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Les femmes victimes de discrimination même dans les couloirs de la mort !

Les femmes sont quotidiennement confrontées à de nombreuses injustices et discriminations. Elles ne sont pas épargnées, même lorsqu’elles sont dans le couloir de la mort. Contrairement aux hommes, les données concernant les femmes condamnées, exécutées, acquittées ou graciées sont toujours très rares.

Les femmes victimes de discrimination même dans les couloirs  de la mort !

Le monde entier a célébré, le 10 octobre, la dix-neuvième édition de la Journée mondiale de lutte contre la peine de mort consacrée cette année aux «Femmes condamnées à mort dont les histoires sont des réalités invisibles». À cette occasion, la Coalition marocaine contre la peine de mort et le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) ont organisé, jeudi dernier à Rabat, une rencontre dans l’objectif de relancer le plaidoyer pour l’abolition de la peine de mort. «La Journée mondiale de lutte contre la peine de mort est consacrée, cette année, aux femmes qui risquent d’être condamnées à mort, qui ont été condamnées à mort, qui ont été exécutées, ainsi qu’à celles qui ont été graciées ou reconnues innocentes. Le choix de ce thème est principalement motivé par le fait que les données sont rares, lorsqu’il s’agit de femmes condamnées à mort, exécutées, acquittées ou graciées. Les femmes souffrent de discrimination fondée sur le sexe même dans les condamnations et les conditions de détention», a déploré Amina Bouayach, la présidente du CNDH. Elle a, en outre, rappelé que selon les données disponibles en 2020, seize femmes ont été exécutées dans le monde et sept pays comptent au moins une femme condamnée à mort. Au Maroc, deux femmes sont condamnées à mort et une femme a bénéficié de la Grâce Royale au cours de l’année écoulée.

«Nous militons pour l’abolition universelle de la peine de mort, mais si on se penche sur la réalité des femmes condamnées à mort, on trouve des liens étroits avec des discriminations et des violences fondées sur le genre ou des stéréotypes et des préjugés qui stigmatisent les femmes et les exposent à une condamnation à mort sans considérer les circonstances atténuantes dont elles pourraient bénéficier», a affirmé, pour sa part, Nouzha Skalli, coordinatrice du Réseau des parlementaires contre la peine de mort. «Le faible nombre de ces femmes condamnées à mort ne doit pas nous empêcher d’accorder une importance particulière à leurs conditions de détention et de mettre en lumière les conditions difficiles dans lesquelles vivent les condamnés à mort d’une façon générale et d’élargir le mouvement sociétal en faveur de l’abolition de la peine de mort au mouvement féminin qui milite pour les droits humains des femmes, sachant que le droit à la vie est le droit premier de tous les êtres humains», a ajouté Nouzha Skalli. Cette dernière note que pas moins de 250 parlementaires ont signé le texte fondateur du Réseau des parlementaires contre la peine de mort grâce à son travail de mobilisation et de plaidoyer.

De son côté, Abdellatif Reffoua, président de l’Observatoire marocain des prisons (OMP), a affirmé que si le nombre de femmes condamnées à mort au Maroc ne dépasse pas deux, selon la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR), il est très important de tirer la sonnette d’alarme sur les cas de discrimination dont les femmes sont victimes et leurs conséquences sur la peine prononcée, soulignant que les discussions sur la question de l’abolition de la peine de mort nécessitent politiquement et socialement de trouver un équilibre entre la protection du droit à la vie et le maintien de l’ordre public.
Cette rencontre a été également une occasion pour interpeller le gouvernement afin de voter la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies relative au moratoire sur l’application de la peine de mort, dans la perspective de la ratification du deuxième Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Dans ce sens, Alessio Cappellani, chef adjoint de la Délégation de l’Union européenne (UE) au Maroc, a salué l’engagement fort de la société civile marocaine dans ses efforts et initiatives pour abolir la peine de mort, qui constitue une violation des droits humains, notamment le droit à la vie. «On ne peut qu’être fier de soutenir les initiatives de la société civile, qui est fortement impliquée dans cette bataille et qui milite pour répandre une culture abolitionniste chez les jeunes. La peine de mort n’est pas la solution. Il faut trouver d’autres moyens, notamment en mobilisant le secteur de la culture vu son rôle important dans le débat sociétal, et ce pour consolider les valeurs de la vie et des droits de l’Homme», a indiqué Alessio Cappellani. 


Sensibilisation à travers l’art et l’éducation

Dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre la peine de mort, le siège du CNDH abrite le vernissage d’une exposition couronnant la quatrième édition du Concours international d’affiches «Dessine l’abolition» destiné aux jeunes âgés de 14 à 20 ans du monde entier, organisé au profit des jeunes par le Réseau international d’éducation pour l’abolition de la peine de mort et de l’Association Ensemble contre la peine de mort (ECPM). Cette action vise à favoriser l’échange des bonnes pratiques et le développement d’outils pédagogiques collaboratifs à l’échelle internationale.
Une autre exposition regroupant les œuvres de 13 plasticiens marocains et intitulée «Le droit de vivre» a été inaugurée le 9 octobre dernier au MACMA (Musée d’art et de culture de Marrakech) et sera ouverte au public jusqu’au mois de février 2022. Le même jour, un ouvrage portant le même titre et édité à La Croisée des Chemins a été présenté au public à la Maison Denise Masson à Marrakech ; outre les reproductions des œuvres présentées dans l’exposition, ce livre reproduit des textes originaux de trente-sept écrivains et intellectuels marocains défendant l’abolition de cette peine inhumaine.
Par ailleurs, la rencontre de la Coalition marocaine contre la peine de mort et le CNDH a été marquée par la présentation d’un programme de sensibilisation, en partenariat avec des établissements scolaires, et les différents acteurs pour l’abolition de la peine de mort, qui ont insisté sur l’importance de sensibiliser les générations futures au niveau des établissements scolaires aux droits de l’Homme et notamment le droit à la vie.

 

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