Le Parti de la justice et du développement (PJD) vient d’élire, à travers une procédure qui lui est propre (ce sont les congressistes qui proposent les noms des candidats), une nouvelle direction dont la mission principale est de préparer le prochain congrès ordinaire, mais aussi de baliser le chemin pour sortir le parti d’une crise sans précédent, consécutive à sa défaite aux législatives du 8 septembre dernier. L’élection de la nouvelle direction a eu lieu lors du congrès extraordinaire tenu samedi, suivi d’une réunion des membres du conseil national qui ont élu les membres du nouveau secrétariat général dimanche. Ces élections marquent ainsi le retour en force de l’ancien chef du gouvernement Abdelilah Benkirane et de ses proches.
Pour rappel, M. Benkirane avait appelé les congressistes à ne pas approuver la proposition du secrétariat général sortant consistant à reporter la tenue du congrès ordinaire (voir www.lematin.ma). Un appel qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, puisque le congrès extraordinaire l’a cautionné, haut et fort. «En ce qui concerne mon refus du report du congrès ordinaire d’une année, je ne voulais pas exercer cette fonction sous la pression d’une année pour le congrès», nous a-t-il déclaré. Et d’ajouter : «le fait que je sois porté à la tête du parti est une réussite politique historique, même si je n’ai absolument pas d’intérêts personnels là-dedans. D’ailleurs, ce sont les congressistes qui proposent les candidats. Je leur avais fait part de ma position : si jamais vous acceptez ce qu’a proposé le secrétariat général, je ne serai plus concerné par la candidature. Ainsi, il y a eu des débats houleux lors du congrès extraordinaire. Certains ont tout fait pour que je ne sois pas élu secrétaire général. Mais la démocratie l’a emporté», nous a déclaré Abdelilah Benkirane suite à son élection avec une grande majorité de congressistes.
Réélu à la tête du PJD, quelle marge possède M. Benkirane pour sortir le parti de sa crise post-électorale ? Le nouveau chef du parti déclare ne pas avoir de réponse à cette question pour le moment, car il ne sait pas encore dans quelle situation se trouve sa formation politique. «J’avoue que pour l’instant, je ne sais pas de quoi il s’agit et personne ne connait la véritable situation dans laquelle se trouve le parti. Que ce soit en ce qui concerne l’état organisationnel ou psychologique du parti», affirme-t-il.
En attendant de définir ses priorités, le nouveau SG peut compter sur une équipe composée de noms réputés être proches de lui, qui ont été élus comme membres du nouveau secrétariat général, suite à la proposition d’une seule liste présentée par lui-même. Cette élection intervient après celle des premier et deuxième secrétaires généraux adjoints. Il s’agit, successivement, de Mohamed Moatassim et de Abdelaziz Omari, en plus de Abdelhak Larbi en tant que directeur général du parti. Parmi les membres du nouveau secrétariat général figurent Mustapha Khalfi, Habib Choubani, Amina Maa Laaynin, Nabil Cheikhi et Reda Benkhaldoun. Des noms qui viennent remplacer des «faucons du parti» tels que Mustapha Ramid, Slimane Amrani, Aziz Rabaah (même si sa fille intègre la nouvelle direction), Abdelkadar Amara, Najib Boulif et Lahcen Daoudi.À souligner toutefois que cette équipe reste une direction provisoire, comme que nous le confirme Abdelali Hamieddine. En effet, une nouvelle équipe avec un mandat de quatre ans sera élue lors du congrès ordinaire devant avoir lieu, statutairement, en décembre prochain. Mais c’est la nouvelle direction qui est habilitée à proposer la date et le lieu de la tenue de ce rendez-vous décisif.