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«Nous misons énormément sur la promotion de l’innovation et la valorisation de la recherche scientifique»

Convaincue du renouveau du système d’enseignement et de la recherche et de la nécessité de l’usage du numérique, l’Université Hassan II de Casablanca opère une transformation profonde, qui se traduit à travers plusieurs projets. Les détails.

«Nous misons énormément sur la promotion de l’innovation  et la valorisation de la recherche scientifique»

Le Matin : L’année universitaire 2021-2022 s’annonce pleine de défis. Quelles sont vos priorités pour la réussir ?
Aawatif Hayar
: Effectivement, c’est une année pleine de défis, la priorité est bien sûr la sécurité sanitaire de nos étudiants, de nos enseignants et administratifs, ainsi que tous les usagers des espaces universitaires. C’est pour cela que je trouve que la décision de reporter la rentrée au 1er octobre prochain est excellente, puisqu’elle permet de donner plus de temps pour que davantage d’étudiants soient vaccinés et donc de diminuer le risque de propagation du virus.
Dans ce contexte, le démarrage de l’année universitaire va être fort probablement via le mode hybride, avec des petits groupes, avant d’aller vers l’enseignement en présentiel. L’enjeu est de continuer à assurer la qualité de l’offre pédagogique pour les étudiants dans les meilleures conditions. Pour ce faire, nous avons mis en place des «Student Learning Centers», qui sont des espaces connectés avec des ordinateurs et un accès à la plateforme e-learning pour que les étudiants, qui n’ont pas les moyens d’avoir un ordinateur ou un accès à internet, puissent accéder aux cours. Ceci fait partie de la dimension inclusive de notre projet de développement de l’université.
Cette année, comme vous le savez, certaines universités lancent des filières Bachelor pilotes. Nous avons plusieurs filières qui ont été accréditées dans plusieurs établissements à accès ouvert. Donc, pour nous, c’est une priorité de réussir cette rentrée. Nous sommes actuellement en train de former les enseignants sur l’utilisation des plateformes de langue et de soft skills qui vont être ouvertes aux étudiants et aussi mettre en place plusieurs capsules vidéos pour expliquer aux étudiants comment accéder à ces plateformes, en plus d’autres innovations pédagogiques qui vont être mises en place pour assurer une rentrée réussie pour ce nouveau système d’enseignement.

Quel est selon vous le modèle à adopter par l’université pour améliorer son efficacité ?
Nous pensons que la transformation digitale est une nécessité pour améliorer la qualité de l’enseignement et de la recherche en général. C’est pour cette raison que nous l’avons placé comme priorité dans la stratégie de l’Université «5i» : i-gouvernance, innovation, insertion, internationalisation, inclusion. La transformation digitale va permettre d’améliorer l’offre d’enseignement avec l’enseignement à distance, qui va renforcer l’enseignement en présentiel et décongestionner les amphis, en offrant la possibilité de travailler en mode hybride. Il s’agit aussi de renforcer les indicateurs de performance qui vont être calculés automatiquement à partir des données issues des différentes plateformes. Ces indicateurs vont nous permettre d’identifier rapidement les points forts et faibles de nos différentes activités scientifiques, pédagogiques et administratives et les renforcer pour améliorer la performance de l’université.
L’inclusion des langues et des soft skills est également très importante pour nos étudiants. Parce que souvent ce qui leur manque, c’est justement ces capacités de développement personnel, de communication, de prise d’initiative et de leur capacité à développer des projets personnels. C’est pour cela que nous avons mis en place cette année des plateformes de soft skills avec des vidéos, des cours, des formations et des projets tutorés en ligne qui sont à accès libre et gratuit pour les étudiants, mais aussi des formations en présentiel sur notre plateforme d’insertion, entrepreneuriat et incubation. C’est fondamental que tous nos 125.000 étudiants puissent bénéficier de ces formations à l’entrepreneuriat, au leadership, à la prise d’initiative. Nous allons lancer d’ailleurs, comme l’année dernière, plusieurs appels à projets pour sélectionner les meilleurs projets qui vont être accompagnés cette fois-ci de plus près et pourront bénéficier des formations au niveau de la plateforme d’insertion, entrepreneuriat et incubation, ainsi qu’une période d’incubation et d’accompagnement jusqu’à la création de l’entreprise par les étudiants.

