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Crise d’angoisse, un malaise à dompter !

Très souvent associées à la crainte de mourir ou à la peur de perdre le contrôle, les crises d’angoisse constituent une source de malaise pour plus d’un. En l’absence d’un bilan justifiant une pathologie fonctionnelle, les crises d’angoisse sont assimilées à des affections psychologiques. Pour les gérer, certaines personnes préfèrent recourir aux traitements médicamenteux, tandis que d’autres privilégient les méthodes de développement personnel.

Crise d’angoisse, un malaise à dompter !

La peur de mourir, de perdre le contrôle ou encore de développer des maladies chroniques… les crises d’angoisse déstabilisent. Elles peuvent arriver à tout un chacun et à tout moment avec des symptômes désagréables : une sensation d’étouffement, des mains moites, des palpitations cardiaques, des bouffées de chaleur, des frissons, des fourmillements et une transpiration accélérée. Ces symptômes physiques sont très souvent conjugués à une incapacité à réfléchir et à agir. La personne se sent ainsi paralysée en cherchant, coûte que coûte, à maîtriser la situation. Si elle est entourée d’autres individus, elle va tenter de fuir avant que les autres ne se rendent compte de son état. Le problème c’est qu’en cherchant à contrôler la situation, notamment par la fuite, le cerveau se met davantage dans un état d’alerte et la crise prend le dessus. Malheureusement, n’ayant pas compris cet état, les personnes sujettes aux crises d’angoisses risquent de finir par éviter le contact avec leur entourage, notamment professionnel. En témoigne, Lamiaa, cadre dans une banque : «J’ai commencé à avoir des crises d’angoisse il y a presque une année. Au début, j’ai cru que j’étais physiquement malade, et c’est ce qui m’a amenée à faire plusieurs analyses. À ma grande surprise, je n’avais rien de particulier. J’ai cherché sur internet et j’ai fini par comprendre que les symptômes observés sont similaires à ceux d’une crise d’angoisse. C’est très difficile à gérer, notamment quand je suis au travail. Cela m’arrive très souvent de chercher un prétexte pour quitter une réunion. D’ailleurs, j’ai même pensé à démissionner, mais j’ai juste après compris que ce n’était nullement une solution. Petit à petit, j’ai commencé à accepter la situation et à vivre avec ces crises». Effectivement, comme pour tout type de situations délicates, le premier pas pour s’en sortir est d’accepter la réalité telle qu’elle se présente avant de penser au deuxième pas qui consiste à réfléchir à un plan d’action et, le cas échéant, à se faire accompagner. Pour mieux comprendre ce sujet, nous avons fait appel à Imane Hadouche, master-coach et comportementaliste. L’experte définit la crise d’angoisse comme étant la manifestation physique d’un sentiment d’angoisse. En effet, ajoute-t-elle, au niveau de la programmation neurolinguistique (PNL) et des neurosciences ou même sur le plan psychologique, l’angoisse est une déformation de la réalité, une évaluation partielle subjective et irréaliste des situations. «C’est un état affectif, dérivé de la peur et de l’anxiété, mais plus complexe et plus violent qu’une émotion, puisque l’émotion a un déclencheur et un stimulus externe avec un début, un déroulement et une fin. Tandis que l’origine de l’angoisse reste vague et inconsistante», clarifie-t-elle. Et d’ajouter que si la disparition du danger suffit pour calmer la peur et l’anxiété, l’angoisse, elle, se développe et s’installe comme une humeur qui colore le vécu et le quotidien. Il convient également de souligner qu’une crise d’angoisse est très souvent confondue avec une crise de panique. Sur ce volet, Imane Hadouche note que la première constitue l’expression d’angoisse non gérée qui, elle-même, est liée à une peur non affrontée. La crise de panique, explique l’experte, est plutôt une crise d’angoisse amplifiée et physiquement plus violente et brutale, à tel point qu’on peut la confondre avec un infarctus. Globalement, l’angoisse est un conflit qui s’installe devant l’impossibilité de satisfaire simultanément les besoins de sécurité et de liberté, de protection et de création. En d’autres termes, c’est le reflet d’une ambivalence ingérable entre peur et désir, peur et colère, ou encore entre deux désirs contradictoires. Un travail sur soi s’impose ainsi pour bien gérer son angoisse. À défaut, cela deviendra un obstacle dans sa vie aussi bien professionnelle que personnelle.

