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Les Matinales Groupe Le Matin

Redouane Semlali, président de l’Association nationale des cliniques privées

«La mutualisation des efforts est nécessaire pour dépasser les lacunes du secteur»

Une mutualisation des efforts et des ressources est nécessaire pour une meilleure offre de santé. C’est l’une des recommandations du président de l’Association nationale des cliniques privées, Redouane Semlali, lors de la troisième matinale du cycle de conférences du Groupe Le Matin, consacrées au nouveau modèle de développement. M. Semlali a affirmé, dans ce sens, qu’il y a une seule offre destinée au citoyen marocain et qu’il y a deux secteurs entre lesquels se dresse un mur en béton. C’est ainsi qu’il a appelé à l’établissement de partenariats public-privé, notamment au niveau de certaines régions en manque de matériel et de ressources humaines. Revenant sur la question épineuse des ressources humaines dans le secteur, le président de l’Association nationale des cliniques privées a mis en avant le manque flagrant, notamment en ce qui concerne le personnel paramédical. Selon ses déclarations, «l’instauration du système Licence, Master, Doctorat (LMD) a grillé nos cartes en termes paramédicales». Pour piquer un malade, on n’a pas besoin d’un master, mais on a besoin de techniciens de santé au vrai sens de terme, toujours selon M. Semlali. S’agissant de la question de l’investissement dans le secteur de la santé, M. Semlali a indiqué qu’aujourd’hui, 15 à 20 cliniques sont ouvertes chaque année au Maroc, ce qui reste en dessous des attentes. Appelant à des incitations fiscales pour encourager ce type d’investissement, il a rappelé que le Maroc est l’un des rares pays où l’investissement en santé est taxé d’une TVA «injuste». «Des mesures incitatives peuvent améliorer la cadence de création des structures privées, diminuer les coûts de fonctionnement et améliorer l’accès des patients au secteur libéral», a-t-il souligné.

Jaâfar Haïkel, professeur en médecine et expert en management sanitaire

«60% des professionnels de santé travaillent dans les cinq grandes villes marocaines»

On ne peut parler de système de santé, sans parler de ressources humaines, c’est-à-dire de l’ensemble des professionnels de santé, estime Jaâfar Haikel, professeur en médecine et expert en management sanitaire. Et malheureusement, près de 60% d’entre eux travaillent uniquement dans les cinq grandes villes marocaines, ce qui est très inéquitable, ajoute-t-il. Il faut également souligner que le Maroc souffre d’une pénurie de médecins et de personnel paramédical, un problème qui s’ajoute à d’autres, auxquels il faut absolument remédier. Pour M. Haïkel, notre système de santé n’a pas uniquement besoin de réforme, mais plutôt d’une refonte fondamentale. «Nous devons changer notre manière de penser pour avoir un système de santé différent qui concernera trois éléments principaux. Il s’agit de ressources humaines qualifiées et répartis de façon équitable sur l’ensemble des régions du Royaume, d’infrastructures et d’équipements adaptés, mais aussi d’une gouvernance intelligente du système de santé». Et pour que cette refonte soit réussie, précise-t-il, il ne faut pas oublier d’impliquer le citoyen, qui contribue à hauteur 63,3% dans le budget de la santé. Il faut aussi miser sur les partenariats public-privé qui peuvent être une bonne solution pour améliorer l’accès aux soins dans les différentes régions du Maroc, conclut M. Haïkel.

Bouteina Iraqui, pharmacienne, directrice générale de LOCAMED

«La télémédecine pour pallier le manque de personnel de santé»

«Le Maroc souffre d’une pénurie aiguë en personnel de santé. Selon les dernières statistiques, le Royaume compte 25.000 médecins, soit 7 médecins pour 10.000 habitants. Cette situation fait que le Maroc a trois fois moins de médecins que les normes internationales», a fait savoir Mme Bouteina Iraqui. Pour cette jeune pharmacienne, le secteur de la santé publique reste peu attrayant pour les jeunes médecins à cause de la faible rémunération, ce qui pousse ses professionnels à s’orienter vers le privé. Une situation qui pénalise davantage le secteur et rend l’accès aux soins encore plus difficile pour les populations, notamment dans le monde rural. Ainsi, pour surmonter cette situation, Mme Iraqui propose la télémédecine. Il s’agit d’une forme de pratique médicale à distance fondée sur l’utilisation des technologies de l’information et de la communication définie légalement. Mme Iraqui insiste toutefois sur l’importance de former les professionnels de la santé à cette technique.

Radia Chmanti Houari, membre de l’AFEM et fondatrice de Bright Partners, ex-PDG de Glaxosmithkline

«Il faut aussi œuvrer pour l’amélioration des systèmes de couverture médicale»

Le problème du système de santé au Maroc est très complexe. C’est pourquoi il faut être pratique et pragmatique et scinder ce gros problème en petits problèmes qu’on va résoudre un par un, analyse Radia Chmanti Houari, membre de l’AFEM (Association des femmes chefs d’entreprises du Maroc) et Fondatrice de Bright Partners. Le citoyen a besoin de sentir que les choses changent autour de lui et qu’on lui simplifie la vie en l’aidant à faire face aux lourdes charges qu’il subit lorsqu’il tombe malade, ajoute-t-elle, précisant que pour améliorer l’accès aux soins et permettre aux patients d’avoir droit à des prestations de qualité, il faut absolument agir pour avoir un nombre suffisant de professionnels de santé et qui soient bien formés pour pouvoir répondre aux besoins des citoyens. Selon Radia Chmanti Houari, il faut aussi œuvrer pour l’amélioration des systèmes de couverture médicale, car dans beaucoup de cas le citoyen, même couvert, n’a d’autre choix que de payer de sa poche une grande part des frais de soins. Et c’est encore plus compliqué pour les patients qui souffrent de maladies lourdes ou de maladies de longue durée, telles que le diabète et l’hypertension artérielle. Il s’agit souvent de personnes âgées, une catégorie de personnes qui va tripler dans les années à venir. Alors, si rien n’est fait, les conséquences risquent d’être très graves, déplore-t-elle.

Meryem Bigdelli représentante de l’OMS-Bureau de Rabat

«Améliorer la gouvernance et rationaliser les dépenses»

«Améliorer la bonne gouvernance du secteur de la santé et rationaliser les dépenses», tels sont quelques pistes des solutions formulées par Mme Bigdelli lors de son intervention vendredi dernier à l’occasion du débat initié par le Groupe le Matin sur le modèle de développement dans le domaine de la santé. Selon la représentante de l’OMS au Maroc, le Royaume fait face, à l’instar des autres pays dans le monde, à plusieurs contraintes qu’il faudra gérer, notamment le manque des moyens financiers et matériels et la pénurie des ressources humaines. Ainsi, une bonne gestion du budget et un meilleur redéploiement de l’élément humain pourront soutenir le pays dans ses efforts visant à garantir un meilleur accès de la population aux soins. «Il est nécessaire que le Maroc intègre la culture de l’incitation à la performance. C’est un mécanisme qui s’avère réussi dans d’autres pays», a souligné la responsable qui a plaidé pour l’élaboration d’un modèle de développement du secteur de la santé maroco-marocain.

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