Le film «Fi Zaouiyati Oummi» est fait par pure coïncidence quand la réalisatrice Asmae El Moudir a trouvé une vieille carte postale dans les affaires de sa mère, où est photographié le village de montagne Zawia que sa maman avait quitté lorsqu’elle était alors enfant sans jamais y retourner, en raison des conditions de vie très dures. C’est ainsi qu’elle a pensé à donner vie à ce lieu à travers une histoire sensationnelle. El Moudir se rend au village, cet endroit isolé, et commence à tisser les fils de son récit. «J’ai découvert cette carte postale depuis toute petite. Pendant des années, cette image faisait partie de mes livres. Je l’ai même utilisée comme marque-page. Plus tard, alors que je cherchais des documents parmi les affaires de ma mère, je l’ai trouvée, puis j’ai demandé à ma mère ce qu’elle représentait et elle a répondu que c’est une photo du village dans lequel elle est née et qu’elle a quitté encore petite fille».
Cette histoire rentre dans la catégorie de films qu’Asmae aime réaliser et qui évoquent des sujets sociaux. «J’essaie d’avoir un style simple sans compliquer les choses, que même les intellectuels peuvent regarder. Un film est fait pour être vu par le maximum de public et évalué à l’échelle internationale», dit-elle.
Selon le synopsis du documentaire, «Asmae se lance dans une quête du passé de sa mère, et donc du sien. Elle établit des liens personnels avec les femmes et les jeunes filles du village, l’une des jeunes filles s’appelle Oum Elaid. Plus El Moudir apprend à la connaître, elle et sa famille, plus elle se rend compte à quel point sa vie aurait été différente si sa mère était restée au village». El Moudir souligne que ce voyage intime et personnel a commencé au départ avec la recherche des racines de sa famille et le souvenir de sa mère, «mais s’est transformé en une histoire universelle sur l’émancipation, la migration et le désir humain d’appartenir à une communauté». Une histoire passionnante réalisée avec beaucoup de professionnalisme et qui a commencé sa tournée des festivals internationaux en novembre dernier avec la 33e édition du Festival du film «Edfa» dans la ville néerlandaise d’Amsterdam. Le film «Carte postale» est considéré comme l’un des meilleurs documentaires arabes produits en 2020. Cette qualité a été confirmée après qu’il a remporté le Prix du meilleur documentaire au Festival de Toronto, qui est une victoire aussi bien pour le réalisateur et le film que pour «Al Jazeera Documentary» qui l’a produit. Cette distinction vient suite à l’annonce du palmarès de la compétition virtuelle mensuelle pour les meilleurs films du mois dans différentes catégories du festival, qui se concentre sur des histoires produites à partir de divers horizons, cultures et traditions des femmes dans la société. Cette compétition vise à découvrir et à honorer les réalisatrices et femmes travaillant dans le domaine des médias.
Biographie
Lauréate de l’ISCA de Rabat et de l’Université Abdelmalek Essaâdi en études cinématographiques et audiovisuelles, Asmae El Moudir est réalisatrice de courts métrages et de documentaires en freelance avec des boîtes de production au Maroc et à l’étranger. Sa Filmographie compte, entre autres «La Dernière balle» (Fiction, 2010), «Les couleurs du silence» (Fiction, 2011), «Mer(e)» (Fiction, 2012), «Friday» (Doc., 2013)… Plus de 15 documentaires et vidéos clips.
Fiche technique
Réalisateur : Asmae El Moudir
Production : Mohamed Elmongy, chaîne documentaire Al Jazeera
Producteur exécutif : Asmae
El Moudir pour Insight FILMS