Les essais cliniques à l’ère du Covid-19 en débat

La Faculté de pharmacie de l’Université Mohammed VI des sciences de la santé (UM6SS) a organisé récemment un webinaire sur l’analyse critique de la méthodologie des essais cliniques à l’ère du Covid-19. L’animateur de la rencontre, Omar Maoujoud, professeur de néphrologie à la Faculté de médecine de Marrakech et PhD en sciences du médicament, a attiré l’attention sur le nombre important d’informations non vérifiées publiées à propos du coronavirus : «La pandémie est caractérisée par un déluge de données et d’informations médicale sur le Covid-19, sans précédent dans l’histoire des sciences. Plus de 30.000 articles sont disponibles sur la base de données Pubmed, et plus de 2.400 essais cliniques enregistrés sur le site Clinicaltrials.org». Selon ce scientifique, la pandémie des publications baptisée «The paperdemic» est le résultat de plusieurs facteurs. Elle est encouragée par le contexte d’urgence sanitaire, le désir de contribution de tous les chercheurs du monde, l’adoption d’un processus de review et de publication fast-track au niveau des revues scientifiques. Ce phénomène a été aussi renforcé par l’apparition des publications sous forme de préprint. L’orateur a rappelé que les articles disponibles sous ce format (plus de 6.000 articles sur les serveurs Medrxiv et Biorxiv), sont des versions préliminaires non corrigées et non validées, et dont la plupart ne seront jamais publiés dans une revue à comité de lecture. «Dans ce brouillard d’informations, disposer de la compétence de lecture critique devient une nécessité absolue, dont l’intérêt est d’évaluer la validité et la pertinence clinique des résultats communiqués, permettant aussi de reconnaître la présence de biais systématiques et de leur contrôle lors d’un travail de recherche», a-t-il indiqué. La précipitation dans la publication d’essais cliniques a conduit à la rétractation et au retrait de certains articles suite aux critiques sur la méthodologie ou sur l’origine des données. «L’apparition des journaux et éditeurs prédateurs permettant la publication rapide d’informations médicales peu fiables et sans une vraie lecture critique a rendu la tâche un peu plus complexe», a précisé Omar Maoujoud. Ce dernier a, toutefois, souligné la publication de quelques essais cliniques, faits avec une bonne méthodologie malgré le contexte d’urgence. Pour sa part, le professeur Samir Ahid, doyen de la Faculté de pharmacie de l’UM6SS, a confirmé l’importance de ce séminaire virtuel pour souligner le rôle important qu’a pris la lecture critique de la littérature biomédicale, qui est au carrefour de la méthodologie, de l’épidémiologie et de la biostatistique.