Le défi de l’éducation par le sport
En plus de son attractivité, le sport est un puissant moteur d’éducation. En effet, le sport comme outil recèle de fortes potentialités et spécificités éducatives et sociales. Ce constat a été soulevé par l’Unesco qui appelle, dans le cadre des Objectifs de développement durable, à dynamiser les outils d’éducation en fonction des métamorphoses des sociétés. «Des formes dynamiques d’une éducation basée sur les valeurs par le sport peuvent être introduites dans les écoles afin d’encourager les enseignants à organiser l’enseignement scolaire de façon active et coopérative», indique l’organisation.
Cette approche est également défendue par Mohamed Amine Zariat, président fondateur de Tibu Maroc, qui estime que le sport doit être une vraie brique au niveau du nouveau modèle de développement des pays africains. C’est la meilleure manière d’inculquer les compétences de demain, dont la jeunesse a besoin pour prendre part activement au développement économique et social, de plus en plus complexe. «La force du sport peut contribuer à l’éducation des enfants, à libérer le potentiel des personnes à besoins spécifiques, à favoriser l’égalité des chances, à comprendre d’autres cultures, à mener une vie digne, à nous unir autour d’un continent fort sur le plan économique et social, fort par sa jeunesse, par ses femmes et par ses hommes», a-t-il souligné.Le sport peut enseigner des valeurs telles que l’équité, le travail d’équipe, l’égalité, la discipline, l’inclusion, la persévérance et le respect. Le sport a le pouvoir d’offrir un cadre universel pour l’apprentissage de valeurs, contribuant ainsi au développement des compétences personnelles nécessaires pour une citoyenneté responsable.L’insertion professionnelle par le sport
Au-delà du cadre scolaire, les valeurs acquises à travers le sport sont primordiales pour aider les jeunes dans la construction de leur projet professionnel. Beaucoup d’experts le confirment, les entreprises ont grandement besoin de compétences transversales ou soft skills, pour garantir leur performance. Ce sont justement ces aptitudes qui sont inculquées par le sport qui permet, notamment, de renforcer l’estime de soi, le sentiment d’appartenance, l’acceptation de l’altérité et donc la mixité, ou encore l’effet incitatif. Ces qualités humaines et comportementales sont aujourd’hui reconnues par les recruteurs comme étant des compétences professionnelles à part entière qu’il convient de développer. C’est dans ce même esprit que Tibu Maroc avait lancé, en juin 2019, l’initiative «Intilaqa», le premier programme d’insertion professionnelle et d’employabilité par le sport au Maroc et sur le continent africain. Ce programme s’adresse à des jeunes en situation de NEET (Neither in Education, Employment nor Training) qui représentent 29% des jeunes de la tranche d’âge 15-24 ans au Maroc. L’objectif initial de cette initiative étant de transmettre aux bénéficiaires les compétences nécessaires à occuper des postes liés en premier lieu au sport ou autour du sport. Ces mêmes compétences vont leur ouvrir la voie vers une carrière professionnelle diversifiée, mais également vers l’entrepreneuriat. Ce programme d’employabilité des jeunes par le sport se décline en trois axes distincts. Le premier, porte sur la formation en alternance et l’acquisition de compétences techniques et comportementales. Le deuxième axe se focalise sur l’expérience professionnelle dans les programmes d’éducation par le sport, alors que le dernier porte sur l’accompagnement des jeunes dans le processus d’insertion professionnelle, à travers des stages et des ateliers.
Pour mettre en avant sur cette initiative, Tibu Maroc s’est associée à une équipe de recherche du Laboratoire de recherche prospective en finance et gestion (LRFPG) de l’ENCG Casablanca. Objectif, présenter une lecture scientifique de l’initiative «Intilaqa». Cette étude, dévoilée dernièrement, démontre les enjeux de ce programme à la fois innovant et impactant, qui d’ailleurs a prouvé ses premiers résultats très positifs. L’idée aussi est de rendre compte de la force du sport pour créer des chemins de réussite sur le plan personnel et professionnel, avait indiqué M. Zariat.Le premier Sommet de l’éducation par le sport en Afrique du 3 au 6 avril
Ph. Saouri
Organisé par le ministère de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique et l’ONG Tibu Maroc, le premier Sommet de l’éducation par le sport en Afrique vise à placer le sport comme une nécessité institutionnelle et identitaire pour les pays émergents.