Les différentes sources d’une crise d’angoisse…
L’origine directe de l’angoisse est vague et inconsistante. Le stimulus peut ainsi être externe ou interne. Cela dit, les différentes sources sont : Les distorsions ou déformations de la réalité et l’opposition entre deux parties de soi, l’une qui tente de se conformer pour être aimée et acceptée et l’autre qui cherche l’autonomie et l’expression de son vrai soi. On peut aussi citer les représentations mentales qui sont le fruit de notre cerveau limbique et du néocortex (alors que les émotions appartiennent à notre mémoire reptilienne). Une autre source, encore plus puissante, la mauvaise gestion émotionnelle des différentes peurs et anxiétés, et on peut identifier les modes de fonctionnements néfastes 
suivants :
• L’évitement : quand la personne utilise la fuite face à une émotion désagréable ou douloureuse. Ce qui est complètement inutile puisque ça finit par la rattraper et revenir amplifié de manière plus violente.
• Le déni : nier un sentiment ça revient à nier une partie de soi, ce qui déclenche un énorme malaise.
• La rumination : qui déclenche un cercle vicieux de mal-être général.
• L’amplification : quand la personne enchaîne dans sa tête des scénarios, les uns pires que les autres.
• L’accumulation : la personne qu’on appelle «le collectionneur» et qui accumule les différentes angoisses, sans les affronter pour autant, jusqu’à l’explosion inexpliquée lors d’une crise.
• Le racket : on appelle racket ou sentiment parasite, toute émotion vécue à la place de l’émotion réelle et plus profonde, qui reste dissimulée par notre inconscient, parce que jugée inappropriée. À titre d’exemple, pour éviter «la peur» jugée inappropriée et signe de faiblesse ou de lâcheté, notre inconscient peut la remplacer par «la colère». 


Comment anticiper et gérer une crise d’angoisse ?

Pour Imane Hadouche, le meilleur moyen pour anticiper une crise d’angoisse, c’est de traiter le sentiment d’angoisse et affronter la vraie peur à l’origine de cette construction psychologique. «Il est important de prendre conscience que les émotions et les ressentis, même les plus pénibles et les plus douloureux, sont porteurs d’un message, c’est un appel à la prise de décision et un appel à l’action», note-t-elle. Tout sentiment a dans le fond un message positif à nous délivrer. L’experte note ainsi quelques astuces à suivre :
• Écouter ses ressentis et les analyser afin de détecter leur message positif et leurs bonnes intentions dissimulées.
• Tirer les leçons nécessaires pour ne plus rejouer les mêmes scénarios.
• Identifier le besoin que cette angoisse cherche à nous révéler, et qu’elle nous appelle à satisfaire.
• Pratiquer la méditation consciente, ou le yoga pranayama (avec ses exercices de respiration) peuvent aider énormément.
• Avoir recours à l’hypnose pourrait aider à mieux identifier son propre schéma mental.
L’experte recommande d’être à l’écoute de ses émotions de manière instantanée et de les gérer sans évitement, afin d’éviter le cumul, qui déclencherait des crises d’angoisse, voire différents malaises et maladies psycho-symptomatiques. En effet, alerte-t-elle, la mauvaise gestion d’une angoisse et le cumul des émotions et sentiments contradictoires qui y sont inhérents, la font amplifier, jusqu’au moment où cela se déclenche sous forme de crises, physiques, et plus liées à une notion de danger et de survie.

La TCC, un appel à vivre dans l’instant présent

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est une des thérapies brèves recommandées pour la gestion des crises d’angoisse. Elle vise l’installation d’un nouveau comportement en élaborant des pensées positives et des réactions en adéquation avec la réalité au lieu des idées négatives et erronées que cultive l’individu sur lui-même et sur son aptitude à pouvoir réussir une action. D’après, Kawtar Kadiri, psychologue et psychothérapeute spécialisée en TCC, le point fort de cette thérapie c’est qu’elle «vise l’ici et le maintenant, sans pour autant chercher, dans un premier temps, à atteindre les profondeurs de la personne, contrairement à la thérapie psychanalytique qui prend en considération les expériences de l’enfance, mêmes très précoces». En effet, explique Kawtar Kadiri, dans le protocole de traitement dans le cadre d’une TCC, le thérapeute est partie prenante dans la thérapie, c’est un travail de co-construction avec le patient, qui vise à établir des objectifs pouvant l’aider à trouver son épanouissement et des relations interpersonnelles plus adaptées». À propos des limites de cette technique, l’experte note le risque d’un retour des symptômes liés à certains troubles après deux ans ou plus. «Les techniques que le patient apprend au cours du traitement devraient l’aider à mieux contrôler ses symptômes. Il est important que le patient continue à pratiquer les techniques TCC même lorsqu’il se sent mieux et en l’absence de symptômes», précise-t-elle.

Respirer… mais pas n’importe comment !

En cas d’une crise d’angoisse, une respiration particulière est recommandée. Baptisée «respiration carrée, il s’agit d’une technique de relaxation basée sur quatre temps : (1) Inspiration, (2) Rétention poumons pleins en bloquant le souffle, (3) Expiration, (4) Rétention poumons vides.
À noter que le temps de l’inspiration doit être égal à celui de l’expiration. Cette condition est indispensable pour le succès de la démarche de relaxation permettant de chasser l’angoisse.

 

 

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