3% sur un an. Ce trend baissier a également concerné les recettes du transport des phosphates qui se sont établies à 632 millions de DH, en repli de 4% sur un an.
Autoroutes du Maroc (ADM) a, elle aussi, fait les frais des mesures de restriction de la mobilité suite à l’état d’urgence sanitaire. À fin juin dernier, la société fait état d’une perte du chiffre d’affaires évaluée à 437 millions de DH. «Les mesures de confinement et de restriction de la circulation qui ont accompagné la crise sanitaire ont eu un impact direct sur le trafic autoroutier et en conséquence sur les recettes d’ADM et sa trésorerie», explique le management de l’entreprise publique. En effet, le premier semestre s’est soldé par un recul de 32% pour le trafic autoroutier et de 29% pour les recettes de péage. Cette situation inédite et imprévisible a mis la trésorerie d’ADM sous pression. Ce qui l’a poussée à mettre en place un plan de rationalisation et priorisation des dépenses axé sur la réduction du budget des charges courantes liées principalement à l’activité d’exploitation, et sur la reprogrammation des investissements liés à la construction d’infrastructure autoroutière, tout en maintenant les chantiers jugés «indispensables» et «prioritaires».
Marsa Maroc, spécialiste national de l’exploitation portuaire, a plus ou moins tiré son épingle du jeu à fin juin, puisque son chiffre d’affaires a fait preuve d’une résilience à la crise. En effet, le groupe a engrangé 1,45 milliard de DH de revenus, en légère hausse de 0,5% sur un an, et ce, dans un contexte de baisse du trafic global de 1,9% à 18,8 millions de tonnes. Ce niveau d’activité est expliqué principalement par la progression du trafic des vracs solides de 6% tirée par l’augmentation des trafics de céréales et aliments de bétail. 

Saïd Naoumi


Sociétés technologiques et informatiques : Le confinement, une arme à double tranchant

La crise liée à la Covid-19 montre clairement que l’on ne peut se passer de technologie. Le confinement a ainsi chamboulé les modes de consommation et de vie. Télémédecine, e-commerce, télétravail, enseignement à distance, même le développement des vaccins a nécessité le recours à l’intelligence artificielle. La résistance du secteur technologique aux effets de la crise réside ainsi dans son caractère indispensable. Toutefois, toutes les sociétés du secteur ne sont pas logées à la même enseigne, puisque certaines valeurs technologiques cotées à la Bourse de Casablanca ont pu tirer des bénéfices de la crise du Covid-19, alors que d’autres ont connu de fortes perturbations de leurs activités.
Dans le cas de HPS, l’entreprise technologique a été immunisée par sa trésorerie, son faible endettement et ses nouveaux contrats. Avec une meilleure rentabilité et des revenus récurrents en hausse, HPS a démontré toute sa résilience lors du premier semestre de l’année. L’entreprise a enregistré une hausse de 3,4% de ses produits d’exploitation, à 361,6 millions de DH et de 22,8% à 49,5 millions de son RNPG.
Sur son cœur d’activité «Solutions», la firme enregistre des revenus de 240,9 millions de DH (+0,3%), «malgré les limitations de mobilité des équipes liées à la crise sanitaire», se félicite le groupe.
Pour son activité «Services», le monéticien fait état d’une baisse au 2e trimestre du fait du confinement et de l’état d’urgence sanitaire déclaré en France. Les revenus ont ainsi baissé de 5,9% à 52,3 millions de DH. Quant à l’activité «Processing», elle s’est bien comportée grâce à un nouveau contrat, et en dépit de la baisse du switching dès le mois d’avril en raison de la diminution des transactions liée au confinement. Le résultat net consolidé ressort à 49,46 millions de DH. Chez Disway, opérateur de la distribution en gros de matériel informatique et télécoms, le Plan de continuité d’activités a permis de résister à la crise et de réaliser des profits dans un contexte où beaucoup d’entreprises enregistrent des pertes. Le chiffre d’affaires consolidé de la firme affiche lors du premier semestre de l’année une croissance de 3% à 826 millions de DH, qui s’explique à la fois par la forte demande sur les PC portables au début du
confinement, mais aussi par une reprise de la Business value à l’international. L’amélioration du mix produits, combinée à la baisse des charges d’exploitation suite au confinement, a permis l’amélioration du résultat opérationnel du groupe à 62 millions de DH, en augmentation de 3%. M2M a connu, pour sa part de fortes perturbations sur ses activités à cause de la Covid-19. Le groupe a réalisé un chiffre d’affaires social de 42 millions de DH, en baisse de 2 millions par rapport à la même période de 2019. En, ce qui concerne le chiffre d’affaires consolidé, celui-ci s’est établi à 50 millions de DH, soit 40 millions de moins par rapport au premier semestre 2019. Cette baisse provient de la conjugaison de plusieurs éléments. Notamment l’effet significatif de la crise sanitaire sur l’activité Acquisition de la filiale NAPS traduit par la chute des volumes de transactions de paiement dans plusieurs secteurs du commerce pendant le confinement. Autre facteur : le lancement récent de l’activité Émission de NAPS qui a été pénalisé par des restrictions liées au confinement. Enfin, pour S2M, l’activité «Solutions» marque une croissance, mais son chiffre d’affaires baisse sur le reste des activités. Les perturbations au niveau des agences bancaires
pendant le confinement ont fait chuter les activités clés. Ainsi, au premier semestre 2020, le chiffre d’affaires consolidé diminue légèrement de 2% à 106,5 millions de dirhams. Le résultat d’exploitation consolidé de S2M chute, lui, de 70%, à -13,8 millions de dirhams contre -8,1 millions au premier semestre de l’année écoulée. Le résultat net consolidé affiche de son côté un déficit de 22,2 millions de dirhams à fin juin 2020, soit plus du double par rapport aux 10,1 millions de dirhams de pertes une année auparavant.