Comment booster la recherche scientifique pour la mettre au service de l’économie et la société ?
Nous misons énormément sur la promotion de l’innovation et la valorisation de la recherche scientifique. Nous avons beaucoup de chercheurs éminents dans les universités marocaines, mais souvent ils ne pensent pas à valoriser leurs travaux de recherche sous forme d’innovations ou d’inventions.
Ainsi, nous avons créé l’année dernière des cellules de montage de projets collaboratifs avec les partenaires socioéconomiques, ainsi qu’une cellule de propriété intellectuelle et brevets qui font le tour des laboratoires et centres de recherche pour identifier les idées qui pourraient être valorisées rapidement et intéresser les PME et TPE marocaines.
Ces cellules de montage de projets ont aussi comme mission de présenter les différents appels à projets lancés par notre ministère de tutelle, le CNRST et les différentes organisations nationales et internationales de recherche. Car, souvent les chercheurs ne sont pas au courant de ces appels à projets. L’idée est donc de présenter ces appels à projets aux chercheurs et les aider à monter les consortiums nécessaires pour candidater. Nous avons également mis en place des lignes budgétaires pour lancer des appels à projets de recherche en interne et également compléter le financement de certains projets sélectionnés dans le cadre d’appels à projets nationaux ou internationaux.
Dans ce sens, nous avons débloqué un soutien financier pour les projets sélectionnés dans le cadre de l’appel à projets Covid-19 lancé par le CNRST, ce qui a permis de développer des solutions innovantes pour lutter contre la pandémie, notamment le dépôt de brevet relatif au masque de protection en tissu multicouche, la transformation du masque de plongée en masque de protection renforcée pour le personnel de la santé et en respirateur de réanimation pour les malades atteints du virus, ainsi que d’autres projets en collaboration. Donc, c’est un ensemble de mécanismes pour promouvoir la valorisation de la recherche.
Par ailleurs, nous avons créé une cellule de recherche en virologie et immunologie qui fédère plusieurs chercheurs dans ce domaine. Certains de leurs travaux sont très avancés, notamment sur le développement de tests rapides contre les virus et actuellement nous nous inscrivons totalement dans le projet lancé par S.M. le Roi pour le lancement au Maroc d’une industrie pour la production de vaccins et de médicaments. Nous mettons toutes les ressources de l’université en termes d’infrastructures et de chercheurs au service de ce projet très important et visionnaire qui va permettre de développer une autonomie et une souveraineté sanitaire.
Nous avons également lancé le projet Smart Campus pour les plateformes de recherche qui vont permettre de fédérer plusieurs plateformes afin de les présenter aux partenaires socioéconomiques pour faire de la prestation de services ou pour faire des expériences. Le but étant d’ouvrir nos laboratoires et nos plateformes de recherche aux partenaires industriels et socioéconomiques pour que l’université puisse constituer une base de recherche et développement.

Aussi, nous avons mis en place le concept de «la Cité d’innovation distribuée», qui s’appuie sur plusieurs centres de transfert de technologie dans les différents campus. L’idée est d’accompagner les chercheurs pour qu’ils puissent entrer en contact avec des professionnels du monde socioéconomique, présenter les travaux de recherche et chercher des collaborations pour que ces projets puissent aboutir à des innovations, des inventions ou des produits qui pourraient intéresser les entreprises et être commercialisés ou qui pourraient constituer une longueur d’avance scientifique pour nos PME et TPE et renforcer leur compétitivité. n

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