Une large portion du nord de l’Italie, dont la région de Milan, s’est réveillée dimanche matin coupée du monde par une stricte quarantaine décidée par le gouvernement pour contenir l’épidémie de coronavirus. La population de Milan, alertée dès samedi soir par des fuites dans les médias italiens, s’est comme résignée à une vie au ralenti : les rues étaient désertes et calmes dimanche matin, selon un journaliste de l’AFP sur place. Aucun mouvement de panique non plus à la gare centrale, très calme, ni de contrôles de police. Les aéroports restent aussi ouverts, alors qu’il est normalement interdit de sortir des régions sous quarantaine, appelées «zone rouge».
Depuis dimanche matin, les déplacements d’au moins 15 millions d’Italiens – soit un quart de la population du pays – sont en principe strictement limités à l’entrée et à la sortie des territoires sous quarantaine. Mais à la gare centrale dimanche matin, un photographe de l’AFP, s’il n’a constaté aucun mouvement de panique, n’a pas vu non plus le moindre contrôle policier des voyageurs. Les mesures de confinement concernent toute la région de Lombardie et les provinces septentrionales de Modène, Parme, Piacenza, Reggio Emilia, Rimini (dans la région d’Emilie-Romagne), Pesaro et Urbino (région des Marches, centre-est), Alessandria, Asti (Piémont, nord-ouest), mais aussi Padoue, Trévise, et Venise (en Vénétie, nord-est).
Seuls sont autorisés les déplacements répondant à des «impératifs professionnels dûment vérifiés et à des situations d’urgence, pour des raisons de santé». «Je vous implore : restez chez vous, sortez uniquement pour des raisons indispensables», a demandé le professeur milanais de virologie Roberto Burioni sur son compte Twitter. «C’est une pure folie», a-t-il réagi à des informations faisant état de gens ayant fui le territoire avant la quarantaine. «On laisse filtrer le projet d’un décret extrêmement draconien qui provoque la panique chez des gens qui essaient de fuir une hypothétique zone rouge, emportant avec eux la contagion», a-t-il dénoncé. Bien avant l’officialisation du décret gouvernemental vers deux heures du matin, il avait déjà été largement éventé samedi soir par les médias italiens. Une fuite jugée «inacceptable» par le Chef du gouvernement Giuseppe Conte. «Cette publication d’une ébauche a créé incertitude et confusion», a-t-il déploré.