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Des scientifiques analysent l’efficacité des tests PCR et sérologiques

Des scientifiques analysent l’efficacité des tests PCR  et sérologiques

Les Marocains bloqués à  l’étranger ou les MRE désirant venir voir leurs familles  se précipitent pour rejoindre leur pays. Parmi les conditions à remplir, ils doivent avoir effectué un test PCR moins de 48 heures avant le voyage, ainsi qu’un test sérologique. Le Maroc exige la combinaison de ces deux tests afin d’éviter l’arrivée de personnes atteintes du Covid-19. Les tests PCR permettent de repérer les individus porteurs du virus, potentiellement  «contaminateurs»  et futurs malades, alors que les tests sérologiques identifient les  personnes  ayant développé des anticorps contre le coronavirus et  donc contracté l’infection, même sans avoir eu de symptômes. Selon  Dr Khadija Moussayer, présidente de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS), l’efficacité de cette combinaison a des limites et dépend de plusieurs facteurs : «Le problème est qu’en dépit des tests,  ce virus sait  se “cacher” pendant la période d’infectiosité».

Test PCR : un taux de faux négatifs non négligeable
Une analyse de l’AMMAIS explique que malgré la capacité du test virologique RT-PCR, proche de 100%, à ne détecter que les porteurs de ce type de virus, et sa bonne sensibilité à réagir à la présence du virus, sa fiabilité dépend de nombreux autres facteurs, y compris humain. 
«Le prélèvement exige en effet d’aller recueillir  des cellules au fond des muqueuses de l’arbre respiratoire en enfonçant un écouvillon dans le nez jusqu’à l’arrière de la tête.  Faute de quoi, le test  risque d’être inopérant. Pour compliquer la situation, le virus est parfois indétectable dans les voies respiratoires supérieures, mais présent dans les poumons. 
À cause de ces deux “écueils” principalement, on estime que la fiabilité du test se situe entre 60 et 80%, des résultats  d’ailleurs assez proches  de  ceux constatés dans d’autres infections comme la grippe».
Ces difficultés sont confirmées par une étude, réalisée par des biologistes de la Johns Hopkins Medicine à partir des résultats de 1.330 prélèvements.  Les chercheurs ont établi que les sujets infectés présenteraient majoritairement un test négatif (67% au quatrième jour de la contagion)  dans les 4 jours suivant la contamination. Ils ont aussi constaté un taux de faux négatifs de 38%, le jour de l’apparition des symptômes. Les tests les plus fiables ont été faits  8 jours après la contamination et, en moyenne, 3 jours après la survenue  des symptômes, avec un taux de faux négatifs qui reste néanmoins de 20%. 

Les tests sérologiques sont-ils fiables ?
S’agissant des tests sérologiques, Dr Moussayer rappelle qu’ils ne sont recommandés qu’en complément d’un test PCR  négatif pour confirmer une infectiosité, pour détecter les anticorps ou comme outil de surveillance épidémiologique. Ce test permet de savoir si une personne a développé des anticorps (immunité) contre le virus SARS-CoV-2. Concrètement, si la personne a été malade ou si elle a juste rencontré le virus sans développer de symptômes. «On ne recommande pas la réalisation de ce test en population générale en raison des incertitudes concernant l’immunité protectrice et sa durée éventuelle après la pathologie», explique la présidente de 
AMMAIS. Cette spécialiste de médecine interne pose des interrogations sur l’efficacité  du test sérologique en tant  que «passeport immunologique», de même que pour le délai de 48 h imposé au PCR.
Les tests sérologiques ne permettent pas de statuer sur une potentielle immunité protectrice ni  sur sa durée. Il y a des doutes concernant  la corrélation entre présence d’anticorps et immunité. Il n’est pas certain que la présence d’anticorps nous protège, ni pendant combien de temps. Donc, il ne faut pas  se croire protégé et  relâcher les gestes barrière. À l’inverse, on peut être testé «Covid négatif» si l’on a été infecté récemment et que l’on n’a pas eu le temps de développer des anticorps.
«On voit donc que le test le plus utile reste plus que jamais le PCR, dans la mesure où il permet de dire, et à condition de le répéter, si oui ou non une personne est porteuse du virus à un instant T, et seulement à cet instant. Ce qui implique que cette opération soit renouvelée malheureusement assez fréquemment,  en particulier dans les entreprises, pour éviter tout accident de parcours préjudiciable», explique Khadija Moussayer. Et d’ajouter que l’arrivée de nouveaux tests plus  performants  réduira quelque peu la part d’incertitude actuelle. 

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