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Burnout parental, que faire ?

«L’amour d’une mère pour son enfant ne connaît ni loi, ni pitié, ni limite. Il pourrait anéantir impitoyablement tout ce qui se trouve en travers de son chemin». Cette citation de l’écrivaine Agatha Christie fait l’unanimité. Les parents ne ménagent aucun effort pour voir leur enfant grandir dans de bonnes conditions, même si cela peut nuire à leur santé et/ou à leur bien-être. Effectivement, la pression que subissent les parents au quotidien peut les conduire à vivre un état de fatigue physique et morale intense, une perte de vitalité ou encore un manque d’enthousiasme. Ne cherchez pas loin, cela a bien un nom : Le burnout parental. Zoom sur ce phénomène dont souffrent bon nombre de familles, parfois en silence.

Burnout parental,  que faire ?

Avez-vous déjà ressenti du découragement face à certains comportements de votre enfant ? Un manque de plaisir à passer du temps avec lui ? Une fatigue intense accompagnée d’une incapacité d’accomplir vos missions au quotidien ? Il s’agit probablement du burnout parental. Tout simplement, votre enfant, censé être un cadeau, s’est transformé en fardeau et vous n’arrivez plus à gérer la situation. Ne culpabilisez surtout pas puisque cela peut arriver à tout le monde. Leila, comptable et maman de deux enfants, partage avec nous son vécu : «Je passe actuellement par une période très difficile. Le même scénario se répète depuis des années et je sens que je commence à perdre le contrôle sur moi-même. Je dois chaque jour m’occuper des enfants, gérer leurs colères de frustration, les aider dans les devoirs, penser à leur alimentation... Je me sens épuisée et je n’arrive plus à retrouver mon énergie. Le problème c’est que j’ai aussi des obligations professionnelles».
Ce premier témoignage nous vient d’une maman qui se voit tiraillée entre ses obligations familiales et ses ambitions professionnelles et on peut tout naturellement croire que le burnout parental est un phénomène dont souffrent uniquement les femmes qui travaillent, ce qui n’est pas le cas. Il suffit de faire un tour sur les réseaux sociaux et de participer à des groupes de discussion qui s’intéressent à l’éducation des enfants pour constater que des femmes au foyer ou même des pères de famille souffrent de ce phénomène. «Les gens pensent que la fatigue en tant que parent ne concerne que les femmes qui travaillent. Je suis femme au foyer et maman d’un garçon de deux ans et demi. Je commence déjà à m’épuiser. Je ne dors pas bien et mon enfant ne se sépare jamais de moi. Son papa refuse de me donner un coup de main sous prétexte qu’il travaille», témoigne Fatim-Zahra, une femme au foyer. Dans notre quête pour mieux vous rapprocher de ce phénomène, nous avons rencontré Mohamed, auditeur qui a accepté volontiers de partager avec nous son expérience. «Je suis perfectionniste et cela me cause des problèmes, surtout en matière d’éducation de mes enfants. Je tente de tout faire pour les rendre heureux, mais cela m’épuise énormément. Je suis allé voir un thérapeute, car je me suis rendu compte que cela risque de devenir pathologique», a-t-il dit.

Un phénomène, plusieurs causes…
«Il y a plusieurs origines à ce malaise qui n’est au fait que le cumul de plusieurs contraintes», nous a déclaré Imane Hadouche, master-coach et comportementaliste. L’experte cite ainsi quelques causes tout en faisant une comparaison entre le type d’éducation adopté jadis et celui pour lequel optent la plupart des parents aujourd’hui.
• Le choix du mode d’éducation : Il fut un temps où les parents étaient une figure d’autorité. Ils étaient sévères, durs, envahissants, écrasants, redoutés et hautement craints. D’ailleurs, plusieurs enfants issus de cette éducation, et qui sont devenus aujourd’hui eux-mêmes parents, ont pu constater l’impact négatif de ce mode d’éducation par eux-mêmes, se reflétant sur leurs capacités sociales, leur estime de soi et leur confiance en soi.

