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La gentillesse au travail a des limites

Pour avoir de bonnes relations professionnelles, on recommande très souvent d’être gentil. Or la gentillesse a des limites. Dans son livre «Cessez d’être gentil, soyez vrai !» Thomas d’Ansembourg, avocat et formateur en communication non violente souligne qu’il faut certes apprendre à développer ses relations avec les autres, mais tout en restant soi-même. L’expert a récemment animé à Casablanca une conférence organisée par le cabinet Compétence Plus en faveur de SOS Villages d’Enfants, durant laquelle il a développé encore plus son opinion.

La gentillesse au travail a des limites
Quand on ne se connaît pas bien, on développe la peur du regard des autres, et c’est ce qui nous empêche de réussir dans nos relations.t Ph. Shutterstock

Conseil : «Cessez d’être gentil, soyez vrai !» C’est le titre de votre livre qui a fait le tour du monde. Quel message cherchez-vous à véhiculer à travers 

ce titre qu’on peut qualifier 

de provocateur ?

Thomas d’Ansembourg : Effectivement, «cessez d’être gentil, soyez vrai !» est un titre qui peut paraître provocateur, car on a toujours appris à être gentil dans nos relations, notamment professionnelles, plutôt qu’à être vrai. Il faut savoir qu’à travers ce titre, je ne vise pas la bonté et la vraie générosité dans les relations, mais plutôt la gentillesse de façade qui nous fait porter des masques tout au long de la journée et qui nous pousse à dire «oui», alors qu’en réalité, on a envie 

de dire «non». 

En effet, le masque de la gentillesse qu’on porte nous pousse à accepter tout ce que les autres nous demandent ou nous proposent au travail, sans prendre en considération nos contraintes et nos limites. Ce masque nous pousse aussi à cacher nos vraies émotions et à dire que tout va bien, alors qu’on est triste et déçu. Je pense qu’il est important aujourd’hui de tomber ce masque et d’apprendre petit à petit à créer des rapports vrais et authentiques où chacun exprime clairement ce qu’il pense réellement. C’est tout l’intérêt de la communication non violente qui occupe une place importante, notamment en milieu professionnel, et qui permet, entre autres, de créer des relations basées sur le respect de soi et des autres.

Qu’est-ce qui nous empêche 

d’être nous-mêmes en milieu 

professionnel ?

C’est souvent la peur du regard des autres qui nous empêche d’être nous-mêmes. Ce point est fondamental, dans la mesure où il y a des personnes qui souffrent même d’être accros au regard de l’autre. Qu’est ce qu’on va dire de moi si je parle comme ça, si je m’habille de cette manière, si j’adopte cette position ? Ce sont des propos qu’on utilise très souvent, particulièrement en entreprise et qui créent en nous une certaine fragilité.

Personnellement, je pense que les entreprises font face à plusieurs challenges et qu’elles ont besoin de collaborateurs qui se connaissent bien, qui s’estiment bien et qui connaissent leurs forces et leurs faiblesses. 

En effet, l’estime de soi n’est pas simplement un enjeu de développement personnel, mais plutôt un enjeu de vie sociale et de vie professionnelle.

Concrètement, comment 

développer cette compétence ?

Je suggère de se concentrer d’abord sur soi-même. Il est important de prendre du temps pour soi, de s’écouter, de se connaître et d’exercer l’empathie envers soi-même. L’idée est de se fréquenter dans l’intimité avec des moments de solitude et de silence pour pouvoir mieux se connaître. Il faut savoir que quand on ne se connaît pas bien, on développe la peur du regard des autres, et c’est ce qui nous empêche de réussir dans nos relations, notamment en entreprise. 

Cela nous empêche aussi d’entrer dans un conflit, sachant que ce dernier fait partie de la vie. D’ailleurs, rappelons-le, on a besoin d’entrer dans des conflits tranquillement et d’apprendre à trouver des solutions gagnant-gagnant.

Dans vos conférences, vous mettez souvent l’accent sur l’importance d’apprendre à dire non. Cela est-il évident en milieu professionnel ?

Ce n’est pas toujours évident d’exprimer un refus en milieu professionnel et cela s’explique, notamment par la peur du regard de l’autre. Or, à mon avis, c’est important de développer cette compétence. 

Je pense qu’un patron entouré d’employés qui disent toujours «oui» serait très mal épaulé dans la réalisation des projets de l’entreprise. Je pense qu’aujourd’hui, il est important d’avoir des collaborateurs qui savent s’affirmer et qui expriment clairement leurs points de vue. 

Cela permet d’avoir des projets équilibrés et qui correspondent aux intuitions d’un plus grand nombre de personnes. 

Entretien réalisé par Nabila Bakkass

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