 Ilham Lamrani Amine


Maroc Telecom et Groupe OCP: Une résistance à toute épreuve

Alors que beaucoup d’entreprises ont vu leurs performances chuter considérablement au terme du premier semestre, en raison de la crise de la Covid, Maroc Telecom et le groupe OCP ont fait montre de résistance. 
Ainsi, Maroc Telecom a bouclé le premier semestre sur une hausse de 2,7% de son chiffre d’affaires consolidé. Celui-ci s’est établi à 18,32 milliards de DH. «Cette performance, dans un contexte de crise, est due essentiellement au développement de la Data Mobile et des services Mobile Money à l’International et à l’essor de la Data Fixe au Maroc», explique l’opérateur télécoms. Le résultat net ajusté part du groupe atteint 3 milliards de DH, soit une quasi stagnation ou une hausse de 1,5% à base comparable. Son résultat opérationnel avant amortissements (Ebitda) s’améliore de 2,1% à 9,6 milliards de DH. Pour ce qui est de la dette nette consolidée, elle baisse de 11,3%, s’établissant à 18,65 milliards de DH. Pour l’international qui a soutenu l’activité du groupe, le CA affiche une croissance de 6,3% à 8,31 milliards de DH. L’Ebitda signe, quant à lui, une progression de 10,7% à 3,62 milliards. Au Maroc, le chiffre d’affaires a reculé de 1,8% à 10, 52 milliards de DH.
À noter que le groupe a réalisé une croissance de 53% du trafic Data portée par le trafic du fixe en période de confinement. «Sur le 1er semestre 2020, les investissements ont été orientés vers l’accompagnement de la forte demande en accès internet fixe, le soutien à la croissance de trafic Data et à la qualité de service», indique le groupe. Quant au groupe OCP, il a fini le premier semestre sur une note stable. Malgré les défis de la crise sanitaire, le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 27,4 milliards, soit pratiquement son niveau de 2019. Cette performance est due à «une hausse significative des volumes d’exportation d’engrais, compensant largement la baisse des prix», explique le géant des phosphates. Dans le détail, le CA de la roche cède 5% sur la période, tiré principalement par une baisse des prix, largement compensée par la hausse des volumes exportées notamment vers l’Amérique latine et l’Europe, précise un communiqué de l’OCP. Pour ce qui est de l’acide phosphorique, son chiffre d’affaires a régressé de 31% sur un an, impacté aussi bien par la baisse des prix que celle des volumes. Le CA des engrais s’en sort beaucoup mieux avec une croissance à deux chiffres, soit 12%. Il a été porté par l’amélioration des volumes exportés, notamment vers l’Amérique latine, l’Europe et l’Inde.  L’Ebitda du spécialiste des phosphates est également stable à fin juin à 8,49 milliards de DH, reflétant «les efforts constants d’optimisation des coûts de production et d’excellence opérationnelle». Pour ce qui est du résultat d’exploitation, le groupe fait état d’une nette baisse de 77,24% à 871 millions de DH. «Cette baisse reflète principalement la charge non récurrente de 3 milliards de DH relative à la contribution de l’OCP au Fonds national spécial Covid-19», indique OCP. Enfin, la dette financière nette atteint 53,39 millions de DH. Cette résilience, le groupe la doit à «sa présence à travers les cinq continents et à sa flexibilité industrielle pour adapter son portefeuille de produits à la demande de chaque région et profiter au mieux des opportunités du marché». 

Mariem Tabih

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