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Ramadan : Des résolutions pour plus de performance professionnelle

Il est de coutume d’évoquer le terme «résolutions» en fin d’année professionnelle. Cependant, on le retrouve dans d’autres contextes, notamment la fin du Ramadan. Aussi étonnant que cela puisse paraître, les managers et les collaborateurs ont intérêt à capitaliser sur les bonnes résolutions ramadanesques pour plus de performance personnelle et surtout professionnelle. Veiller à ce que son alimentation soit équilibrée et saine, opter pour une bonne gestion du temps, «recycler» son énergie… ces recommandations d’experts pour bien vivre le mois sacré du Ramadan sont à pérenniser. Comment ? La réponse de Imane Hadouche, master-coach et comportementaliste.

Conseil : Quelles sont, d’après vous, les éventuelles résolutions ramadanesques sur lesquelles on peut capitaliser pour plus de performance professionnelle ?
Nous avons abordé plusieurs thématiques tout au long du mois sacré et je pense que les leçons les plus importantes à retenir sont :
• L’importance d’être proactif, d’anticiper, de programmer et de se préparer à tout événement pour mieux le traverser.
• La capacité à s’adapter aux situations avec flexibilité et tout en établissant des règles de vie et des valeurs partagées.
• La nécessité de surveiller notre consommation alimentaire et intellectuelle et la prise de conscience du fait que ce que nous consommons comme aliments, informations, idées et programmes peuvent affecter notre énergie.
• L’intérêt d’améliorer notre mode de vie, avec cette prise de conscience que nos mauvaises habitudes, nos addictions, la qualité de notre alimentation, de notre sommeil et de notre rythme de vie peuvent se refléter sur notre santé physique et mentale, mais aussi sur nos attitudes et comportements.
• La prise de conscience qu’il ne suffit pas d’avoir des compétences professionnelles pour réussir au travail. Un bon relationnel, un environnement bienveillant, mais surtout d’une bonne énergie sont tout aussi nécessaires.
• La nécessité d’équilibrer nos domaines de vie (personnel, santé, relationnel, bien-être…). Effectivement, le moindre déséquilibre dans un seul domaine va impérativement et fortement impacter les autres domaines.
• L’obligation de revoir notre manière d’occuper le temps, de le gérer, d’y prioriser nos objectifs et nos priorités et de l’investir de manière efficace dans des activités et avec des personnes qui nous assurent un retour sur investissement.

Pour les managers, quelles sont les bonnes résolutions à adopter ?
Pour les Managers, j’aimerais proposer «les niveaux logiques de Dilts» pour réviser et revoir leur «rôle» de Manager et leur «mission». La pyramide des niveaux logiques peut aller dans un sens ascendant et je propose ici de le faire dans le sens ascendant pour se questionner, mais aussi dans le sens descendant pour mettre en place des objectifs et des plans d’action. Les niveaux logiques sont comme suit :
• Environnement : c’est ce qui se passe autour de nous. En lien avec le mois sacré, le constat pourrait être «j’ai manqué d’autorité pendant le Ramadan».
• Comportement : Il s’agit là de notre manière de contribuer par nos attitudes et comportements à créer ou à maintenir une situation. Ici le constat pourrait être : « j’ai manqué d’autorité parce que je n’ai pas su imposer des limites et je n’ai pas exprimé ce qui me gênait».
• Capacités : c’est la compétence qu’on a besoin de développer pour ne plus vivre une situation. Le constat pourrait être : «j’ai besoin de retracer des limites, de développer mon assertivité, de me former en communication non violente...»
• Croyances et valeurs : ce sont les croyances liées à un système de valeurs et qui sont à l’origine de la situation. Le constat pourrait être : «la croyance derrière ce manque d’autorité, c’est que trop d’autorité mène au manque de respect pour les autres, et la valeur importante derrière est le respect de l’autre».
• Identité et mission : Il s’agit dans ce niveau de lier tous les autres niveaux à une mission qui donne sens. Mais il s’agit aussi d’intégrer nos différents rôles dans notre identité et l’assumer complètement. Ainsi, le constat pourrait être : «Je manque de fermeté dans mon rôle et ma mission de manager, mais aussi dans mon style de management. Il est important d’assumer cet aspect de mon rôle».
Une fois le mouvement ascendant fait dans ce sens, il faut poser une nouvelle mission et redescendre les niveaux en posant un objectif et un plan d’action.

Qu’en est-il pour les collaborateurs ?
Pour les équipes, je propose une autre pyramide, celle dite de Maslow, qui parle de la hiérarchie des besoins humains :
• Les besoins physiologiques : ce sont les besoins basiques, la faim, la soif… Cela dit, il est important de revoir les habitudes alimentaires, d’autant plus que pendant le jeûne, on prend conscience que le moindre déséquilibre peut affecter notre vie et notre productivité.
• Les besoins de sécurité : Cela concerne la sécurité de l’emploi et la stabilité des ressources. Mettons en lumière que «travailler» c’est finalement «vendre sa capacité de travail en échange d’une rémunération». Il est donc évident que notre «sécurité» au niveau de l’emploi et des ressources est liée à notre «capacité» physique et à notre santé. D’où l’importance de mener une vie saine et équilibrée et profiter du rythme du mois sacré pour maintenir une bonne hygiène de vie.
• Le besoin d’appartenance : c’est le besoin d’être intégré et accepté et surtout de se sentir soutenu dans un groupe ou une équipe. Pendant le Ramadan, on a forcément eu des moments de fatigue ou de baisse d’énergie, pour certains des moments de colère injustifiée, où nos collègues ont été là pour nous soutenir et nous aider. Il est important de savoir créer et maintenir un relationnel solide avec nos collègues en cherchant chez chacun ce que nous partageons au lieu de nous focaliser sur ce qui nous sépare.
• Le besoin de reconnaissance : c’est le besoin d’estime et de respect. Se rappeler ici des situations où l’on a pu faire preuve de bienveillance les uns envers les autres dans l’équipe et continuer à nourrir ces signes de reconnaissance. Commencer par donner ce que nous souhaitons recevoir en termes d’encouragements, de compliments et de soutien…
• Le besoin d’accomplissement : c’est la réalisation de soi. D’ailleurs, c’est quand nous travaillons sous stress, comme pendant le Ramadan, qu’on redécouvre le sens que le travail donne à notre vie. Puisque malgré les remous et le déséquilibre traversé, nous nous sentons accomplis dans notre travail. Il est recommandé ainsi de nous questionner par rapport à notre niveau d’accomplissement dans notre travail et prendre les décisions qui s’imposent, soit dans le sens d’une évolution de carrière ou dans le sens d’un changement de carrière.

Le mois sacré du Ramadan intervient, pour la deuxième année consécutive, dans des circonstances particulières liées à la pandémie. Qu’est-ce que pouvez-vous nous dire à ce propos ?
 L’humain a une capacité extraordinaire à s’adapter. Tout ce qui nous paraissait, il y a une année, pénible, impensable, stressant, angoissant… nous semble aujourd’hui complètement ordinaire. On a pu intégrer une nouvelle méthode de travail et nous y adapter, un nouveau mode de vie et nous y adapter, et même un nouveau code vestimentaire qui intègre aujourd’hui le masque comme une pièce de notre garde-robe. Dans ce sens, nous devrions nous rappeler que nous sommes capables de traverser tout ce qui nous semble complètement infranchissable au début, grâce à l’acceptation, la souplesse, l’adaptation et la résilience.

Propos recueillis par Nabila Bakkass

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