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Le Matin : Tout d’abord, parlez-nous plus en détail de la circulaire du ministère relative à la mise à jour des contre-indications de la vaccination anti-Covid qui inclut la levée de l’interdiction du vaccin aux femmes enceintes et allaitantes.
Dr Tayeb Hamdi : La circulaire du ministère de la Santé du 26 juillet relative aux contre-indications de la vaccination anti-Covid a été publiée pour mettre au point et éclaircir les différentes contre-indications de la vaccination anti-Covid, à savoir les personnes souffrant de certaines allergies comme l’œdème de Quincke et le choc anaphylactique qui ne peuvent pas se faire vacciner pour le moment. Aussi sont exclues les personnes souffrant de maladies infectieuses avec de la fièvre qui se manifeste au moment du rendez-vous de la vaccination. Ces personnes doivent reporter de quelques jours leur rendez-vous, le temps de guérir. Mais le plus important dans cette circulaire c’est justement la levée de l’interdiction de vaccination pour les femmes enceintes et allaitantes. Donc désormais au Maroc cette catégorie de femmes peut se faire vacciner à partir du deuxième trimestre de la grossesse pour celles enceintes. C’est une décision qui a été prise après un long débat et surtout après une expérience au niveau mondial et des recommandations de plusieurs autorités médicales dans le monde.
Maintenant que les femmes enceintes et allaitantes peuvent se faire vacciner, dites-nous un peu comment cela se passe sur le terrain, est-ce qu’on commence à les recevoir au niveau des centres de vaccination ?
Les femmes allaitantes et les femmes enceintes à partir du deuxième trimestre se présentent au niveau des centres de vaccination et se font vacciner comme toutes les autres personnes. Mais comme l’autorisation n’a été donnée que récemment, il est encore tôt pour fournir des chiffres concernant cette catégorie.
Pourquoi les femmes enceintes et allaitantes n’étaient-elles pas autorisées à se faire vacciner alors que maintenant elles peuvent le faire sans problème ?
Il faut rappeler que les femmes enceintes et allaitantes n’étaient pas autorisées à se faire vacciner partout dans le monde à titre de précaution. Sur le plan médical, on sait que les vaccins ne posent aucun problème pour la femme allaitante et la femme enceinte, du moins pour les techniques du vaccin inactivé comme le Sinopharm, par exemple. Elles n’étaient donc pas autorisées à se faire vacciner, car elles n’étaient pas incluses dans les essais cliniques. Mais parallèlement à ces essais, il y a eu de nombreuses études qui étaient en cours de réalisation pour évaluer la possibilité de vacciner cette catégorie de femmes. Toutes ces études ont conclu que le vaccin ne posait aucun problème ni pour la femme enceinte ni pour la femme allaitante. Ensuite, on a commencé à recommander à ces femmes de se faire vacciner et on a demandé au médecin traitant, notamment aux États-Unis, de les vacciner au cas par cas passant en priorité celles qui ont des facteurs de risque telles que les femmes obèses et diabétiques... tout en leur expliquant que le risque de contracter la maladie était bien plus grave que celui de se faire vacciner.
D’après vous, pourquoi est-il important que cette catégorie de femmes se fasse vacciner ?
La catégorie des femmes enceintes n’était pas incluse non pas parce que le vaccin risquait de nuire à la femme ou à son bébé, mais surtout parce que cette catégorie de femmes n’était pas incluse dans les essais cliniques. Il a fallu du temps pour les préparer à cette décision, d’autant que la particularité de la grossesse fait qu’il y a beaucoup de sensibilité concernant la crainte pour la conception du bébé et son développement. On doit maintenant faire comprendre à ces femmes que les études ont montré l’innocuité du vaccin et qu’il est sûr pour cette catégorie de femmes. Elles doivent savoir que se faire vacciner est beaucoup mieux que de se faire contaminer, car la Covid représente de gros risques pour ces femmes et leurs fœtus. Ces femmes doivent respecter les gestes barrières et se protéger à travers la vaccination.
Est-ce que les trois vaccins disponibles actuellement au Maroc n’ont aucun effet secondaire ni sur les femmes enceintes et les femmes allaitantes ni sur leurs enfants ?
Les vaccins AstraZeneca sont actuellement en rupture de stock, et nous n’avons reçu que 300.000 doses du vaccin Johnson & Johnson ce qui ne représente pas une grande quantité. Donc le vaccin dont nous disposons actuellement pour les femmes enceintes et allaitantes est Sinopharm. Ce vaccin a été réalisé sur la base d’un virus inactivé, donc totalement inoffensif, pour ces femmes, contrairement aux vaccins faits sur la base de virus actifs qui représentent des contre-indications pour elles.
On savait pertinemment que si le vaccin Sinopharm prouvait son efficacité chez les adultes, hommes et femmes, ce serait également le cas chez les femmes enceintes et allaitantes. Sinopharm est donc le vaccin à conseiller pour ces femmes.
Et enfin, avez-vous une idée sur le déroulement de la vaccination des femmes enceintes et allaitantes au niveau mondial ?
Au niveau mondial, dès le démarrage de la vaccination, certains pays, comme les États-Unis, la Grande-Bretagne ou encore la France, ont commencé à vacciner les femmes enceintes et allaitantes qui présentaient des facteurs de risques. Ensuite, après la publication des résultats des études prouvant l’innocuité des vaccins pour cette catégorie, les autorités sanitaires dans le monde ont commencé à recommander à ces femmes de se faire vacciner, certaines même à partir du premier trimestre.
Actuellement, les femmes enceintes et allaitantes à travers le monde se font vacciner comme c’est devenu le cas dernièrement au Maroc. Malheureusement, le variant Delta a une virulence spéciale pour les femmes enceintes et avec la propagation de ce dernier, nous assisterons dans les prochaines semaines au niveau des services de réanimation à des cas de femmes enceintes touchées par ce virus, car elles n’ont pas eu la chance de se faire vacciner avant, ce qui présenterait des complications obstétricales et même vitales. J’espère que toutes les femmes vont se rendre rapidement aux centres de vaccination pour se protéger grâce aux vaccins dans les semaines à venir. Et comme on a besoin de quelques semaines pour être immunisé, je conseille à ces femmes le respect drastique des mesures barrières.
