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«Les musiciens ont aussi droit au Fonds de gestion du Covid-19»

Faisant partie des Marocains qui n’ont pas pu rejoindre leur pays, suite à la suspension des vols, Abdelati Amanna est resté confiné à Paris, acceptant la volonté de Dieu. Abdelati ne se lamente pas et attend calmement et sereinement son retour au Maroc en compagnie de son épouse.

«Les musiciens ont aussi droit au Fonds de gestion  du Covid-19»
Abdelati Amanna.

Le Matin : Comment vivez-vous cette période de confinement sanitaire à Paris, ville que vous n’avez pas pu quitter à cause de la suspension des vols ?
Abdelati Amanna
: En effet, je suis confiné à Paris avec mon épouse. Alhamdoulillah. Notre retour était prévu le 16 mars dernier. Mais Dieu en a décidé autrement. Nous traversons une période un peu spéciale de ce confinement en France, comme l’ensemble de nos compatriotes qui n’ont pas pu rejoindre le Maroc. Mais je ne panique pas et j’ai passé tranquillement mon Ramadan en attendant notre retour.

Que ressentez-vous loin de votre pays et quels sont les changements qui se sont opérés dans votre conception de la vie ?
Beaucoup de peine, mais j’accepte le destin de Dieu. Toutefois, je peux vous assurer  que durant ce confinement, on  se trouve face à une remise en question et on apprend à être très patient. Ce confinement est, par ailleurs, une source de raisonnement et de dialogue avec nous-mêmes.

Est-ce que cette période vous inspire quand même de nouvelles compositions musicales ?
L’inspiration est toujours présente, mais la situation diffère. Le lieu et les événements n’aident pas  à sa réalisation. Il y a cette nostalgie du pays, de la maison, des amis, des studios, des habitudes... Beaucoup de choses que je n’ai pas actuellement et qui me manquent énormément.

Beaucoup de gens qui travaillent dans le secteur de la musique se sont retrouvés au chômage au lendemain de l’annonce du confinement ? Que pensez-vous de cette situation ?
Oui, il y a des musiciens qui vivent au jour le jour et qui se retrouvent maintenant dans une situation très difficile. Normalement, le syndicat devrait aujourd’hui plaider leur cause auprès des autorités. Car eux aussi ont droit au Fonds de gestion  du Covid-19.

Quel message adressez-vous aux Marocains pour lutter contre la propagation du Covid-19 ?
Je suis de très près ce qui se passe au Maroc. C’est dommage qu’une catégorie de Marocains est peu soucieuse de la gravité de la situation. Ils pensent que le fait de leur demander de rester chez eux est une sorte de punition ou pénalité. Mais il faudrait aussi les comprendre. Peut-être que l’information  n’a pas atteint son but. Moi, par exemple, pour ma sécurité, je ne suis pas sorti depuis plus de 60 jours, sauf dans les cas où c’était vraiment. C’est ce que je conseille à mes chers compatriotes de faire, ne sortir que pour l’essentiel, afin de garantir leur sécurité et celle de leurs enfants et proches. En ce moment, nous passons le plus grand examen de notre temps et cela nous demande quelques sacrifices. 


Parcours

Compositeur et chanteur confirmé depuis les années 1960, Abdelati Amanna est considéré comme l’un des rénovateurs de la chanson marocaine moderne. Il s’est ainsi constitué une riche carrière avec des compositions créatives qui ont marqué la chanson marocaine moderne. Car il possédait le secret de la chanson qui, selon lui, ne devrait pas sortir de ses racines patrimoniales. C’est ce qui l’a motivé à explorer la diversité des rythmes et mélodies marocaines en les présentant dans un moule moderne et académique. Luthiste de talent, Abdelati Amanna a su composer des chansons qui sont restées gravées dans les mémoires des Marocains. En effet, tous ceux ayant vécu la génération d’Abdelati se remémorent les voix angéliques d’«Attoulati Amanna» qui furent, dans leur temps, un renouveau dans la chanson marocaine. Plus de trois cents chansons attestent ce brillant parcours qui a valu à l’artiste d’être décoré par Sa Majesté le Roi Mohammed VI par le Wissam de Mérite national, échelon supérieur. Son répertoire est parsemé de divers projets musicaux très créatifs, notamment «L’hymne des jeux mondiaux de la paix», «La chanson de l’enfant», entre autres compositions interprétées par plusieurs chanteurs. Sans oublier qu’il est le premier marocain à avoir participé à l’Eurovision, avec la chanson «Bitakat Hob». Une odyssée foisonnante qui lui a permis d’être récompensé, en 2019, par le Trophée du Festival «Été des Oudayas» dans sa neuvième édition.

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