Les séniors et le télétravail : Comment ça marche ?

Face à la pandémie du coronavirus, plusieurs entreprises ont décidé de mettre en télétravail leurs collaborateurs. Crise sanitaire oblige, la décision a été prise, mais aussi appliquée dans la rapidité, avec pour objectif de permettre à l’entreprise de poursuivre ses activités et d’atteindre ses objectifs dans ces circonstances difficiles tout en préservant la sécurité des collaborateurs. Jusqu’à présent, nous ne disposons pas de statistiques officielles par rapport à l’impact de ce mode de travail sur le fonctionnement de l’entreprise, et d’ailleurs on est encore loin de se lancer dans de telles analyses au regard des changements qui s’opèrent au quotidien. Côté salarié, ce mode d’organisation semble déjà être satisfaisant. D’après la dernière enquête réalisée par le portail de l’emploi, Rekrute.com, auprès de 1.778 personnes, 54% des cadres déclarent qu’ils sont productifs en télétravail et se disent être satisfaits de l’activité à distance. Mieux encore, 90% des interviewés souhaitent intégrer cet outil dans leur quotidien à l’avenir. Malheureusement, cette satisfaction n’est pas affichée chez toutes les générations. L’enquête révèle que les cadres ayant 55 ans et plus se sentent moins à l’aise avec le travail à distance et attribuent une note moyenne de 3,2 /5 plutôt à leur niveau de productivité. À la recherche des facteurs qui expliquent cette situation, nous pouvons aisément constater que la barrière technologique arrive au premier rang. Avec le télétravail, «les séniors sont contraints de travailler avec les nouveaux outils informatiques qu’ils n’utilisaient que rarement en priorité auparavant», peut-on lire dans l’enquête de Rekrute.com. Ce constat a été partagé par Meryem Benslimane, consultante en développement des compétences et en ressources humaines qui confirme, d’après son expérience, que les séniors ne sont pas encore très à l’aise avec les outils technologiques. «Ils étaient d’ailleurs toujours assistés par les juniors en cas de souci en la matière, chose qui n’est pas possible aujourd’hui avec les mesures de confinement», explique-t-elle, avant d’ajouter que les choses seraient beaucoup plus faciles aujourd’hui si ces séniors étaient initiés au télétravail auparavant c’est-à-dire avant l’arrivée de la pandémie au Maroc. 
Autres obstacles et non des moindres : La peur du changement, le manque de visibilité à moyen et long termes et l’absence du contrôle en présentiel. «Par défaut, la crise sanitaire apporte son lot de changements et la certitude gagne le terrain. Les séniors, tout comme les juniors, ne sont pas aujourd’hui rassurés par rapport à leurs postes, ni par rapport à leur avenir. À cela s’ajoute que la plupart des séniors ne sont pas capables de suivre un changement dans leur mode de vie, ce qui constitue en soi une barrière psychologique», souligne Meryem Benslimane. L’experte précise aussi que la plupart des séniors souffrent aujourd’hui d’une incapacité d’instaurer un équilibre entre leur vie personnelle et leur vie professionnelle, d’autant plus que les écoles sont fermées et que les enfants sont à la maison en e-learning.

Le management de proximité est de mise !
Comme dans tout type de changement, la réussite du télétravail nécessite un accompagnement des collaborateurs. L’entreprise doit ainsi s’assurer que ces salariés disposent des moyens technologiques et de l’infrastructure adéquate pour la réussite de leur travail. «Elle doit aussi mobiliser un ou des membres spécialisés dans l’informatique pour assurer le suivi à distance des séniors en cas de souci. C’est indispensable pour le fonctionnement du travail», recommande Meryem Benslimane, avant d’ajouter qu’il faut aussi accorder le droit à l’erreur aux collaborateurs. Parallèlement, l’entreprise doit aussi favoriser le management de proximité, la transparence et le partage d’informations et des décisions en temps réel avec l’ensemble des collaborateurs. Cette mission, précise-t-elle, est souvent attribuée aux middle managers, mais encore faut-il que ces derniers soient suffisamment outillés et surtout rassurés pour être plus clairs, plus crédibles et plus transparents dans leurs discours. Nous traversons une crise sanitaire sans précédent et il est clair que les efforts doivent converger pour espérer une sortie sans grandes pertes.