Conseil : On entend de plus en plus parler de l’importance de la résilience en temps de crise. De quoi s’agit-il ?
Plus concrètement, dans quelle mesure cette résilience permettrait-elle aux entreprises et aux collaborateurs de dépasser l’épreuve de cette crise sanitaire ?
J’estime que pendant cette pandémie du coronavirus, les entreprises et leurs collaborateurs ont plus que jamais besoin de cette compétence. Le renforcement de la résilience est l’un des meilleurs moyens de gérer la crise, car les personnes et les équipes résilientes sont plus adaptatives, plus flexibles et surtout plus collaboratives. En effet, les équipes sont préoccupées par leur santé, leurs proches, leur sécurité, leur environnement et leur survie dans son ensemble. Ces craintes ont un impact tangible sur l’environnement social et les entreprises doivent exister et inventer des moyens à même d’assurer leur survie. À cet effet, le leadership et la culture d’entreprise sont des vecteurs importants pour implémenter, cultiver et irriguer cette aptitude à la résilience. Il leur incombe la responsabilité de donner des ressources adéquates à leurs équipes afin qu’ils soient eux-mêmes résilients. D’ailleurs, depuis que nous avons commencé à nous intéresser au leadership, nous avons pu conclure que les entreprises résilientes touchent à l’impact puissant du leader sur l’ensemble de l’organisation, y compris la culture et les processus. Être leader, c’est prendre les choses en main et surtout servir d’exemple. Les dernières découvertes dans le domaine des neurosciences montrent que le cerveau est plastique, ce qui lui donne la capacité de s’adapter. Il peut ainsi tout apprendre, généralement plus facilement que nous ne le pensons. Ainsi, lorsque nous réfléchissons au changement, nous imaginons souvent des révolutions, mais le changement est en réalité une question de leader modélisant une série de comportements que le reste de l’entreprise peut suivre. À l’épreuve du coronavirus et surtout avec les mesures de confinement, le leader doit ainsi donner l’exemple en adoptant les facteurs de résilience qui seront utiles aux autres. Le leader doit aussi prendre en considération que durant la crise sanitaire, les inégalités sociales et surtout psychologiques deviennent plus aggravées par le confinement, d’où l’importance de prévoir des activités à mener à distance qui permettront de renforcer le sentiment d’appartenance et l’estime de soi de chacun.Est-il si facile de renouer avec la résilience alors que l’on est submergé par des informations qui circulent sur les réseaux sociaux et qui ne sont pas toujours rassurantes ?
Alors que la propagation et les impacts de grande envergure de Covid-19 dominent les nouvelles du monde, nous avons tous été témoins et connaissons la propagation parallèle de l’inquiétude, de l’anxiété et de l’instabilité. En effet, dans une crise, notre état mental ne semble souvent qu’exacerber une situation déjà extrêmement difficile, devenant un obstacle majeur en soi. Même sans un déluge constant de nouvelles mauvaises ou inquiétantes, la tendance naturelle de notre esprit est de se laisser distraire. Une étude récente révèle que 58% des employés ont signalé une incapacité à réguler leur attention au travail. Alors que l’esprit vagabonde, la recherche a montré qu’il est facilement piégé dans des schémas et des pensées négatives. En période de crise – comme celle que nous traversons actuellement –, cette tendance est exacerbée et l’esprit peut devenir encore plus accroché par une pensée obsessionnelle, ainsi que par des sentiments de peur et d’impuissance. Ainsi, lorsque l’esprit est coincé dans cet état, une réaction en chaîne démarre. La peur commence à rétrécir le champ de vision et il devient plus difficile de voir l’image plus grande et les possibilités positives et créatives devant vous. Au fur et à mesure que la perspective se rétrécit, notre tendance à se connecter avec les autres augmente également. À l’heure actuelle, la réalité de la propagation du coronavirus peut jouer dans nos pires craintes envers les autres et accroître notre sentiment d’isolement, ce qui ne fait qu’alimenter nos inquiétudes. Certes, il n’est pas toujours évident de faire l’effort sur soi en ces circonstances, mais j’estime qu’il est indispensable de chercher à renouer, coûte que coûte, avec la résilience. Il ne faut surtout pas céder à ses craintes et à ses peurs.