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Le Policy Center for the New South fait le point

Le Policy Center for the New South fait le point
Nouzha Chekrouni.

Dans le cadre de sa publication «Questions à un expert», le Policy Center For The New South a partagé récemment un entretien réalisé avec Nouzha Chekrouni, Senior Fellow au Policy Center for the New South, ancienne ministre des Femmes et des affaires sociales et ancienne ministre chargée des MRE (Marocains résidant à l’étranger).

Intitulé «La Covid-19, la Moudawana et les défis persistants de la femme marocaine», cet interview a été l’occasion pour l’experte de rappeler qu’il est important de bien définir le statut de la femme qui est intimement lié à celui de la famille dont elle constitue l’épine dorsale. «En 2004, le Code de la famille est venu supplanter la Moudawana. Une réforme importante tant par les avancées juridiques qu’elle promouvait que par le processus démocratique enclenché sous l’Égide de S.M. le Roi Mohamed VI. La famille est l’espace qui concentre tous les référents identitaires et religieux, ainsi que les représentations culturelles. Si le droit positif régit la vie dans l’espace public, celui relatif au statut de la femme continue de s’inspirer de la Chari’a», a souligné Nouzha Chekrouni.

«Grâce à l’effort de jurisprudence pour une relecture éclairée des préceptes de l’Islam, le Maroc a réussi à inscrire des avancées notables dans ce nouveau code, dont les plus importantes sont une terminologie qui fait référence aux droits humains, la consécration de l’égalité en droits et devoirs entre les conjoints, la coresponsabilité au lieu de la domination masculine au sein du foyer, l’âge du mariage fixé à 18 ans pour les deux sexes, le recours aux tribunaux de famille pour accélérer les procédures judiciaires en cas de litiges, des conditions draconiennes imposées à la polygamie, notamment l’obtention de l’autorisation d’un juge, le droit à la répudiation ou au divorce sous contrôle judiciaire pour les deux conjoints, l’abolition de la tutelle matrimoniale pour le mariage des filles majeures», a-t-elle ajouté, précisant que si ces avancées juridiques sont indéniables, il n’en demeure pas moins que les écueils dans la mise en œuvre de ces dispositions ainsi que les résistances sociales fragilisent, voire compromettent ces acquis.

L’experte a également affirmé que la société marocaine se développe et se modernise et les femmes font partie des acteurs des changements positifs. «La Constitution de 2011 dans son article 19 a constitué un fondement clé dans l’instauration de l’égalité voire la parité entre les femmes et les hommes. Cependant, les études réalisées par les instances nationales et internationales révèlent la persistance de grands écarts entre les hommes et les femmes. On note le retard dans la mise en place de l’Autorité pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discriminations (APALD) ainsi que la question de la violence faite aux femmes qui continue d’avoir des retombées désastreuses sur les femmes et les enfants et qui est une atteinte grave à la dignité des femmes et des mesures de protection des femmes sont nécessaires», a indiqué Nouzha Chekrouni. Cette dernière a également souligné que le Code de la famille de 2004, après deux décennies d’application, a montré ses limites, notant qu’une révision cohérente est nécessaire afin de pallier les dysfonctionnements qui entravent l’égalité entre l’homme et la femme qui sont liés aux dispositions juridiques et à leur interprétation par les juges. «L’approche genre doit être à l’origine de toutes les politiques publiques afin de mettre fin aux inégalités sur les plans économique, social et culturel. L’éducation sur les droits des filles et des femmes ainsi que leur autonomisation doivent être érigées en priorité nationale. D’un autre côté, les femmes sont victimes de discriminations croisées. En effet, en plus de faire l’objet d’une discrimination sexuelle, les femmes œuvrant dans le secteur informel ne bénéficient d’aucune protection et celles en milieu rural subissent une précarité plus accentuée», déplore l’experte.

Dans le contexte de la crise de la Covid-19, les femmes ont été en première ligne du combat. Que ce soit dans le secteur médical ou éducatif, dans le domaine de la sûreté ou qu’il s’agisse des femmes au foyer, leur rôle a été déterminant et leur leadership reconnu. «La pandémie du coronavirus a touché les femmes plus sévèrement que les hommes, notamment dans le marché du travail en raison de leur vulnérabilité. Les femmes continuent d’être reléguées au second plan lorsqu’il s’agit des politiques publiques. Celles-ci sont reflétées dans la loi de Finances qui définit les priorités du gouvernement. Bien qu’un Centre d’excellence pour une budgétisation sensible au genre ait vu le jour en 2013, aucune action d’envergure pour réduire les inégalités n’a été menée», regrette Nouzha Chekrouni. «Dans ce sens, les recommandations du HCP (Haut-Commissariat au Plan) dans le dernier rapport qui pointe du doigt les inégalités frappantes dans le domaine du travail et de l’entrepreneuriat seraient susceptibles de remédier à cette situation qui n’est plus acceptable et pourraient amorcer un vrai processus afin que l’égalité des sexes ne reste plus un vœu pieux. 

 

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