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«L’objectif principal pour la prochaine rentrée est d’assurer un bon déroulement des examens de fin d’année»

«Un effort exceptionnel sera déployé par les différents intervenants afin de rattraper le retard», souligne dans cet entretien Pr Abdellatif Komat, doyen de la FSJES à l’Université Hassan II Casablanca qui a insisté sur le fait de capitaliser sur les acquis et les leçons tirées de cette expérience inédite.

«L’objectif principal pour la prochaine rentrée est d’assurer  un bon déroulement des examens de fin d’année»

Le Matin : La crise sanitaire a touché tous les secteurs y compris l’enseignement. Quelles leçons tirer de ce fléau planétaire ?

Pr Abdellatif Komat : Effectivement, les circonstances que nous avons vécues face à la crise du Covid-19 et les décisions sages prises par le Maroc d’ériger la préservation de la vie et de la santé de ses citoyens en priorité absolue nous ont poussés à basculer du jour au lendemain d’un enseignement en présentiel à un enseignement à distance. S’il s’agit de tirer des enseignements de cette expérience, ils seraient multiples, mais je voudrais insister sur les deux suivantes qui me paraissent fondamentales :

• La première est d’ordre général et porte sur la capacité de résilience et d’adaptation dont ont fait preuve les Marocains de manière générale et la confirmation de nos valeurs ancestrales basées sur la solidarité, sur la cohésion sociale et sur le respect des institutions. Ces qualités nous ont permis, malgré toutes les difficultés et contraintes de minimiser les dégâts aussi bien sur le plan sanitaire que sur les plans social et économique. 

• La seconde concerne particulièrement le monde de l’éducation et de l’enseignement supérieur avec toutes ses composantes .La famille de l’enseignement a en effet fait preuve d’une grande citoyenneté et sens de la responsabilité. Ces qualités nous ont permis d’aller jusqu’au bout de l’année scolaire et universitaire avec toutes ses composantes d’enseignement et d’évaluation. 

Le digital a révolutionné les pratiques pédagogiques. Êtes-vous pour la poursuite de cette expérience ?

La stratégie d’intégrer le digital comme composante fondamentale de notre enseignement existe depuis plusieurs années et figure comme axe fondamental dans les différents projets de développement des universités et établissements d’enseignement supérieur Marocain. Nous relevons toutefois que les réalisations jusqu’alors, malgré quelques expériences réussies, étaient en-deçà des aspirations. Or, face aux défis que nous devions relever suite à la crise du Covid-19 de permettre à nos étudiants de poursuivre leurs études et de sauver l’année universitaire, la seule alternative était pour nous de basculer vers l’enseignement à distance. L’accompagnement par notre ministère de tutelle et par la présidence de notre université était particulièrement encourageant et stimulant nous amenant à porter ce projet avec beaucoup d’enthousiasme et un sens de responsabilité. Par ailleurs, la notion de résistance au changement qui prévaut d’habitude dans ce genre de situation n’avait pas lieu dans le comportement de nos enseignants qui se sont investis avec courage pour donner le meilleur d’eux même pour assurer une continuité de l’année universitaire. Certes, quelques difficultés d’ordre logistique et technique restent à régler notamment celles relatives à la connectivité de certains étudiants et l’adoption généralisée de plateformes institutionnelles. De même, une partie des enseignants a encore besoin de formation et d’accompagnement pour professionnaliser davantage leurs prestations. Il serait, en effet, regrettable de ne pas capitaliser sur cette dynamique qui nous a permis de réaliser en quatre mois dans le domaine de l’enseignement à distance ce qu’il nous aurait fallu plusieurs années pour y arriver.

Comment préparez-vous la prochaine rentrée compte tenue de toutes ces mutations ?

L’objectif principal pour la prochaine rentrée est d’assurer un bon déroulement des examens de fin d’année. En effet, comme vous le savez, les évaluations des étudiants des facultés à accès ouvert comme la nôtre sont prévus pour le mois de septembre prochain. Étant donné le décalage des examens, l’année universitaire 2020-2021 connaîtra un léger retard dans son démarrage. Dans ce sens, un dispositif sanitaire et des guides de bonnes pratiques dans ce domaine sont en cours de mise en place sous l’égide de notre université. Une organisation logistique et pédagogique est également prévue pour que le déroulement des examens prenne en considération les conditions particulières qu’ont vécues les étudiants cette année. Étant donné le décalage des examens, l’année universitaire 2020-2021 connaîtra un léger retard dans son démarrage. Un effort exceptionnel sera déployé par les différents intervenants afin de rattraper le retard et d’assurer un bon déroulement de la prochaine année universitaire. Sur ce plan, un grand programme de préparation et d’accompagnement des enseignants est en cours sous l’égide de notre université, et ce, dans la perspective d’assurer pour la prochaine année universitaire un enseignement hybride (Un mix entre l’enseignement présentiel et l’enseignement à distance). 

Quid de la recherche scientifique dans tout ce processus de transition ?

La recherche scientifique fait partie intégrante des responsabilités d’un professeur chercheur. L’expérience que nous venons de vivre a démontré que notre pays dispose d’un grand potentiel dans ce domaine qui a besoin d’être stimulé pour qu’il soit un des leviers de notre projet de développement. Notre université dans toutes ses composantes a été particulièrement dynamique durant la crise sanitaire à travers des projets lancés par le CNRST (Centre national de recherche scientifique et technique) autour de la crise du Covid-19. Notre faculté a participé à ce projet de même nos professeurs s’activent sur différents sujets en relation avec nos domaines de compétences qui sont les analyses économiques, les questions juridiques et socio-politiques.

Quelles sont vos ambitions sur les moyen et long termes ?

Comme vous le savez, l’enseignement supérieur a entamé depuis presque deux années un projet de réforme consistant à mettre en place un système de «Bachelor». L’objectif de cette réforme est de doter les futurs lauréats de compétences en phase avec les exigences du temps moderne aussi bien en matière social et sociétale qu’en matière d’insertion professionnelle et de renforcement de l’esprit entrepreneurial. Notre objectif à moyen terme, après avoir réussi une bonne rentrée universitaire 2020-2021, c’est de nous engager pour l’aboutissement de cette réforme dont l’opérationnalité est prévue pour la rentrée universitaire 2021-2022. Concernant le long terme, notre souhait est de voir les jeunes que nous formons aujourd’hui être en mesure d’être porteurs du modèle de développement en construction pour notre pays. Nous sommes convaincus que l’université a un rôle crucial à jouer dans cette dynamique du fait que l’économie dans l’avenir se basera davantage sur le savoir et sur les compétences et que les sociétés qui relèveront les défis sont celles qui mobiliseront leur jeunesse autour de valeurs de citoyenneté, de solidarité et avec un sentiment de confiance en elle-même et en son pays. Or, sur toutes ces dimensions, l’université est certainement un acteur de premier plan. 

Propos recueillis par N.M.

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