Conseil : On entend souvent parler du management individuel. De quoi s’agit-il ?
Dans quelle mesure ce type de management peut-il assurer le succès du télétravail adopté par plusieurs entreprises face à la pandémie du coronavirus ?
Le télétravail implique que chaque collaborateur peut être livré à lui-même. L’absence de contact humain est d’ailleurs l’une des caractéristiques de ce mode d’organisation du travail qui semble être accéléré à l’ère de la crise sanitaire. Pour répondre à votre question, je tiens à souligner que le management individuel peut, bel et bien, être un facteur qui favorise le succès du télétravail adopté aujourd’hui par plusieurs entreprises. Concrètement, le manager peut ainsi accompagner chaque collaborateur pour assurer ses missions et atteindre ses objectifs tout en prenant en considération son type de personnalité et son style de créativité. Ce style de management est important en cette période de crise sanitaire partant du principe que les besoins et les limites des collaborateurs diffèrent les uns des autres. De même, chaque collaborateur interprète à sa propre manière l’évolution de la crise sanitaire et le degré de la peur qui impacte le rendement, ce qui n’est d’ailleurs pas le même pour tout le monde. En d’autres termes, le management individuel est au diapason avec les besoins psychologiques de chaque collaborateur. Dans la pratique, la fixation des horaires et le choix du canal de communication sont des éléments qui font la différence pour le collaborateur et il convient pour le manager de les prendre en considération afin de favoriser la réussite de cette étape transitoire.Plus concrètement, quel positionnement le manager doit-il adopter envers ses collaborateurs ?
Le manager est l’artisan du management individuel. Eu égard à sa relation rapprochée avec le collaborateur, il lui incombe d’adapter son style de management au profil, aux aptitudes et à l’énergie de ce dernier. À cet effet, le manager doit fournir un effort pour réellement connaître les compétences et le style de personnalité de chaque membre de son équipe. Son positionnement doit être objectif et non pas subjectif, voire bienveillant. L’expérience a démontré qu’il existe certains managers qui sous-estiment injustement les compétences de certains membres de leur équipe ou, au contraire, ils sur-valorisent inéquitablement d’autres. Le style le plus approprié doit être appliqué : participatif, persuasif, directif ou délégatif, selon la personnalité de chaque collaborateur.Quelles sont les limites de ce type de management ?
Le management individuel est très recommandé en cette période de crise, mais attention, car il peut aussi être source d’échec en empêchant la construction d’un collectif orienté vers un but commun. Ce type de management ne peut d’ailleurs être réussi que lorsqu’il est supposé avoir intégré l’intérêt collectif en surpassant les individualités. Dans ce sens, il convient de noter que le but de la performance recherchée ne doit pas favoriser la concentration du pouvoir, les privilèges et le passe-droit dans les mêmes mains, car avec une telle stratégie, l’entreprise risque de créer de l’isolement et de la concurrence acharnée entre les salariés. Le management individuel peut rapidement aller vers la dérive si la compétition devient le maître mot au lieu de la coopération, la prévalence des jugements de valeur et des stéréotypages. À ce moment, la boite de Pandore s’ouvre pour les risques psychosociaux comme le burnout, les agressions et la dépression, ce qui est en contradiction avec l’objectif ultime de la performance qu’on recherche à travers les différentes stratégies de management des équipes.