Le Matin : Avec la crise de la pandémie du Covid-19, beaucoup de projets de la FNM sont restés suspendus. Maintenant, avec ce léger déconfinement, y a-t-il des expositions en vue, en dehors des prestations virtuelles ?
En période de confinement sanitaire, vous avez misé sur le numérique. Était-ce suffisant pour garder un échange culturel avec le large public ?
Le musée à la maison a été à la fois un outil culturel, informatif et pédagogique qui nous a permis de maintenir le lien avec le grand public. Nous avons instauré une sorte de «fil d’Ariane» sur nos réseaux sociaux en proposant plusieurs initiatives avec des expositions virtuelles, des visites guidées, des quizz, des concours mais aussi des séances de cinéma en ligne en partenariat avec le centre cinématographique marocain pour revoir de grands classiques du cinéma marocain, afin d’adoucir cette période. Le numérique ne remplacera jamais une visite au musée ni les échanges en réel, certes, mais ça reste un outil fabuleux qui amplifie la portée de l’art partout.Êtes-vous satisfait de l’affluence aux expositions virtuelles que vous avez lancées pendant la période du confinement sanitaire ? Cette démarche vous a -t-elle donné d’autres idées pour l’avenir ?
Les expositions virtuelles ont permis aux Marocains du monde et aux étrangers de découvrir ou redécouvrir les chefs-d’œuvre exposés au MMVI depuis chez eux. Nous avons eu des échos de par le monde sur la réussite de cette initiative. C’est une pratique alternative qui s’est démocratisée dans le monde entier, chez les plus grandes institutions muséales à l’international. Elle annonce qu’il y aura un monde d’après pour les musées et qu’il faut réinventer l’expérience muséale. À la FNM, nous avons décidé de miser davantage sur le digital pour permettre au grand public d’avoir un accès permanent aux œuvres et objets numérisés de nos collections et de nos futures expositions. Il faut se saisir de cette dynamique pour réfléchir à de nouvelles façons de partager, de diffuser la culture et de faciliter son accessibilité.Qu’en est-il du Fonds de soutien que vous avez alloué à l’achat de tableaux pour renforcer la collection du Musée Mohammed VI et en même temps soutenir les artistes en cette période de crise ?
Nous sommes actuellement en pleine action, la commission désignée est en train de travailler et de traiter l’ensemble des dossiers reçus. La collection viendra renforcer le fonds muséal de la Fondation nationale des musées. Depuis sa création, la Fondation nationale a pris en main la tâche de rénover et restaurer tous les musées nationaux.Actuellement, nous assistons à la mise à niveau du Musée des Oudayas. Pouvez-vous nous parler du déroulement des travaux ?
Les travaux avancent progressivement, les équipes travaillent essentiellement sur la scénographie de l’exposition permanente et au fonctionnement du musée dans sa globalité. La restauration du bâtiment nécessite un travail minutieux car c’est un établissement historique. Il faut compter encore 24 mois pour que le musée des Oudayas soit opérationnel et ouvert au grand public.Quels sont les autres musées en cours de restauration et ceux qui attendent leur tour ?
Depuis la création de la FNM en 2011, 7 musées ont été rénovés et sont actuellement opérationnels. Ils ont ouvert leurs portes le 27 juillet. Il y a à ce jour encore 5 musées en rénovation, dont le musée Bab Okla de Tétouan, les musées Dar Jamaï et Borj Belkari à Meknès, le musée Batha de Fès et le musée de la place Jamaa El Fna à Marrakech. Deux autres nouveaux musées verront le jour, à savoir le musée de la mémoire juive du Maroc à Fès et le musée de la Villa Harris à Tanger, qui sera ouvert dès le mois prochain. Ce dernier comportera une collection exceptionnelle de tableaux de maîtres et d’artistes marocains entièrement donnés par un généreux donateur de la ville.Êtes-vous satisfait de ces rénovations en termes d’équipement, de collections et de gestion ?
On ne peut qu’être satisfaits quand on voit le travail qui a été réalisé depuis la création de la FNM et nous visons à aller toujours plus loin dans nos missions. Nous avons des musées restaurés dans plusieurs régions du Royaume et de nouveaux à venir, nous avons des programmations constantes et nous avons organisé une Biennale d’art contemporain qui a rencontré un succès considérable et a confirmé la position de Rabat comme Ville Lumière et capitale marocaine de la culture. Le Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain s’est positionné au haut niveau international de l’art et de la culture en mettant en avant, dès son parvis, la création marocaine avec les statues d’Ikram Kabbaj et le tableau de Ghizlane Agzenaï, invitant au voyage vers d’autres cultures avec le Cheval de Botero et le guerrier Massaï d’Ossman Sow.Où est-ce que vous allez chercher les fonds nécessaires pour ces restaurations et équipements ?
Les fonds proviennent essentiellement de l’État, en partie du ministère des Finances, mais aussi de sponsors, de mécènes et de donateurs.Pouvez-vous nous parler un peu des futurs événements importants de la Fondation ?
La reprise culturelle est importante pour nous, car nous savons qu’elle est très attendue par le grand public. Nous travaillons actuellement à l’organisation des expositions à venir dès la rentrée prochaine et qui seront résolument marocaines, avec deux rétrospectives, l’une en hommage à Jilali Gharbaoui et l’autre des œuvres de Fouad Bellamine. Une sculpture de Farid Belkahia a été installée sur le parvis du MMVI. Bien évidemment, la Fondation nationale des musées poursuit son ancrage dans les régions. Tanger sera enrichie d’un nouveau musée à la rentrée prochaine. Deux autres nouveaux musées ouvriront après restauration, le musée du patrimoine à Tétouan et le musée de la musique à Meknès.