Menu
Search
Mercredi 24 Avril 2024
S'abonner
close
Mercredi 24 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Économie

«Monsieur je-sais-tout», l’ennemi juré de la cohésion d’équipe !

Il n’accepte pas les remarques, il pense toujours avoir raison et il est souvent sur la défensive… c’est «Monsieur je-sais-tout». Un profil difficile à gérer en entreprise puisqu’il adopte une attitude qui ne lui permet pas d’apprendre et d’entretenir de bonnes relations professionnelles. Il est souvent considéré comme l’ennemi numéro un de la cohésion d’équipe. Comment composer avec lui ? Quelques astuces avec Jihane Benslimane, consultante en stratégie et conduite du changement et DG de Hera Consulting Group.

«Monsieur je-sais-tout», l’ennemi juré de la cohésion d’équipe !
La gestion de «Monsieur je-sais-tout» est un exercice compliqué pour un manager, car il requiert un minimum de recul, de la patience et surtout de la diplomatie. Ph. Shutterstock

Conseil : Que pensez-vous du collaborateur «je-sais-tout» ?
Jihane Benslimane :
Tout d’abord, il est important de savoir que le monsieur ou le collaborateur «je-sais-tout» est toujours sur la défensive et qu’il est constamment prêt à répliquer. Il aime les monologues sans être conscient qu’il ne laisse pas le temps à ses collaborateurs de s’exprimer. Il cherche également à faire des petites erreurs pour s’affirmer et montrer qu’il a un «œil de lynx». La gestion d’un collaborateur au comportement difficile est un exercice compliqué pour un manager, car il requiert un minimum de recul, beaucoup de patience et surtout de la diplomatie. Ce type de comportements ne sous-entend pas nécessairement que ce collaborateur soit exécrable. Il serait plus opportun de donner une attention particulière à ce profil, par le biais notamment d’un recadrage dans certains cas, afin de maintenir un bon climat de travail. En effet, accepter la remarque ou la critique n’est pas une chose évidente pour tout le monde. Encore faut-il que la critique soit bien exprimée, formulée et surtout positive pour qu’elle soit bien reçue. Il faut que la critique soit perçue comme constructive, dans le sens du projet commun. Ensuite, il faut se concentrer sur l’origine de cette habitude du collaborateur qui n’accepte pas la remarque. En général, il s’agit des personnes qui lorsqu’elles étaient enfants, se sont imposées différemment en criant et en faisant des scènes. Plus tard, en réunion ou dans la relation professionnelle, elles cherchent à s’affirmer ou à s’imposer de la même manière : en coupant la parole ou en s’exclamant : «Non, je ne suis pas 
d’accord»…

Dans quelle mesure cette attitude peut-elle porter atteinte à l’évolution 
de carrière du collaborateur ?

Premièrement, cette attitude n’aide pas le collaborateur à évoluer, car il ne va ni entraîner son sens de l’écoute, ni apprendre des autres. Elle ne lui permet pas non plus de réussir à travailler en équipe, ce qui n’est pas une bonne chose, partant du principe que nous évoluons positivement lorsqu’on est en équipe. Les choses deviennent encore plus compliquées si «Monsieur je-sais-tout» adopte la même posture avec les clients et les fournisseurs de l’entreprise. Cela dit, face à ce type de profil, le manager hésitera et s’interrogera plusieurs fois avant de le faire évoluer ou de lui accorder de nouvelles 
responsabilités.

Quel impact cette posture peut-elle avoir sur le bon fonctionnement du travail et sur la cohésion de l’équipe ?
Au niveau d’une équipe, «Monsieur je-sais-tout» sera catégorisé comme un «savant». La confiance sera brisée entre les collaborateurs qui ne trouveront plus d’échange constructif. L’impact de l’attitude de «Monsieur je-sais-tout» est donc direct et touchera même le bon fonctionnement du travail et le rendement de l’équipe. Rappelons dans ce sens qu’une communication efficace, conjuguée à la cohésion d’équipe, joue un rôle fondamental dans l’atteinte des résultats de l’entreprise. 

Comment faut-il composer 
avec ce profil ?

Dans tous les cas, un dialogue régulier devra être instauré, de manière à ce que le comportement change réellement et sur la durée. Le rôle du manager sera de modifier le regard de l’équipe sur ce collaborateur difficile au fur et à mesure de l’évolution positive de son comportement. Sans l’appui du manager, la situation reviendra rapidement à son point de départ. Si rien ne change ou si la situation se détériore, le manager doit envisager la séparation à l’amiable avec le collaborateur. L’approche que je partage pour composer avec ce profil est basée sur trois axes :
• Bien préparer le bon moment et la bonne formulation de la critique.  
• Lors de l’échange, commencer par l’encourager avant d’entamer avec lui les axes d’amélioration de manière orientée.
• Après l’avoir écouté, il faut utiliser le «je». Exemple : «J’aimerais que tu te concentres sur ce point plutôt que sur ce point.»

Quel rôle doit jouer le manager 
pour gérer cette situation ?

Le bon manager dispose en général de quatre qualités : La capacité à garder l’optimisme en toutes circonstances, le pragmatisme, le courage et la capacité de coacher et d’accompagner ses équipes pour les faire évoluer dans le temps. Cela dit, face au «Monsieur je-sais-tout», le manager doit :
• Rester calme et recentrer le collaborateur sur le sujet.
• Faire fédérer le collaborateur «je-sais-tout» dans la vérification des informations. 
• L’inciter à formuler des propositions et à trouver des solutions.
• Répondre rapidement à ses interventions et passer au sujet suivant. 

Propos recueillis par Nabila Bakkass

Lisez nos e-Papers