Vaccin anti-Covid-19 : Où en sommes-nous ?

Où en sont les recherches sur le vaccin anti-Covid-19 ? Qui est le plus avancé dans le processus de production du vaccin ? Quelle efficacité et quels effets sur la santé ? Comment devront s’organiser les campagnes de vaccination ? Ce sont là quelques questions que nous nous posons tous avec plus ou moins d'appréhension face à l’évolution toujours inquiétante des cas de contamination au coronavirus Covid-19 et surtout la hausse des cas graves et des décès. Lors de sa dernière sortie médiatique, le ministre de la Santé a affirmé que son département travaillait sur l’organisation de la campagne de vaccination, dès l’acquisition du vaccin, dont un essai clinique se déroule au Maroc.
Sur cet essai clinique, le Pr Kamal Marhoum El Filali, chef de service des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd, qui supervise cette opération au niveau de Casablanca, avait expliqué, dans un débat à L’Info en Face, que le Maroc, après avoir validé les deux premières phases, est passé à l’étape 3 durant laquelle le vaccin est testé sur une catégorie beaucoup plus large de bénévoles. Ils sont 600 au Maroc. Ces volontaires devraient recevoir deux injections, la première au démarrage du protocole, et la deuxième, 3 semaines plus tard, puis arrive la phase d’observation du niveau de production des anticorps ainsi que le taux de tolérance, expliquait le Pr Marhoum El FIlali. Mais l’expert préfère rester prudent et dit ne pas pouvoir se prononcer sur les délais de validation définitive du vaccin sujet de l’étude.
En tout cas, le ministre de la Santé a annoncé que ces essais seront terminés le 15 novembre prochain et qu’une probable disponibilité du vaccin est prévue pour décembre ou janvier 2021. Son département a d’ailleurs accéléré la cadence pour préparer sa stratégie de vaccination au niveau national pour être prêt dès qu’un vaccin sera validé.
Mais si Khalid Aït Taleb semble optimiste par rapport au vaccin, le Chef du gouvernement a fait une sortie juste après pour affirmer que des négociations sont en cours avec trois nouvelles sociétés pour l’acquisition d’un vaccin anti-Covid 19 dès qu’il sera mis sur le marché international. De quoi semer le doute sur l’efficacité des autres produits pour lesquels le Maroc avait conclu des accords. D’autres diront qu’au contraire, s’ouvrir sur d’autres laboratoires est bénéfique puisque cela permet au Maroc de multiplier les interlocuteurs et donc accroître ses chances d’acquérir le vaccin le plus rapidement possible.
Ces pronostics interviennent à un moment où le doute reste de mise au niveau international. En effet, du moment que le Maroc ne produit pas lui-même le vaccin, ce qui aurait été un avantage colossal pour notre pays, il reste suspendu aux conclusions et résultats réalisés à l’international. Et au niveau mondial, la compétition est rude !
L'OMS recense actuellement 42 «candidats vaccins» évalués dans des essais cliniques sur l'homme à travers le monde, contre 11 à la mi-juin. Dix en sont au stade le plus avancé, la phase 3, où l'efficacité du vaccin est mesurée à grande échelle sur des dizaines de milliers de volontaires répartis sur plusieurs continents. Parmi eux, toujours selon l’OMS, celui de la société américaine Moderna, de l'alliance germano-américaine BioNTech/Pfizer, de plusieurs laboratoires chinois, un projet européen mené par l'Université d'Oxford (en coopération avec la société AstraZeneca) ou encore le vaccin Spoutnik V, développé par la Russie et son institut de recherche Gamaleïa. Outre les essais déjà entamés, l'OMS comptabilise 156 projets de candidats vaccins en phase pré-clinique d'élaboration. Dans cette course au vaccin contre le coronavirus Covid-19, certains observateurs redoutent que l’ambition d’être premier à découvrir le bon vaccin rapidement l’emporte sur la qualité et l’efficacité.