Cinq ans après la publication de l’ouvrage collectif «Entreprises familiales, des paradoxes aux opportunités», Thami Ghorfi, président de l’ESCA École de Management, récidive avec un nouveau livre sur le même sujet, mais qui, cette fois-ci, jette la lumière sur un recoin peu exploré de ce type d’entreprises qui composent plus de 90% du tissu économique du Maroc.
N’empêche que ce n’est pas sans effort que celles-ci parviennent à se faire une place dans les postes de décision. Selon les auteurs de l’ouvrage, les femmes doivent se battre pour entrer dans la lumière et s’imposer auprès des hommes de leurs familles qui restent pour la plupart encore des modèles incontournables. Arrivées au sommet, elles gardent un attachement émotionnel fort à l’entreprise faisant d’elles des pivots indispensables de transmission des valeurs et de l’esprit d’entreprise à leurs propres enfants.
Les auteurs ont également constaté que ces femmes sont de plus en plus formées, éduquées pour reprendre et motivées pour le faire. Ils soulignent, en outre, que celles-ci «sont de moins en moins considérées comme des «repreneuses» par défaut (à la suite d’une crise, d’un décès brutal ou du refus d’un frère) et leurs rôles se formalisent au sein de l’entreprise».Par ailleurs, l’ouvrage démontre que l’entreprise familiale, en tant que structure d’entreprise la plus dominante au Maroc et dans le monde, peut se présenter comme un catalyseur pour l’emploi et le leadership féminin.C’est en effet l’un des principaux enseignements tirés de ce travail. «Grâce à des valeurs partagées et à une mise en confiance particulière pour les femmes, ce type d’entreprise peut s’avérer propice à l’emploi pour elles», assurent les auteurs.Des facteurs clés de succès
Le livre a permis, par ailleurs, d’identifier un certain nombre de facteurs clés de succès qui sont communs à toutes les femmes interviewées et qui leur ont permis d’arriver à des positions de leadership au sein des entreprises familiales qui, faut-il le rappeler, sont à forte dominance masculine et qui opèrent dans des secteurs «masculins».
Ces facteurs clés de succès ont été présentés par Dora Jurd de Girancourt lors d’une conférence organisée jeudi dernier en ligne par l’ESCA École de Management sur le thème «Leadership féminin et entreprise familiale : quels facteurs clés de succès ?»La chercheuse a ainsi cité six principaux éléments qui ressortent de ce travail de recherche et d’analyse, à savoir :• Toutes les femmes ont bénéficié de mentors, notamment de figures féminines fortes.• Elles ont bénéficié de l’appui des hommes de la famille, notamment du père, pour se faire une place dans l’entreprise et asseoir leur légitimité.• Elles ont toutes bénéficié d’une éducation paritaire et équilibrée.• Ces femmes, qui sont à la fois des épouses, des mères, des filles et des manageuses…, ont la particularité de pouvoir jongler avec différents rôles et identités, arrivent à les séparer et parviennent aussi à en tirer un bénéfice pour naviguer entre les différentes dimensions de l’entreprise familiales.• Elles endossent le rôle de «Chief Emotional Officer», une personne qui arrive naturellement à gérer les émotions et les conflits en milieu familial. Un rôle qu’elles ont réussi à transposer dans le milieu managérial.• Toutes ces femmes ont une vision très large de leur travail. Elles s’engagent à la fois par devoir et par attachement émotionnel à l’entreprise, ce qui donne un sens unique à leur travail. Celles-ci se sentent en effet investies d’une véritable mission qui va au-delà de l’entreprise et qui a une portée collective et presque sociale.À travers cet ouvrage, Dora Jurd de Girancourt et Thami Ghorfi souhaitent démontrer l’intérêt aujourd’hui d’encourager les femmes à prendre leur place dans l’entreprise et la société en général.Ils entendent également mettre en en avant l’intérêt de mieux connaître les entreprises familiales au Maroc et encourager les jeunes générations à entreprendre en famille et/ou à reprendre les rênes de l’entreprise familiale. Mais au-delà de ces objectifs, le livre se veut surtout une plaidoirie pour plus d’équité au sein des entreprises familiales marocaines.