La montée des subventions au secteur agricole dans le monde inquiète l’Organisation des Nations unies (ONU). Pour y faire face, elle veut pousser les gouvernements à prendre des engagements multilatéraux afin de «repenser les subventions agricoles obsolètes, de mieux anticiper l’ère post-Covid-19, de s’engager en faveur d’une telle stratégie et de coordonner et contrôler sa mise en œuvre». Trois évènements qui auront lieu dans les semaines à venir devront permettre de servir cet objectif. Il s’agit du Sommet sur les systèmes alimentaires 2021 qui aura lieu jeudi prochain à New York, la Conférence de l’ONU sur la biodiversité qui se tiendra en Chine du 11 au 24 octobre 2021 et la COP 26 sur les changements climatiques, du 1er au 12 novembre 2021 à Glasgow (Royaume-Uni).
Et pour cause, selon un nouveau rapport de l’ONU, les subventions mondiales aux producteurs du secteur agricole s’élèvent à 540 milliards de dollars par an, soit 15% de la valeur totale de la production agricole. Cette situation devra s’accentuer, puisque ce montant devrait être multiplié par plus de trois pour atteindre 1.759 milliards de dollars à l’horizon 2030. Toutefois, 87% de ce soutien, soit environ 470 milliards de dollars, entraîne une distorsion des prix et est nuisible sur le plan environnemental et social, relève le rapport intitulé «A multi-billion-dollar opportunity : Repurposing agricultural support to transform food systems», publié par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).
Le rapport constate que le soutien actuel aux producteurs consiste essentiellement en des incitations par les prix, telles que les droits de douane à l’importation et les subventions à l’exportation, ainsi qu’en des subventions fiscales liées à la production d’un produit ou d’un intrant spécifique. Or, estime-t-il, «ces mesures sont inefficaces, faussent les prix des denrées alimentaires, nuisent à la santé des populations, dégradent l’environnement et sont souvent inéquitables, favorisant les grandes entreprises agroalimentaires au détriment des petits exploitants, dont une grande partie sont des femmes».
Pour remédier à cette situation, les auteurs du rapport appellent à la réorientation des incitations préjudiciables pour atteindre davantage d’objectifs de développement durable d’ici à 2030 et concrétiser la Décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes. «Reconfigurer le soutien aux producteurs agricoles, plutôt que de l’éliminer, contribuera à mettre fin à la pauvreté, à éradiquer la faim, à assurer la sécurité alimentaire, à améliorer la nutrition, à promouvoir l’agriculture durable, à favoriser la consommation et la production durables, à atténuer la crise climatique, à restaurer la nature, à limiter la pollution et à réduire les inégalités», conclut le rapport. Par ailleurs, si la majeure partie du soutien agricole actuel a des effets négatifs, le rapport note qu’environ 110 milliards de dollars sont dédiés au soutien des infrastructures, de la recherche et du développement, et profitent au secteur agricole en général.