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RSE : Faire de la crise une opportunité... c’est important !

Dans un contexte d’incertitudes tel que celui dans lequel nous vivons actuellement, «les entreprises, qui mettent en œuvre des stratégies de durabilité, sont susceptibles de s’inscrire plus efficacement et plus longtemps dans un processus de création de valeur sociétale et de performance durable». La meilleure option économiquement acceptable dans ces conditions est «d’exploiter sa capacité de résilience pour affronter la crise et saisir l’opportunité de rebondir».

RSE : Faire de la crise une opportunité... c’est important !

Des multinationales à la PME en passant par les startups, les entreprises ont-elles fait preuve d’engagement et de solidarité sociale pour fédérer leurs partenaires ? La Responsabilité sociale des entreprises (RSE) est-elle une clé pour surmonter les effets de la crise sanitaire ? C’est bien autour de ces questions que se sont positionnés les projecteurs en cette période de crise. Il est clair que l’organisation responsable est celle qui prend en compte en plus de la dimension économique les deux autres dimensions sociale et environnementale. Aujourd’hui plus que jamais, la Covid-19 a démontré l’importance de cet enjeu permettant aux entreprises de survivre malgré l’invisibilité et l’incertitude économique qui planent dans le monde, notamment celui des affaires. Nombreuses sont les études qui ont démontré que le renforcement de la résilience à travers des gestes responsables est l’une des clés pour transformer la crise en opportunités.

À en croire Sanae Hanine, PhD, experte en communication, coach et formatrice en développement personnel qui a récemment déclaré au «Matin» : «Ce qu’il faut retenir c’est le fait qu’une opportunité réside au sein de toute difficulté. Les organisations résilientes arrivent à absorber les changements en s’adaptant toujours à leur rythme sans se laisser distancer ou à être dépassées. En se réinventant sans cesse, elles arrivent à transformer les crises en réussites. Lors des moments difficiles, deux choix se présentent à elles : se replier sur soi et laisser la crise prendre toute la place ou bien exploiter sa capacité de résilience pour l’affronter et saisir l’opportunité de rebondir». Et d’ajouter que «La résilience est à la base de toute continuité dans les organisations et en mettent en place une culture de résilience, ces dernières détiennent un avantage stratégique par rapport à leur environnement».

Pour les entreprises, l’enjeu est ni plus ni moins de se réinventer et d’emprunter la voie de la coopération et de l’engagement sociétal. De nouvelles méthodes managériales associant l’ensemble des partenaires en interne comme en externe (collaborateurs, clients, fournisseurs, société civile…) centrées sur les valeurs : collaboration, partage, respect, engagement, solidarité, confiance, transparence, satisfaction... sont fortement recommandées. Adil Cherkaoui, professeur universitaire à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales (FSJES) – Aïn Chock, consultant en RSE et membre permanent du Laboratoire de recherche Gecias, a été aussi clair dans ses propos recueillis récemment par «Le Matin». «La RSE représente une dynamique d’amélioration continue qui amène l’entreprise à se remettre en cause en se posant les bonnes questions. Elle la fait progresser sans cesse en l’amenant à réduire ses externalités négatives et à accroître celles positives. En effet, plusieurs études ont montré empiriquement que les entreprises, qui mettent en œuvre des stratégies de durabilité, sont susceptibles de s’inscrire plus efficacement et plus longtemps dans un processus de création de valeur sociétale et de performance durable. Il s’agit de créer de la valeur économique d’une manière qui profite aussi à la société, en répondant à ses besoins et ses défis», confirme-t-il.

Cette crise inédite est l’occasion appropriée pour les dirigeants d’entreprises de prendre du recul, de faire le bilan et, surtout, d’envisager avec intelligence le futur. Un plan d’action est nécessaire pour atteindre les objectifs qui devront être certainement partagés avec toutes les parties prenantes .

«Dans une période de très grande incertitude, les entreprises ont besoin de créer, voire de retrouver la confiance de leurs employés, de leurs clients et consommateurs, de leurs fournisseurs et donneurs d’ordre, c’est-à-dire de leurs «parties prenantes» («individus ou groupes ayant un intérêt dans les décisions ou activités d’une organisation» selon la norme ISO 26000)», estime François Fatoux, consultant et en expert en RSE. Rappelons à ce titre que la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) s’est engagée, depuis 2006, dans la promotion de la RSE au sein des entreprises marocaines. Cette charte, actualisée en date du 31 janvier 2017, est structurée en 9 axes d’engagement définissant chacun des objectifs de stratégie et de conduite managériale précis. Ces objectifs sont en phase avec les orientations et les lignes directrices de la norme ISO 26000 (voir graphe ci-dessous ). 


Entretien avec François Fatoux, consultant RSE

«C’est dans les périodes de rareté des ressources qu’ont émergé les grandes innovations technologiques, mais surtout environnementales et sociétales. Aux entreprises d’en saisir les opportunités !»