Ces parents d’aujourd’hui ont décidé de ne pas refaire les mêmes erreurs. D’autres parents ont découvert l’impact positif d’une éducation axée sur la communication, le respect de l’enfant, la valorisation de son identité propre et l’expression de sa personnalité en toute liberté. Ce qui est une bonne chose dans le fond. Oui, mais comme tout nouveau paradigme, il arrive que l’on soit maladroit par rapport à la pratique. Au point où l’on peut se retrouver face à des parents désemparés, qui ne savent plus comment réussir ce pari d’élever leurs enfants selon les nouveaux paradigmes, sans être rattrapés par un manque d’autorité et des excès de sensibilité. Ils essayent ainsi de jongler avec les deux méthodes avant de se rendre compte de la confusion que cela crée aussi bien chez eux que chez les enfants.
• La perte de repères : On constate aussi que certains parents, dans une fuite en avant, désirant couper avec ce mode d’éducation «à l’ancienne» s’installent par rapport à l’enfant, dans un jeu dangereux de séduction. En effet, jadis les enfants étaient prêts à tout faire pour obtenir l’approbation de leurs parents en répondant à leurs exigences. Aujourd’hui, on remarque que c’est l’inverse qui se passe puisque ce sont les parents qui cherchent à être appréciés par leurs enfants, en faisant tout pour répondre à leurs exigences et en se pliant à leurs caprices.
• Le rythme de vie : Avant, les enfants suivaient le rythme des parents. Aujourd’hui, ce sont les parents qui vivent au rythme de leurs enfants. Autant dire qu’à un moment, la question qui se pose et qui amène à une prise de conscience choquante est la suivante : «qui est le parent et qui est l’enfant dans la famille ?» Visiblement, dans certaines familles, les rôles ne sont plus bien définis. Le mode trop permissif est tout aussi néfaste que le mode autoritaire, puisqu’un parent doit rester «le parent». D’ailleurs, dans une famille équilibrée et stable, nous vivons tous ensemble et il est possible et recommander de prendre en considération le rythme, les demandes et les besoins de tout un chacun. Et que chacun prenne toute sa place, mais rien que sa place.
• L’image du «citoyen modèle» : Aujourd’hui dans les médias et sur les réseaux sociaux, on se retrouve face à des spécialistes en tout et pour tout, et des milliers de vidéos et d’émissions, qui véhiculent une «image» lisse et parfaite de ce que devrait être notre vie. Des citoyens productifs avec une carrière et des réussites, des partenaires installés dans une vie conjugale épanouissante 24 heures 7 jours par semaine, des personnes intellectuelles, informées, sportives, mangeant sainement, faisant du sport, ayant des loisirs, prenant soin de notre apparence, et des parents parfaits, avec une maison propre et des enfants sages et heureux. Le pire c’est que les gens commencent à vivre avec «un filtre» pour refléter cette réussite qu’on leur recommande. Pas étonnant alors de s’essouffler à courir après un mirage, ni de déprimer à force de vouloir refléter une vie de façade, parfaite en apparence, tout en culpabilisant parce qu’on n’y arrive pas en réalité.
Nous vivons, certes, dans un grand stress et cela nous arrive tous de nous sentir épuisés. La situation est amplifiée par la crise sanitaire que nous traversons. Or, rappelons-nous qu’avant tout, nous sommes des êtres humains et nous disposons de toutes les ressources internes pour faire face à n’importe quelle situation, aussi délicate qu’elle puisse paraître. Une concentration, une prise de recul, et le cas échéant, un accompagnement par un expert, sont des atouts qui peuvent nous permettre de reprendre notre énergie. Tout est question d’organisation et de travail sur soi ! 


Les dix solutions à privilégier 

Dans sa déclaration au quotidien «Le Matin», Imane Hadouche invite les parents à arrêter de culpabiliser pour tout, et cesser de vouloir à tout prix réparer et rattraper les erreurs de leurs propres parents. Pour elle, avec un mode d’éducation équilibré, on peut anticiper et éviter le burnout parental, et pour cela :
 N’oubliez pas que vous êtes «le parent» et que vous devez le rester. Vous n’êtes pas les «ami(e)s» de votre enfant. Votre rôle c’est de l’encadrer, le rendre autonome, pour ensuite l’encourager à développer sa propre personnalité.
 Continuez à faire de votre mieux, mais protégez-vous en posant et en imposant des limites définies pour ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas.
 Cessez de chercher à être apprécié par votre enfant, car il vous aimera toujours. Toutefois, n’oubliez pas qu’il a lui-même besoin de repères pour être rassuré.
Établissez des règles de vie en famille qui peuvent être réadaptées selon l’évolution de l’enfant et selon son âge, en laissant de la place à la spontanéité de temps à autre.
Donnez toujours l’exemple en respectant vous-mêmes ces règles établies.
Installez des rituels et apprenez à cultiver les bonnes habitudes.
Aidez votre enfant à installer ses propres rituels et rappelez-vous que les bonnes habitudes s’apprennent très tôt : ranger ses affaires quand il rentre, prendre son goûter, faire ses devoirs et ses révisions…
 Une fois que les règles de vie sont établies, il faut les respecter et les faire respecter fermement. Il ne faut donc les revoir que lorsqu’elles deviennent non applicables suite à un changement.
Apprenez très vite à votre enfant que dans une relation équitable, chacun doit être respecté : s’il veut être écouté, il doit vous écouter aussi, s’il veut que l’on prenne en considération ses besoins, il doit à son tour prendre en considération ceux des personnes qui vivent avec lui…
Un parent, c’est aussi un éducateur, un encadrant, un coach, un guide… jouez votre rôle sans états d’âme, c’est uniquement comme ça que vous le préparez à vivre en s’adaptant. Mais surtout, arrêtez de vouloir être parfaits partout, dans tous les domaines, tous les jours. Votre vie n’est pas une story sur un réseau social. 

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