Le Maroc et la mobilité des continents

À partir de la formation de la Pangée au Paléozoïque terminal, trois principaux événements successifs vont conditionner l’évolution de l’environnement géologique du Maroc, la formation de la chaîne Hercynienne, l’ouverture de l’Atlantique et la naissance de la Méditerranée.

a. La formation de la chaîne Hercynienne

L’orogenèse hercynienne, appelée «varisque», est un cycle orogénique paléozoïque qui a débuté au Dévonien et s’est terminé au Permien (420–298 millions d’années), formant la chaîne dite hercynienne sur laquelle se développe ensuite la chaîne des Alpes. Il est à rappeler que la croûte marocaine a subi d’autres cycles orogéniques qui ne seront pas abordés ici, notamment le cycle orogénique Panafricain-Cadomien, au Précambrien terminal qui correspond à la période de formation de reliefs datant (540 à 750 millions d’années).

Le cycle hercynien est responsable de la formation de chaînes de montagnes liée à la collision des deux supercontinents rapprochés qui ont formé la Pangée : Laurasia (Amérique du Nord + Asie + Europe) et le Gondwana (Afrique + Amérique du Sud + Inde + Antarctique). Ce cycle hercynien fait partie des chaînes paléozoïques péri-atlantiques. Cette chaîne hercynienne a laissé au Maroc, il y a 255 millions d’années (Ma) des traces de la Meseta occidentale et orientale, séparées par le Moyen Atlas. Le massif hercynien africain constitue sur le continent la continuité de la chaîne hercynienne d’Europe ; elle couvre une superficie de 8.500 km. La Meseta marocaine occidentale correspond aux Rehamna et Jebilet et le massif ancien du Haut Atlas de Marrakech. Et la Meseta orientale, ou Oranaise, correspond aux boutonnières dispersées et éloignées les unes des autres de faibles superficies (Midelt, Debdou-Mekam, Beni-Snassène, et Mougueur).

b. L’ouverture de l’Atlantique

L’océan Atlantique est l’un des cinq grands océans de la Terre formés suite à la mobilité des continents. L’ouverture de l’Océan Atlantique est liée à la dislocation de la Pangée. Dans une première phase, après l’orogenèse hercynienne, la fracturation de la Pangée commença à se produire il y a environ 180 millions d’années par le détachement entre Laurasia (Amérique du Nord et Eurasie) et le Gondwana (Amérique du Sud, Afrique, Arabie, Inde, Madagascar, Australie et Antarctique). Ce décrochement a engendré le début de l’ouverture de l’Atlantique lorsque l’Amérique du Nord se détacha de l’Afrique pour former l’Atlantique nord central. Une deuxième phase de rupture eut lieu il y a 160 Ma durant le Jurassique supérieur, lorsque le Gondwana se divisa lui-même en plusieurs blocs terrestres. Ce qui va amener progressivement à la séparation entre l’Afrique et l’Antarctique, puis de l’Amérique du Sud. Ce mouvement va dessiner au fur à mesure la position de nos continents actuels. Au début du Cénozoïque (66 millions d’années), les blocs Australien et la Nouvelle-Guinée se séparent graduellement en se dirigeant vers le nord tout en pivotant sur eux-mêmes. L’Inde entre en collision avec l’Asie il y a 45 millions d’années, forçant la croûte terrestre à se plisser et formant ainsi l’Himalaya. Il y a 15 millions d’années, la Nouvelle-Guinée entre en collision avec le sud de l’Asie et plus récemment l’Amérique du Sud s’est liée à l’Amérique du Nord.

Avant l’éparpillement de la Pangée, au Trias (251-201 Ma), la partie nord du Maroc entre Kénitra et Agadir était accolée à la Nouvelle-Écosse sur la côte orientale du Canada, alors que la partie saharienne était adjacente aux États-Unis. Cette disposition a été confirmée par la similitude des roches triasiques du Maroc et de l’Amérique du Nord. C’est pourquoi beaucoup des espèces fossiles de cette période découvertes au Maroc sont identiques à celles découvertes en Amérique du Nord ou au Canada. Aussi, des fossiles similaires de plantes et d’animaux terrestres datant de 240 à 260 millions d’années ont été découverts sur les mêmes territoires. Ce sont les traces réelles de cohabitation ancienne de ces espèces sur la même Terre ferme de la Pangée, ce qui est attractif pour renforcer la coopération scientifique entre le Maroc et les autres pays de l’autre côté de l’Atlantique.

c. La naissance de la Méditerranée

La naissance de la Méditerranée est liée à la disparition d’un ancien espace océanique nommé la Téthys. Après l’orogenèse hercynienne, l’origine de disparition de la mer Téthys a été déclenchée au Trias par le début du cycle alpin qui se développe depuis 250 Ma jusqu’à nos jours. Ce qui a engendré la formation des chaînes de montagnes alpines, il y a 80 millions d’années. Suite à la collision des plaques continentales africaine et européenne, il y a une quarantaine de millions d’années, la fermeture de la Téthys va donner naissance à l’ébauche de la Méditerranée actuelle. Celle-ci va se dessiner à partir de la fin de l’époque du Miocène et du début du Pliocène (23 à 5 millions d’années). Donc, c’est à la place de cet océan Téthys disparu qu’est née la Méditerranée. Le tracé de la chaîne alpine s’étend du Rif marocain, via les Alpes en France, l’Himalaya à l’Indonésie. L’histoire géologique du Maroc est donc liée à la naissance de la Méditerranée aussi bien qu’à celle de l’ouverture de l’Atlantique.

La Méditerranée a eu une influence réelle sur le développement de l’histoire des civilisations bien plus considérable que la Terre elle-même sur laquelle l’Homme a vécu, ce qui a influencé par son histoire géologique depuis le système Alpin l’aspect physique de la mer, et par sa géographie la destinée des populations méditerranéennes. Depuis la préhistoire, attirée par la fraîcheur de la mer, les premières civilisations primitives peuplaient l’est du bassin méditerranéen. Par la suite, l’évolution s’accélère et de multiples autres peuples vont se succéder autour de cette mer pour contribuer à forger une civilisation méditerranéenne riche et variée. La Méditerranée devient donc le berceau des civilisations et l’espace maritime des «grands foyers de l’intelligence humaine» du sud-est au nord-ouest du bassin.

De mon origine citoyenne, j’appartiens au sol du Maroc. De mes origines culturelles, je suis musulman, j’appartiens à la civilisation musulmane naissante au Moyen Âge. De mon appartenance à l’Humain, je suis lié à la Terre par une réaction chimique et à l’Univers par une réaction nucléaire, comme tous les autres êtres appartenant à une même Humanité. 

Abdessamad Senhaji Rhazi