Prévu du 3 au 6 avril prochains au Maroc et dans plusieurs pays africains, ce sommet qui aura pour thème «Libérer le potentiel de la jeunesse africaine grâce à la force du sport» réunira l’ensemble des acteurs nationaux, régionaux et mondiaux qui participent de près ou de loin à la promotion et au développement du sport en tant que levier d’éducation, d’inclusion économique et sociale, d’égalité des chances et de développement durable.Prenant en compte le contexte sanitaire actuel, ce sommet adoptera un format hybride notamment par la mise en place d’une série d’activités qui se tiendront en présentiel et d’autres relayées à travers des plateformes de communication digitale configurées à cet effet. Plusieurs temps forts rythmeront ce sommet, notamment la plénière ministérielle le 3 avril 2021 à Rabat, avec la participation de ministres et ambassadeurs africains, des organisations internationales et des acteurs de l’écosystème. Le sommet verra aussi l’organisation du «S4D Grassroots» avec des ateliers favorisant l’atteinte des 17 Objectifs de développement durable qui auront lieu dans les 54 pays d’Afrique simultanément. Autre temps fort, le «Tibu STEM Festival», qui constitue une approche utilisant le sport comme levier d’apprentissage des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques auprès des jeunes. Au menu également, le «Sport Entrepreneurship Hackathon», où 40 jeunes (en situation de NEET, de la diaspora subsaharienne et des Marocains de retour) vont avoir une compétition pendant 72 heures pour proposer des idées et projets sportifs innovants amenant à trouver des solutions à des problématiques sociales et créatrices de la valeur économique.Tibu Maroc : carte de visite
Tibu Maroc est une ONG marocaine qui utilise la force du sport pour concevoir des solutions sociales et innovantes dans le domaine de l’éducation, de l’autonomisation et de l’inclusion socio-économique des jeunes par le sport. Fondée en 2011, Tibu Maroc est la principale organisation au Maroc dans l’éducation et l’insertion des jeunes à travers le sport. Tibu Maroc reconnaît que le pouvoir du sport offre une durabilité transformationnelle aux praticiens, enfants, jeunes, femmes et personnes ayant des besoins spécifiques, à savoir une meilleure santé, des communautés soudées, de plus grands accomplissements sportifs et une identité plus forte.
Ils ont déclaré
Saaïd Amzazi, ministre de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique
«Le sport ne se limite pas à un exercice physique, il constitue également une pratique sociale et culturelle porteuse de valeurs éducatives. À travers l’éducation par le sport, il s’agit d’atteindre des objectifs d’insertion, de citoyenneté, de vivre ensemble et d’équilibre psychologique. Ce Sommet africain constitue une opportunité pour consacrer le leadership de notre pays en la matière.»
Lawrence M. Randolph, consul des États-Unis au Maroc
«L’ambassade des États-Unis est ravie de s’associer à Tibu Maroc et au ministère de l’Éducation pour faire de ce sommet un succès. En particulier, nous avons parrainé la participation de six orateurs américains extraordinaires, allant d’un ancien joueur de la NBA qui utilise actuellement le sport pour engager les jeunes à risque, au PDG d’une entreprise qui combine le sport avec les STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) pour attirer l’attention des jeunes apprenants. Je suis persuadé que leur collaboration avec des éducateurs marocains talentueux et des leaders civiques mènera à de nouvelles initiatives et à de nouvelles idées des deux côtés.»
Mohamed Amine Zariat, Ashoka Fellow et président fondateur de l’ONG Tibu Maroc
«Alors que nous nous penchons sur l’avenir des jeunes et la construction d’un nouveau modèle de développement, nous devons nous doter également d’une vision ambitieuse quant à la manière dont nous pouvons tirer profit du pouvoir du sport afin de favoriser un esprit sain dans un corps sain chez tous. Le sport doit être une vraie brique au niveau du nouveau modèle de développement des pays africains, car il nous arme des compétences de demain dont notre jeunesse a besoin pour prendre activement part à nos sociétés de plus en plus complexes.»
Bernard Muselet, président de la Fondation Crédit du Maroc
«L’inclusion des jeunes est l’affaire de tous. C’est donc tout naturellement que Crédit du Maroc, en tant qu’acteur économique responsable et engagé auprès de son environnement, et en ligne avec les engagements de sa maison mère, associe sa Fondation à Tibu Maroc en parrainant le Hackathon sur l’entrepreneuriat sportif.»
Laurent Petrynka, président de la Fédération internationale du sport scolaire (ISF)
«Depuis plusieurs années, en partenariat avec nos membres, et particulièrement notre hôte pour ce Sommet, la Fédération marocaine du sport scolaire au sein du ministère de l’Éducation qui a accueilli, en 2018, les Gymnasiales, une première pour l’Afrique, et l’intégration de plus de vingt-cinq nouveaux pays africains en trois ans comme membre de l’ISF, nous pouvons contribuer à consolider le potentiel des jeunes vivant en Afrique.»
Naïma El Guermah, présidente de Women Sports Africa
«Investir dans l’éducation des jeunes en Afrique, par et avec le sport, est la certitude de construire pour demain un monde meilleur, avec une vision du genre et de la mixité bien ancrée.»
Luis Mora, représentant de l’UNFPA (Fonds des Nations unies pour la population) Maroc
«Nous travaillons sur des approches innovantes qui mettent en avant, à travers le sport, le leadership des jeunes filles et la promotion de la santé et le bien-être des adolescents et des jeunes.»