La crise Covid19 a eu un impact important sur la quasi-totalité des secteurs. La sécurité en Afrique n’a pas été à l’abri des changements imposés par cette pandémie de dimension mondiale. S’exprimant, mercredi, dans le cadre d’un panel sur le «Secteur de la sécurité en Afrique pendant et après la crise Covid-19», organisé dans le cadre de la Conférence annuelle sur la paix et la sécurité en Afrique du Policy Center for the New South (PCNS), plusieurs experts marocains et internationaux ont assuré que la jeunesse africaine constitue aujourd’hui le meilleur rempart pour faire face à la crise sanitaire liée au Covid-19, notamment en termes de sécurité humaine.
Dans ce sens, le responsable de l’analyse et de la recherche sur l’Afrique subsaharienne à l’Institut d’études de sécurité de l’Union européenne (IESUE), Giovanni Faleg, a estimé que «l’investissement en la jeunesse africaine demeure la solution ultime pour passer outre la crise sanitaire liée au Covid-19». Le chercheur a affirmé que le secteur de la sécurité post-Covid devra être élaboré «pour les gens, par les gens et à travers les gens», poursuivant que le concept de la sécurité humaine revêt un caractère central.
Intervenant également lors de cette rencontre, le Senior Fellow au PCNS Khalid Chegraoui a relevé que généralement les pays africains ne sont pas préparés à ce genre de crises sanitaires. D’où les difficultés rencontrées dans la gestion de la pandémie, a-t-il précisé. Relevant que l’évolution du virus est spécifique à chaque pays, le chercheur marocain a mis en avant les disparités marquées en termes de nombre d’infection au Covid-19, de nombre de décès, de gestion des crises, de gouvernance ou encore de stabilité. «Cette crise sanitaire, est une occasion pour les États africains d’interférer avec la population et d’assumer leurs fonctions régaliennes», a-t-il soutenu.
S’accordant à dire que la crise, à la fois sanitaire et économique, risque de mener à de fortes tensions sécuritaires au niveau africain, les intervenants ont appelé les Africains à conserver leur esprit communautaire et solidaire, afin de faire face à cette crise sans précédent. C’est ainsi que le directeur de l’Institut d’études sur la paix et la sécurité (IPSS), Yonas Adaye Adeto, a mis en lumière les répercussions négatives du Covid-19 sur l’économie africaine, notamment dans les secteurs agricoles et industriels, déplorant les importantes pertes d’emploi enregistrées durant cette période de crise.
Ouvrant les travaux de cette rencontre, le Senior Fellow au PCNS Rachid El Houdaigui a rappelé que cette conférence constituait l’occasion d’échanger les connaissances et les expériences entre les représentants des différentes organisations internationales et régionales. «Experts et intervenants de tous bords ont l’occasion d’évaluer la performance générale dans la mise en œuvre des mesures de sécurité pour les pays de la région», a-t-il soutenu.
Il convient de rappeler que les travaux de cette conférence se poursuivent aujourd’hui. Des experts de haut niveau s’exprimeront sur les thèmes du «Secteur de la sécurité en Afrique pendant et après la crise Covid-19» et de la «Privatisation de la violence en Afrique, via les groupes armés non étatiques et la sécurité privée». Il s’agira également d’examiner des questions liées au nouvel Index de la sécurité humaine en Afrique, en cours d’élaboration par l’Union africaine, et à l’Index global de la paix, un outil de référence élaboré par l’Institute for Economics and Peace (IEP, Belgique).