Management et Carrière : Comment établir une stratégie RSE en temps de crise ?

François Fatoux : La Covid re-questionne toutes les fonctions des entreprises et notamment les ressources humaines. Comment, en tant que DRH, gérer des suppressions d’emplois de manière responsable, sans discriminer certaines catégories comme les femmes ? Comment motiver et fidéliser ses employés confrontés à des problèmes dits «extraprofessionnels» : surendettement, transports, scolarité et garde des enfants, violences conjugales ? Comment prévenir des problèmes liés à des nouvelles pathologies de santé : dépressions, maladies chroniques (diabète, cancer…). Comment entretenir ce lien collectif entre les employés lorsque la plupart sont en télétravail et que l’on doit faire respecter les règles de distanciation sociale ?

Quel est l’impact de la RSE sur l’implication organisationnelle ?

Il est coutume de dire que seules les grandes entreprises (multinationales, entreprises publiques) peuvent conduire une politique de RSE, surtout quand elles sont dans une logique de croissance.

La RSE est perçue aujourd’hui au Maroc comme un outil de communication, pour améliorer l’image de marque et la réputation des entreprises auprès des consommateurs, des donneurs d’ordre. Dans les secteurs connaissant des pénuries de main-d’œuvre qualifiée comme les centres d’appel ou l’informatique, les entreprises ont recours au concept de RSE pour attirer les meilleurs talents.

Dans la mesure où en période de crise, les entreprises ont tendance à supprimer des emplois dans les fonctions dites «supports (ressources humaines, RSE, QSE, communication), soi-disant génératrices de coûts, et non de bénéfices, le risque est de voir un désengagement des entreprises dans le domaine de la RSE. Faut-il attendre que les entreprises se redressent économiquement pour retrouver toutes les vertus de la RSE ?

Pensez-vous que l’après Covid-19 sera un tournant pour la RSE ?

Dans une période de très grande incertitude , les entreprises ont besoin de créer, voire de regagner la confiance de leurs employés, de leurs clients et consommateurs, de leurs fournisseurs et donneurs d’ordre, c’est-à-dire de leurs «parties prenantes» («individus ou groupes ayant un intérêt dans les décisions ou activités d’une organisation» selon la norme ISO 26000). 


L’expert recommande

«Face à l’ensemble des enjeux auxquels notre planète doit faire face, symbolisés par les 17 Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU comme l’éducation, la santé, l’alimentation, l’égalité des sexes, l’accès à l’énergie et à l’eau, l’emploi, nous avons besoin de la mobilisation de tous les acteurs économiques.

Chacun doit trouver sa place, non dans une logique d’exclusivité ou à l’opposé de transfert de responsabilité. «C’est au gouvernement, aux collectivités, aux consommateurs, aux entreprises, aux employé(e)s, d’agir !» Nous devons dépasser le cap de la recherche de victimes expiatoires pour remettre à l’ordre du jour les valeurs d’engagement, de responsabilité, d’exemplarité, de transparence et de citoyenneté.

Dans l’histoire de l’humanité, ce sont dans les périodes de rareté des ressources qu’ont émergé les grandes innovations, technologiques, mais surtout environnementales et sociétales. Aux entreprises d’en saisir les opportunités ! »


Pour bien comprendre

La responsabilité sociétale est évidemment un atout considérable pour la performance de l’entreprise. C’est encore plus vrai en ces temps de crise sanitaire. Les entreprises sont dans l’obligation de se réinventer pour demeurer performantes. À ce titre, des questions s’imposent. Quelle définition donner aujourd’hui à la RSE ? Quel impact sur la performance de l’entreprise ? Peut-on dire qu’aujourd’hui il s’agit d’une nécessité, d’une démarche incontournable ? Quels sont les leviers pour promouvoir une approche RSE efficace et innovante ? Quelle comparaison peut-on faire entre le mécénat et la RSE ? Comment s’organise la mise en place d’une démarche RSE ? Quels apports de la responsabilité sociale sur la chaîne de valeur de l’entreprise ? Quel rôle des différentes parties prenantes dans la mise en œuvre de cette démarche ? Comment faire adhérer les collaborateurs pour une appropriation des démarches RSE ?... Ces questions et d’autres trouvent leurs réponses dans l’ouvrage «MBI 2020» du «Groupe Le Matin», dédié à la RSE au Maroc et destiné à accompagner de manière transversale les entreprises – tous secteurs confondus – dans leur transformation tout en saisissant les enjeux de la responsabilité sociétale pour relever le défi de demain.

Réalisé dans un cadre associatif et collaboratif, on y trouve tous les ingrédients pour bâtir des stratégies RSE responsables et durables à travers des best practices, des témoignages, des analyses… À travers cette publication, le groupe réitère son engagement en faveur de la promotion d’une économie génératrice de valeurs.

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